Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
8 février 2009

Quatre femmes et le soleil sont passés par Thuir

Il faisait un temps à ne pas mettre un orteil dehors...et pourtant la salle Jeantet-Violet à Thuir (Pyrénées-Orientales) était pleine de monde. Motif de ce rassemblement que n'avait pas dissuadé une nouvelle charge de l'hiver: une représentation de théâtre. "Quatre dones i el sol" de Jordi Pere Cerdà (Antoni Cayrol), l'oeuvre dramatique la plus connue de l'auteur dans une version française, l'original étant écrit en catalan. Ces "Quatre femmes et le soleil" ont fait ces vingt dernières années l'objet de plusieurs mises en scène, dans une ou l'autre des deux langues, de part et d'autre des Pyrénées, du côté des amateurs comme du côté des professionnels . Ce "huis clos" féminin qui fascine a été suivi avec une attention des plus remarquables par le public, où , pourquoi s'en étonnerait-on, la gent féminine de divers âges n'était pas la moins représentée. Ce n'était pas le grand confort des théâtres qui se veulent sans reproche, mais en dépit de légères incommodités thermiques, acoustiques et des dictions dont l'audibilité  fut soumise à l'épreuve d'une impétuosité d'un vent gavroche sous la toiture, ou  d'une sirène (d'alarme publique) qui se déclencha et siffla jusqu'à plus mais, sans nulle panique provoquer, le public était conquis. Comme subjugué. Agréablement surpris aussi de découvrir une telle pièce, un tel dramaturge si près de chez lui. Il appréciait le jeu croisé des solitudes -deux clouées à la terre et deux éprises d'autres soleils. Maisonnée et traintrain quotidien, vie  subie en vert-de-gris de  cette vallée, avare d'hommes, de rencontres et de libertés. La dynamique de la pièce: une savante et progressive levée de voile sur amertumes, hontes, révoltes, frustrations, jalousies, audaces et culpabilités. Désirs printaniers et pulsions qui gagnent le corps des jeunes femmes jusqu'au tourments. Terribles secrets qui ne veulent ni ne peuvent s'éteindre chez celles qui l'ont été. Marie Fornos (Margarida), Laura Jimenez (Adriana), Habiba de Simone (Bepa), Martine Mateu (Vicenta) sont convaincantes. Leurs hésitations même  plaident en faveur de leur sincérité. Quatre femmes avec les différences d'âge et d'état-civild'état-civil  qui permettent à l'auteur l'exploration, sur un très large clavier, des notes et des timbres des psychologies et des imaginaires féminins. Quatre personnages -on y croit bien qu'ils s'enracinent dans une société rurale du mitan du siècle passé- servis par quatre comédiennes  "très engagées" dans les rôles, aussi assurées dans les silences que dans les férocités des aveux, ravies -leur amour du jeu était palpable-de vivre des situations aussi exceptionnelles, des dialogues aussi denses, et de le faire dans cette langue dont la bonne santé poétique et la sensualité s'imposent à toutes et à tous. Les nombreux rappels à la fin du quatrième acte -"Quatre dones i el sol" n'est pas une pochade de boulevard-ontboulevard-ont signé la réussite de cette représentation, mise en scène par Philippe Coulange pour la Cie Les Beaux Masques de Thuir. Le théâtre amateur se porte bien...puisqu'il fait fondre la neige et reculer l'hiver.

Muriel et Yves Nérac

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité