FRANÇOIS ET LES COUSIN(E)S

"[...] Mlle Eléonor a été un peu fâchée contre moi de ce que j'ai accompagné ses cousines à un ball public, & de ce que je vais me distraire quelquefois dans leur société de mes rêveries misanthropiques, que le caractère de nos cousins ne fait qu'augmenter, quand je vais m'ennuyer de leur maussade compagnie. Les deux familles sont à couteau tiré: c'est un crime pour Laurent de n'être qu'un chirurgien dentiste; un commerçant en gros rougit d'avoir un frère si vilement occupé; il ne se rappelle pas qu'il n'était lui-même qu'un très mince droguiste. Ils ont été jusqu'à me faire entendre qu'il est déshonorant pour moi de me présenter en public avec la femme et les filles d'un chirurgien. Je n'en ai fait ni plus ni moins; je continue à voir les deux familles l'une par goût, l'autre par bienséance, & ils se sont lassés de m'en parler[...]"

(François de Fossa , Barcelone 5 mars 1805. Lettre à sa soeur Thérèse Campagne, née Fossa).