Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
30 avril 2011

Loin des tambouilles avec PERET

 

Ne jamais désespérer. Peret était enfin à Perpignan vendredi dernier. Un 29 avril Evénement. Saint-Jacques Royaume Rumbero. Le monument vivant de la culture gitane et de la rumba catalane s’était déplacé de Barcelone à Perpignan qui avait paru à des années-lumière. Peret –et non Perret- à Perpignan c’est un peu le Stravinsky de l’ancien temps de passage mémorable à Barcelone.  Mais ce n’était pas pour…un concert. SEULEMENT pour une master-class. La salle de la casa Musicale était archicomble et…familiale. Attente festive. Une master-class digne d’une grande universitaire populaire. Destinée non seulement à des apprentis musiciens mais à une communauté, à de très larges publics, aimant la musique, la guitare et le chant.  On était venu pour quelques uns pour un spectacle. Un peu frustrés de voir que le maître sur scène, entouré de ses deux chanteuses (des nièces) et de deux guitaristes (des neveux), s’exprimait en catalan et entrecoupait ses explications en chantant principalement en castillan. Il fallait donc être plus attentif. D’autant que le fondateur-mémoire de la rumba catalane tint aussitôt à poser de jolis points sur les i. Indiquant ce que n’était pas la rumba catalane : ni de la rumba cubaine ni de la rumba flamenca. Et marquant par quelques signes ce qu’elle était spécifiquement. Dans la  manière de jouer de la guitare avec le secret du « ventilador», de discipliner les « palmas », ou de  faire disparaître pratiquement les « aï/aï » de la sœur flamenca. Sans long discours emberlificoté. Des détails précis, illustratifs, éclairés par des couplets de chansons ou des chansons entières de sa propre composition. Peret, l’artiste complet : musicien auteur-compositeur-interprète. Donnant de la voix en kalo ("Chavi "), en castillan et en catalan, tendresse et feu dans les trois langues.  Il a ce « temperament », ce « compás »  qu’il loue comme étant les vertus cardinales de la personnalité gitane. Durant son voyage pédagogique, il rend hommage dans la chanson « el mig amic » à son père (qu’il suivait, enfant,  sur le marché de Vic), « enredando por aquí, enredando por allà », il fait un salut à Joan Manuel Serrat (l’a-t-on jamais vu, cet autre  génie-là,  sur une scène nordcatalane ?) et déclame le pourquoi de son engagement et son éthique de l’art, art passion et profession. L’homme est simple, direct, amical, familier. Préoccupé de quotidien, d’ « escudella et de carn d’olla ».  Il manie l’humour -et l’ironie- à des fins culturelles de rassemblement et de dignité. Peret, du haut du prestige de ses 76 ans, disques et tournées, fait même la leçon aux parents, prenant le parti des « gitanets et gitanetes ». Vers la fin de la soirée, elles lui diront, souriantes et ondoyantes comme des flammes, merci par la danse. Péret n’aime pas la contrefaçon et l’adultération, et il le fait savoir. Le commercial ne l'intéresse pas. Il donne même, avec l’humilité de l’artisan, des conseils pour enregistrer en studio : se méfier du trop de micros devant la guitare (un seul mais bien placé, c’est suffisant) et du micro au niveau front, alors qu’il doit être à hauteur des lèvres. Tout cela énoncé au nom de la qualité du son : une haute exigence. Père majeur incontesté de la rumba catalane depuis la fin des années soixante du siècle, il ne s’en déclare pourtant pas le seul illustrateur ni ambassadeur, et dans un rapide historique, il égrène quelques noms qui en démontrent la diversité et la vivacité. Peret, « el gitano fino » répond aux questions ; sans doute, en espérait-il bien davantage,  principalement de la part des musiciens pour échanger, comparer... Il n’y en eut  que trois ou quatre, dont l’une, doucettement polémique, sur Cuba. Le maître ayant paru excessif dans sa façon de rejeter la rumba cubaine dans la salsa. Dans le public, il y avait surtout l’impatience à écouter le grand phénomène de la mise à feu du corps et de l'imagination dans l’exercice de ses œuvres. Loin des tambouilles folkloriques dont raffolent d’aucuns trop prompts à confondre animation et art. Peret à Perpignan, c’était le « Rei » clôturant la semaine de culture gitane de la Casa Musicale à Perpignan. Excellent!

 

EL NOI DEL CARRER VILLON I EL PAIO DE LA LLOTJA

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité