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Met Barran
3 décembre 2011

D.A. VARGAS N'EST PLUS

Elle vient de s'éteindre à l'âge de 89 ans. Elle s'appelait Dolorés Amalia Vargas. Elle signait. D.A. Vargas ou D.A.V. J’ai peu connu celle que certains de mes amis appelaient la Vargas, avec infiniment de respect. Celui du à une grande dame. Figure pleinement cérétane. De platanes et de cerisiers. De musée d’art moderne et de « plaza de toros », sans oublier le stade Fondecave. Elle assumait  dans cette sous-préfecture la tradition comme l’ « avant-garde ». La sardane, bien sûr et les flashes de modernité renouvelée. Dalí, naturellement. Mais aussi Arrabal, venu y saluer un de ses copains du mouvement « Panique », et tout autant Jean Capdeville et Claude Viallat. Elle fut bien plus que la correspondante locale de Midi Libre, qui y disputait avec sa fine plume, aussi stylée que pénétrante,  des lecteurs à M. Pascal, correspondant de L’Indépendant, le quotidien concurrent dominant. Il y avait du George Sand et de la Louise Michel en elle. Je l’ai peu connue, en ce sens que je n’ai guère eu d’occasions de la rencontrer et d’échanger avec elle. Des sujets qui auraient pu (la guerre d’Espagne, l’art, le journalisme) nous rapprocher et d’autres qui nous auraient séparés. Par exemple sa « torophilie ». La Vargas, comme disaient mes amis Simon Oriol et Jean Thiéry de Midi Libre à Perpignan, parlait et écrivait avec une grande liberté de pensée. Je l’ai croisée et saluée lors de deux ou trois vernissages. Au Musée d’Art Moderne (en particulier, pour l’exposition Paul Rebeyrolle, en 1986) ou au Syndicat d’Initiatives (cimaises habituelles de Felip Vila)  car elle n’appréhendait pas de prendre la défense d’un artiste débutant, ou voué à la déconsidération par la mode du moment. L’ouverture d’esprit était la vertu  cardinale de D.A.V. ; elle n’avait aucune inclination ni au snobisme ni au paraître. Je l’ai certes peu connue mais  j’en ai  toujours entendu parler comme étant du côté du courage, de la solidarité et du progrès, de l’enthousiasme et jamais de la démoralisation. Je me rappelle cependant la première rencontre que j’eus avec elle. Sa pharmacie (car elle était apothicaire de son principal état) m’avait été donnée comme adresse pour y rencontrer  une personnalité de passage et en obtenir une interview. Etait-ce pour une corrida, une présentation de livre, un concert de musique, ou quelque autre prétexte ? (J’écris de mémoire et non pas mes mémoires). La rédaction perpignanaise de L’Indépendant m’avait chargé de cette « mission ». J’étais un pigiste voltigeur… La personnalité en question était Antoine Pierre Marie François Joseph de Lévis Léran, Duc de Lévi-Mirepoix, par la grâce du Général de Gaulle et,  depuis 1953, membre de l’Académie Française. L’homme en habit vert, le premier dont je faisais en livre la connaissance, m’accorda cet entretien. C'était une après-midi du mitan des années 1970. Je fus séduit par sa grande vivacité d’esprit (l’homme était entré dans le bel âge) et sa douceur très pince-sans-rire qui en disait assez quant à sa lucidité sur les gens et la société. C’est Mme Vargas qui nous facilita par une coupe de champagne le coin de salon où se déroula notre conversation. [Le Duc de Lévi-Mirepoix (1884-1981) était accompagné par son sautillant et pittoresque secrétaire particulier, répondant au nom de Félix Pradiés.] Tout au long de sa vie D.A. Vargas aura été une belle pierre lumineuse de cette petite ville qu’elle a tant aimée et où les platanes et les eaux vives aujourd'hui gémissent.

xxx

 

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