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Met Barran
1 février 2011

M. L. de Perpignan

Vitrail: Art et Monument. Architecture. Art du Feu. Art de la Lumière.

Le verre, les plombs (résille), les émaux. Un grand OUI, venu du coeur, de la raison et du regard. Mais résistance aux nouveaux matériaux, un  non à la dalle de verre.

Patrimoine et Création contemporaine. Du contemporain, au service de la restauration. Il n'y a pas que le vieux qui fait moderne.

M.L. de Perpignan.

Son atelier: Rue Paulin Testory. Plutôt spacieux et lumineux. Un espace de création vivante...face au long mur d'un cimetière. Des plans, des patrons comme dans un atelier de couturière. Des verrières en constitution. Et de garde, mais en laisse, une imposante chienne mais plus sphinx que cerbère.

Un atelier toujours baigné de radio (règne du transistor). Paroles et Musique. France Culture, France Musique. Bien plus qu'une simple ambiance, un privilège d'âme. Elle baisse sa voix, quand quelqu'un se montre à la porte et pénètre dans l'atelier. Elle ne se tait pas, ce quelqu'un soit-il ami ou client. Elle ne s'éteint, qu'en fin de journée.

L'accueil y est toujours cordial, joyeux, spirituel. Sensibilité, intelligence. L'échange s'y fait au niveau des sincérités: exigence et probité. L'humour y est la clef d'or d'une convivialité sans tapes sur le dos...

C'est Perpignan. L'appartement au 6 ou 7 ème étage de la Résidence. L'étroit ascenseur qui y permet d'accéder.  C'est Puigvalador (en Capcir). Cette petite maison dans la neige, le feu de bois dans la maison. Et non loin, au printemps, coule une petite rivière. Partout, quelle que soit la saison, et le décor urbain ou rural, le pain et la bouteille de l'amitié sont sur la table. Quelquefois un "demi" presque clandestin pris, entre deux courses, à la terrasse du "Café de France", place de la Loge, ou de La Source, au pied du platane plus que centenaire,  ou encore sur le comptoir du "Lambada" du boulevard des Pyrénées.

Amitié rare, exceptionnelle. L'opportunisme n'est pas l'enseigne de la maison de Maurice et Janina. Elle se mérite dans le respect, l'admiration et la fidélité. Champagne pétillant.

Des noms, des proches: Manolo Valiente, le sculpteur et poète, Georges Dunyach, le dessinateur Jordi, Pierre Ponsich, l'historien, Lucien Bayrou, l'architecte et quelques autres. Je suis de ces derniers.

Travail. Le couple pour lui sillonne tout le département pour prendre des mesures, pour le poser. Généralement dans des monuments religieux, et dans une moindre mesure dans des villas de particuliers.

Détente. Lieux divers, emblématiques. Collioure, ses Templiers, sa mythique Cova. Perpignan, le Sant Vicens des Arts, Saint-Michel de Cuixa et son grand festival Casals (interdit d'en manquer un seul concert!). Et, naturellement, les galeries d'art. ici, à Paris et ailleurs, au fil des voyages. Avec sans jamais y déroger une prévention contre les snobs.

C'est sous le signe de l'art et pour le quotidien L'Indépendant qui me confiait quelquefois la couverture d'évènements locaux que j'ai fait la connaissance de M.L. et de J. Nous eûmes des relations que l'on peut qualifier d'amicales même si elles ne se concrétisèrent jamais dans le tutoiement.

Reconnaissance de dettes? -Oui! Pour ce que M.L. m'a appris de son métier, de ses techniques, de ses enjeux culturels et économiques, voire politiques. Tout l'art du vitrail: ses écoles, ses crises et ses dérives. Pour ce que M.L. et J. la rousse (aussi présente que la Dominique de Paul Eluard) m'ont communiqué une parcelle de leur esprit parisien "Rive Gauche". Né à Perpignan, M. monta comme tant d'autres à Paris, puis revint chez lui "empli de modernités".  Cette rayonnante et germanopratine culture jazz, ce coffre-fort classique mais renouvelé par un Pierre Boulez, trésor toujours ouvert à qui voulait en partager quelques uns de ses plus beaux joyaux. Cette flamme d'enthousiasme quand M.L. parlait de Léo Ferré ou de Serge Gainsbourg, le poète compositeur, qu'il m'apprit réellement à écouter, au-delà de l'Eau à la bouche: c'était l'époque de Melody Nelson et de ce magnifique 33 trs, l'un des plus touchants cadeaux que l'on m'ait jamais faits.

M.L. aura été pour moi "un passant considérable". Par l'honnêteté de tous ses engagements. Par sa citoyenneté éclairée et humaniste. (Il aimait son pays mais dégagé de l'ornière du chauvinisme). Et, j'ajouterais, en empruntant ici à Léon Tolstoï, après avoir emprunté à Octavio Paz, par "une spiritualité sans religion" qui était certainement le trait qui nous rapprochait le plus.

M.L. fut une grande personne seconde par une autre grande personne que je salue ici. Il fut appelé dans les hauts pays de la Baltique pour y parler de son art lors même que les institutions de son pays avaient peine à l'entrevoir, le classant dans un artisanat ordinaire, en voie d'extinction et le laissant "s'expatrier" à Ille- sur- Têt, où il a passé les dernières années de sa vie.

Cet après-midi, j'ai voulu me rappeler Maurice Lerner, Peintre et Maître-Verrier, qui nous a quittés en septembre 2008. Un rappel (par l'un des carreaux de sa petite paire de lunettes) parce qu'il a compté pour moi: affectivement et intellectuellement. Parce qu'il nous a laissé en héritage à tous une oeuvre dispersée dans autant d'écrins que sont les églises et les chapelles du département des Pyrénées-Orientales. Une oeuvre à découvrir, magnifique et nécessaire, discrète et symbolique.

De cette époque où le travail fait main n'avait pas cédé tous ses droits au kit!

xxx

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