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Met Barran
13 octobre 2011

Kanyataps de Figueres

On avait l'habitude le voir sur scène ou de l'entendre sur disque. On l'appréciait, on en redemandait, on pensait qu'il était à l'ouvrage...un prochain spectacle...un prochain disque en gestation. On avait parlé même d'une sorte d'opéra des "Oiseaux". C'était avant l'été. Il aura suffi de deux ou trois mois pour que Pere Figueres, auteur-compositeur-interprète se métamorphose en plasticien et fasse passer sa sensibilité terrienne, et l'habileté de ses mains dans une production de figurines, confectionnées à partir de fines tiges de bambou et de morceaux de bouchons. Cela, peut-être, vous dit quelque chose, vous évoque quelqu'un. Et bien oui, on peut le dire, il faut le dire, Pere Figueres est sur le même chemin que Claude Massé, le père généreux, élégant, grave ou joyeux de milliers et et de milliers de "Patots". Au début de toute conversion, n'y-a-t-il pas un appel, un instant de grâce? Nul doute que ses rencontres avec Claude Massé, en un moment où, pour des raisons de santé, il a du mettre sa voix au silence, ont réveillé et stimulé en lui un désir de passer à autre chose, à une autre façon de s'exprimer. Les mains, sans les notes de musiques et les paroles. Des mains pour extérioriser un monde imaginaire, une humanité virtuelle et en dire les séductions, les angoisses, les interrogations, les déceptions. Comme Massé, Figueres est dans l'ultrasensible. Dans ce que le manteau du quotidien social dissimule, l'attrait pour le léger, le fragile, l'équilibré, ce peu de chose qui tremble au plus imperceptible des souffles. Comme l'ajonc, ou le roseau du bord de route. Et ce fort besoin de confectionner des êtres/objets... un plus un plus un et toi et moi. Classique rengaine de l'individu et du groupe (la foule, la masse). Le groupe qui, certes, peut annihiler l'individu et sa subjectivité mais qui peut aussi lui procurer chaleur et mieux-être. L'individu auquel une trop longue solitude peut écorner la subjectivité (Robinson est un mythe). Figueres, faiseur d'humanité pour se distraire, pour se divertir, peut-être? Surtout inquiet, approfondissant son (et notre) identité dans les jeux de la répétition, des écarts entre le même et l'autre, de l'un et du multiple... Et de l'ici (trou que l'on se choisit ou camisole de force que l'on vous inflige) et de l'ailleurs, à travers des "représentations culturelles". Piques et masques, totems et chimères. La vie, la mort, la guerre, la paix, l'amour...Formalisations et ouvrages clignant vers l'art roman comme vers arts premiers (amérindiens ou océaniens). Sages, guerriers ou épouvantails, paradis sur terre!

Je ne sais si gamin, notre artiste jouait aux petites voitures, aux petits bateaux ou aux petits soldats, mais il me semble qu'il y a de l'émotion de ce temps-là dans ce travail inédit, non pas une sensiblerie banalement nostalgique, mais l'émotion de celui qui ne se satisfait pas de caresser les jouets créés par d'autres, mais qui joue avec ceux qui naissent de ses mains, aussi tendres qu'imaginatives. Pere Figueres, et c'est la (notre) surprise, ne s'est pas contenté de jouer, il a eu l'audace de sortir de son atelier de Bages ces figurines, qu'il appelle joliment "Kanyataps", pour les exposer à Céret, tout près du Musée d'Art Moderne, à la galerie "Marie Dos" (Boulevard Maréchal Joffre). Vernissage, ce vendredi 14 octobre à 18 h 30. L'exposition se prolonge jusqu'au 30 octobre.

Proposé par Michel de Saint-Martin, auteur anonyme.

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