Croisière muiscale avec l'amiral Raph Dumas

Une splendide croisière de sons

« Avec eux  le Canigou danse et s’envole comme une montgolfière. » Non, ce n’est pas de la blague, mais un propos entendu à la sortie de la salle des Fêtes des Fêtes samedi soir! Raph Dumas & The Primavéras cadeau concert de la Sant Jordi 2011 à Bages des P.O. venaient de se produire. Une splendide croisière par rivières, lacs et océans sonores. Splendide croisière. Une heure trente non stop : pourquoi, d’ailleurs, apaiser le feu quand il est dans les corps et que l’on a des ailes pour chasser toute mauvaise flamme. On ne mégote pas chez ces jeunes-là  sur la qualité des matériaux! Quant on y taille, le son, c’est dans un style haute couture high tech. Quand on y tisse les sons c’est de la haute lisse, celle des tapisseries. Rien de mieux pour désembourgeoiser notre tête, nos yeux et nos oreilles de bons cathodiques et vidéo-chrétiens, ou les préparer à des aventures encore plus exploratrices. De la beauté concrète. Entendons-nous bien : ce ne sont pas des faiseurs de bouquets pour anniversaires loupés. Leurs fleurs, nées… de la machine, des  instruments (trompette, tenora, saxo, bass, batterie), ou des lèvres des chanteurs rappellent l’orgueil des fleurs sauvages. Elles ne sont pas cultivées en batterie. Allez, envoyez, et écoutez-moi ces indépendantes : coquelicots, iris, genêt…Ces artistes ne sont pas des fabricants d’oreillers pour ronfleurs anonymes. Ce sont des architectes paysagistes  mais qui ne livre pas des ces paysages décoratifs qu'on sniffe ou mâchonne pour passer le temps… Ils nous introduisent dans un univers qui n’est ni celui du dépôt de gerbes ni du lancer de pierres. La vie qui court qui arrache, déchire, exalte, apeure, apaise, réjouit. Des paysages dévorants (comme il y a des plantes dévorantes) qui prennent, enveloppent (on bouge l’épaule, on tape du  pied, on frappe des mains- et vous accompagnent –c’est vrai, ils vont vite et il faut suivre- passant du mieux au meilleur, sans jamais rétrograder. Mais le public ne serait pas conquis et « colonisé » si, devant lui, sur scène, il n’y avait pas une incroyable fête scénique, visuelle et colorée qui se déroulait: jouer ensemble, se parler à travers des chorus, se séparer sur de brefs silences, repartir en conversation de plus belle, et  vivre de précieux instants par temps infernal de tempête ou un temps faussement paradisiaque d’accalmie.  Corps épris par le bonheur d’être et de faire ensemble, clef de la solidité du groupe et de son efficacité artistique en live.  On voyait circuler ce bonheur de société d’un musicien à l’autre, du couple de chanteurs aux musiciens et de la scène à la salle et de la salle à la scène. A la barre, à la fois et amiral (par sa technicité), et matelot (par son humilité)  Raph Dumas, Sir Computer. Il règle et alimente en or électronique la banque des sons…Dompteur de lions et de chevaux. Loup des mers et des steppes. Magicien du temps : il le fonde, l’accélère, le réduit...Orfèvre du long poème sonore de la Sant Jordi à Bages des P.O.  Poème privilège, puisque Raph Dumas & The Primavéras s’y montraient pour la première fois dans un tout nouveau programme de compositions originales. La ville de Bages est entrée samedi soir dans l’histoire de la scène électronique régionale. On a même cru y entendre que l’on y évoquait « Catalunya » en anglais, et que « Montanyes del Canigó » via l’ordinateur était une mélodie ragaillardie.

Jim Aqueducs Riberette

(merci pour l'hospitalité)

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