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Met Barran
26 août 2011

magistral

 

Leurs adolescences s’enroulèrent sur le tapis d’ombre d’un tremble ami.

Xxx

Elle était allongée sur le dos. L’herbe était fleurie. Je me suis approché d’elle. Il y avait sur son épaule un papillon qui me m'apparut, lorsque je fus au-dessus d’elle, bien mal dessiné. Croquis de débutant. Du bout des lèvres, sans éveiller le soupçon du plus menu insecte, j’ai redessiné et doré les ailes du papillon. Elle s’est alors envolée ne me laissant que l’herbe fleurie sur laquelle je me suis allongé pour suivre sa fugue attristante dans le zéphyr.

xxx

Ebloui par sa beauté, il perdit tous les artifices de son baratin de cuisine. Il était cuit.

xxx

Si j’écris « tiens, v’là une biche qui passe devant moi », tu ne me crois pas, tu crois que j’affabule, qu'une illusion m’a happé. Et pourtant, rien de plus vrai. Elle a passé. Légère, luisante et fugitive. Avait-elle quelque retard au rendez-vous de son amoureux, le Daim de Simorre? Si j’écris tout cela, c'est parce que je le sais; je n'invente jamais. La biche existe, même si je ne l’ai vu qu’une seule fois. Galop éphémère mais réel.

xxx

Rien de plus crispant que ce minot qui, vingt quatre heures sur vingt quatre, se la joue désespéré au pied d’un cerisier chargé de si beaux fruits.

xxx

Tout à son écriture, il n’avait pas vu poindre le jour et sa clarté inonder la campagne. Elle était pourtant bien dépeinte dans le rectangle de la fenêtre. Il lui suffisait de lever les yeux et d’arrêter un instant la mécanique de ses doigts. Il finit par lever ses yeux. Cette fascination de la fenêtre qui s'illumine et irradie. La joie d’un émerveillement mouilla ses joues. C’était bien du Gainsborough! Ce Gainsborough dont il avait tant de fois rêvé rêvé, depuis son séjour en Angleterre. De Gainsborough, pas de Constable comme lui avait affirmé Joëlle. Gainsborough se donnait à lui et le fascina tant et tant qu'il ne parvint à s’en détacher qu’au bout d'un bon quart d'heure. Il lui avait fait oublier le monde qu'il était en train de gribouiller sur du papier. Désormais comment allait-il pouvoir reprendre ses crayons de couleur, ses encres? Comment pourrait-il revenir à son carnet, à ses notes?  Que pouvait-il faire après cette apparition? Le dessin était d'un parfait équilibre, et les couleurs uniques. La leçon était foudroyante: il déchira toute son écriture et reporta son regard vers la fenêtre.

xxx

La Reine des Coccinelles un jour le fit mander et le pria d’entrer à son service. « Vous êtes peintre, lui dit-il, j’ai de la belle ouvrage pour vous. J’aimerais faire tacheter de noir toutes les robes pourpres que portent, c’est l’usage, les gens ma cour. En relèveriez-vous le défi? Vous en serez, je vous l’assure, grassement gratifié et pour des siècles et des siècles glorifié » Le peintre acquiesça d’un oui imbibé d'un mélande de reconnaissance et de vanité. « Et j’ai hâte, poursuivit la Reine des Coccinelles, de vous voir à la tache ». « Mais, oui, ma Reine, ma bonne souveraine" répondit le Grand peintre de la Reine et de toutes  les courtisanes de son royaume. Tout en faisant sa révérence au-revoir, il détacha une longue plume de son chapeau et ombra subrepticement sa robe pourpre.

xxx

Ne vous est-il jamais arrivé de voir que quelqu'un, avant vous, avait dévalisé tout le prunier ?

Xxx

Tu voudrais ne pas être de ce temps mais tu lui es, pieds et poings, lié. Tu t’inventes, vainement, une caverne -ou un palais- dans un autre temps. Le pain qui nourrit est fait de farine et non de papier, ne l'ignore point.

xxx

Arroser, naturellement, mais à la condition expresse d’avoir d’abord semé. Sinon, c’est jardiner à la manière de cet étrange musicien qui pisse dans son violon.

xxx

Planté devant ce miroir, tu t’interroges. Cette image est-ce bien la mienne ou de quelqu'un qui m’épie, qui regarde par-dessus mon épaule. Devrais-je la saigner pour t’entendre geindre et me prouver que c'est moi, et pas cet autre -supposé- qui m'épie.  Mais ton cri serait-il vraiment le tien puisque l’image, devant toi, n’en dirait rien. Et, si c’était le tien? En se répandant, le sang ne recouvrerait-il pas ton image -supposée-et de ce fait tendrait à l’effacer, ou ta -supposée-image ou l’image que tu supposes de quelqu’un qui t’épie, regardant par-dessus ton épaule? -Si tu veux un conseil, cesse de t'interroger devant un miroir.

Xxx

Fourmi, pas une seconde,  je n’hésiterais à venir sous ce grand saule pleureurpour y abriter toute ma tribu. Le temps d’une dînette, ou d’une couchette, ou d'une bavette sur le bon de M. Werber. Mais la fourni n'est pas obéissante et m'apercevant elle me tourne le dos et s'en va avec sa ribambelle chercher gîte et couvert autour d'un amas de cailloux.

Xxx

Je pense à ce bon Ali Baba. Aucun de ses quarante voleurs ne l’a trahi. L’Autre n’a pas eu cette chance !

Xxx

Il lui parut moins dangereux de laper du lait avec son chat que de disputer un os à son chien.

Xxx

J’ai du le déranger dans son somme. Le moustique sursaute et quitte mon nez, où il avait sans doute résolu de se détendre une petite seconde.

Xxx

Les idées sont aussi capricieuses que les grandes personnes.

Xxx

Bien des fois nous guerroyâmes contre le vent, puis sans même changer de pays, de  langue et de monture, nous aperçûmes que le vent s'était renouvelé et que les moulins n'avaient plus besoin d'ailes pour tourner.

Xxx

Le respect doit aller à celui qui sait bien nommer chaque chose et la transmet, qui réussit à faire goûter à l’âne la saveur de ce qui sépare  la rose ou le muguet du chardon ou de l'ortie. C'est que voyez-vous, il y a de sacrées poches poches de pauvreté en nous. L’un est misérable en informatique, un autre en fauconnerie et moi en botanique.

Xxx

J’ai connu en 1954 -notez-le vous en aurez peut-être besoin un jour- Tom Mix et Pierre Jonquères d’Oriola.

Xxx.

Les ornithologues seraient-ils moins menteurs que de arracheurs de dents. Que savent-ils réellement des oiseaux ? Les oiseaux leur ont-ils jamais adressé la parole ? Pourquoi d’ailleurs auraient parlé à ceux (barbares des civilisations les plus barbares) qui les mettent en photos et en cage, qui les empaillent, les épinglent, fiers de leur savoir bec et plume au service de la science du nid et de la ponte, de l'envol, et du retour au nid.

Xxx

Il t’appartient à toi, et à toi seul, de faire en sorte que là où tu te trouves et dans tout ce que tu dis ou fais, tu n’abandonnes pas la harpe de l’amitié pour les violons ou les tambours de la vanité.

Xxx

J’aime bien cette réplique d’une comparse de nuit  « Je ne suis pas de celles qui répondent à une invitation sans avoir du grain à moudre. »

Xxx

Le parler populaire vous embête parce qu’il caquette, jacasse ou grogne. Que voulez-vous au fond du peuple, il y a de l’animal irréductible !

xxx

. L’à-peu-près s’ingénie toujours pour échapper aux tenailles du parfait.

xxx

« Ma mélancolie est comme la braise et elle attend le souffle » (Jean-Charles de Castelbajac, in Plaisirs du Gers, n°7)

Xxx

Les jambes nous éloignent de la vérité tandis que les cuisses nous en rapprochent.

Xxx

Le Beau disait à L’Intéressant. « Comment me trouves-tu ?». Et l’intéressant répondit « Ah bon tu es là »?

Xxx

Se prémunir contre la nostalgie n’est pas une mauvaise chose, car la nostalgie peut être un buisson épineux.

Xxx

Il parlait de tout sans l’avoir vécu ce qui, se relut-il, le rendait magistral.

xxx

Je ne te demande pas de te mettre à ma place mais de respecter ma place.

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 La meilleure idée du jour vient de me filer entre les pattes.

xxx

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