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Met Barran
26 octobre 2008

IBRAHIM AU BAL

Fils du vice-roi d'Egypte Méhémet Ali, auquel il succéda en 1848, Ibrahim Pacha (1789-1848) ne profitera pas du pouvoir. Ibrahim connut le Roussillon, où il arriva  par mer, à Port-Vendres, le 5 décembre 1845 pour se rendre à Vernet- les- Bains, où il faisait bon farnienter et où l'on revivifie sa circulation sanbguine et reprend des couleurs aux soleils du Canigou. Du pied de cette montagne qui n'avait pas encore été qualifiée de fuji yama, il descendait , à l'occasion, jusqu'à la capitale départementale et ce Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, par chevaux de poste. Il vint ainsi à un bal costumé -la saison portait au Carnaval- pour beaux linges gradés, huppés et femmes des frous-frous de la haute. C'était chez de  la Castellane. Nous voici le 6 février 1846. Il est  très exactement onze heures du soir et qui voit-on  franchir l'entrée du bal? Ibrahim! Oui, en personne Ibrahim Pacha. Ce bal n'était pas le fruit de quelque imagination, il est bien rééel dans le Journal du Maréchal de la Castellane. (Une sacrée soirée, en somme sans Jean-Pierre Foucault). La plume du Maréchal glisse sur le parquet, suivons-là:   

            «  Mon bal costumé a été magnifique; à neuf heures, les salons étaient combles, il y avait cent dix femmes, beaucoup de jolies, au moins six cents personnes; sauf quarante deux habits noirs, pères ou maris de femmes, auxquels il avait bien fallu donner des exemptions, tous les hommes étaient en uniforme ou travestis; une musique dans la cour jouait à l'entrée de chaque femme, les salons étaient bien éclairés, il y avait des costumes charmants, hommes et femmes avaient rivalisé à cet égard. A onze heures du soir, étant à l'extrémité du salon, j'ai vu un grand mouvement; on criait: Ibrahim! Ibrahim! on applaudissait. Je l'ai aperçu alors, au milieu de la foule, marchant vers moi, et riant, et battant des mains. Son Altesse, à ma vue, a poussé un cri de joie; elle était suivie du docteur Lallemand et du jeune Nubar.

            Ibrahim Pacha était enchanté; il s'arrêtait pour contempler avec satisfaction les yeux expressifs des femmes du Midi. Un bal travesti était un spectacle nouveau pour le pacha; il était heureux de la joie causée par sa présence inattendue et des applaudissements dont il a été salué à son entrée; il jouissait de m'avoir surpris agréablement. »

On n'en saura cependant guère plus, si ce n'est qu'Ibrahim Pacha coucha en ville, à l'Hôtel de l'Europe (celui-là même où étaient descendus, en 1838, George Sand et Frédéric Chopin). Seul, en compagnie, le Journal est muet de ce côté-ci de l'alcôve.  L'hôte de la rue des Abreuvoirs remonta à Vernet le 7 février à "dix heures et demie". « En parcourant les jardins (de Perpignan), reprend le Journal,  en voyant la végétation vigoureuse "de nos orangers et de nos palmiers » il se serait écrié  « Je me crois au bord du Nil ». Peut-être pas tout à fait dégrisé le bel oriental avait du  porter la Basse à la hauteur de la Tet mais du Nil. Perpignan, oasis égyptienne? Personne encore ne nous l'avait faite.

Est-il encore présent dans les Pyrénées-Orientales quand s'ouvre à Perpignan, le 19 mars 1846, le procès des Trabucayres- bandits d'honneur et essorilleurs transpyrénéens? C'est une toute autre histoire, bien moins légère que celle-ci dessus à vous rapportée.

Extrait de "Histoire des bals costumés au XIXème siècle" de Michel Le Juillac de Corrèze, Editions Factices, 2007.

            

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