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Met Barran
11 mars 2009

GARE DE PERPIGNAN: 4 mai 1959 avec Duchamp

Gageons que cette date ne sera pas commémorée. Elle ne figure pas dans l'argus des oficialités. Ce serait pourtant l'occcasion d'un beau cinquantenaire pour tous les peuples du non-art, et des courants dada-situationnistes. Car, tout de même, Marcel Duchamp -c'est de lui dont il s'agit- a été l'un des grands ouvreurs de nouveaux espaces aristiques (Ben n'est pas le seul à le dire encore) et puis il est injuste de réduire au seul Salvador Dalí la grande prêtrise de la gare de Perpignan, du centre du monde, du centre de l'univers, en utilisant toutes les échasses de la mégalomanie. Que Dalí ait oint la dite gare nul ne le contestera? Mais c'était en...1965 et il le fit à grand renfort de peinture et de mysticité. Duchamp, chronologie oblige, l'avait précédé et c'était en...1959 d'une façon bien plus modeste et économe, par l'envoi...d'un simple mais énigmatique télégramme: "Je fais sous moi/ Marcel Duchamp". Ce télégramme est daté très exactement du 4 mai 1959. Il est adressé à Robert Lebel, son ami intime et son premier biographe. Destination Paris. Voici ce que rapporte, dans une interview Jean-Jacques Lebel, fils de Robert Lebel (Le Monde.fr: Jean-Jacques Lebel, un artiste fulminant-19-06-03) "En 1959, Marcel fait à Paris son premier et unique one man show en France. Mon père a écrit à tous les musées; pas de réponse. Aux galeries; pas de réponse. Résultat: Duchamp a exposé dans une librairie à La Hune. Il y avait une dizaine de pièces. Il n'en a pas vendu une seule, pas une. A New York, ça serait passé autrement, mais ici! Du reste, il le savait si bien qu'il n'était pas venu au vernissage: il a envoyé un télégramme depuis la gare de Perpignan-oui, la gare de Perpignan, celle de Dalí. Le télégramme, c'était: "Je fais sous moi". Jean-Jacques Lebel a évoqué ailleurs cette enigme du je fais sous moi. Voici comment, il en parle: "Le haïku télégraphique envoyé à la librairie-galerie La Hune, en 1959, à l'occasion de l'expo-signature du livre* à lui consacré ne doit pas être interprété de façon simpliste, comme vulgaire sarcasme dénigrant la futilité du vernissage et le trac de l'exposant. Ce je fais sous moi est une métaphore excrémentielle qui fait allusion, aussi, à un processus de production et à un sous-produit, de même qu'à un plaisir ravissant éprouvé tant par le producteur ("l'artiste") que par le consommateur ("le regardeur"). D'ailleurs si Marcel avait eu un blason, ce message télégraphique y aurait fait aussi bonne figure que " Honni soit qui mal y pense" ou "Fluctuat nec mergitur" (Jean-Jacques Lebel. Avec Marcel Duchamp, LHOOQ, in revue Chimères, n°25). L' ami à qui je faisais part de cette anecote qu'il ne trouvait d'ailleurs guère essentielle pour mieux connaître l'histoire d'art locale et mondiale m'a souri en me soufflant ceci: puisque tu t'intéresses à des futilités de ce style pour quoi ne pas imaginer une grande banderole accrochée sur la façade de notre gare avec en lettres citron sur fond ocre, cette devise-devinette: JE FAIS SOUS MOI. Pourquoi pas, en effet! Manifestement, il n'en croyait rien, de ce que je lui contais, et je l'invitais à se procurer le catalogue de l'exposition "Masculin féminin, le sexe de l'art" (1995) pour le vérifier. Il  devait bien en exister un exemplaire sur les rayons de l'Ecole d'Art de Perpignan.

*Il s'agissait de "Eau et gaz à tous les étages, Marcel Duchamp"].

XXX

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Commentaires
S
En effet, rien à dire, c'est de l'Histoire.<br /> <br /> Et en plus, internet (Google) m'apprend qu'il existe une RUE MARCEL DUCHAMP à Perpignan, rue certes modeste, dans la quartier des peintres, loin du Centre du Monde,mais tout de même, elle existe !
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Met Barran
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