Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
14 mai 2012

Deux enfants de Perpignan

 

Ami d'enfance et ancien condisciple de François de Fossa (1775-1849), François Frion (1773-1819) qui s'apprêtait à rentrer au pays ne voulut pas lui céder sa place parisienne. Cela aurait sans doute évité au premier de choisir l'armée (pour laquelle il n'avait pas une inclination particulière) et contribué, peut-être, à l'épanouissement public de sa passion pour la musique et guitare. Deux enfants de Perpignan singuliers, l'un guitariste et militaire, l'autre bibliothécaire et modèle d'artiste. (Notes)

xxx

François Frion n'est pas tout à fait un inconnu. N'a-t-il pas été immortalisé par deux peintres, le premier étant Jacques Gamelin (1738-1803, en 1796 et le second, Joseph Marie Vien le Jeune ((1762-1848)?, en 1804,  (« Portrait de M. Frion sortant de nager et reprenant ses vêtements ». Ce personnage était de haute stature au sens propre. Puisqu'il mesurait « six pieds, sept pouces », soit 2 m 24: taille qui, si l'on en croit Jean-Antoine Chaptal, aurait impressionné Napoléon. « Je lui ai entendu dire plusieurs fois que, de tous les objets qui l’avaient frappé dans sa vie, les pyramides d’Égypte et la taille du géant Frion étaient ceux qui l’avaient le plus étonné." Ce gigantisme fut constaté par d'autres contemporains du perpignanais, ainsi le poète Jacques Delille qui en glissa le nom dans des vers de son livre les Trois règnes de la nature.

Au moment de sa mort, en 1819, une notice soulignera : « Tout Paris se rappelle avoir vu dans les promenades publiques un individu d’une taille gigantesque, mais beaucoup trop élancée pour son élévation. » Il semble avoir marqué l’imaginaire collectif pendant quelques années.  « A cette liste il faut joindre un individu nommé Frion, qui habitait Paris il y a une vingtaine d’années, surnommé le géant à cause de sa haute taille qui était de six pieds dix pouces » pouvait-on lire, en 1837, dans le « Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature…sous la direction de Félix-Edouard Guérin-Méneville (Tome cinquième).

Frion, né en 1773, est de deux ans l'aîné de Fossa. Les deux sont nés à Perpignan, rue Na Pincarda, et baptisés en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste ;  ils sont allés à l'école, au collège (St Laurent). La Révolution paraît les avoir séparés. En effet, en 1793, après l'exécution de Louis XVI, Fossa émigre en Espagne, il n’a pas encore dix-huit ans. Frion, qui paraît eu un autre engagement, serait monté à Paris, vraisemblablement pendant le Directoire/Consulat. Entre 1795 et 1799. Avant ou après le coup d’état du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799). Son adhésion à Napoléon ne ferait aucun doute. Frion est à Paris, en 1802,  lorsque Bonaparte est proclamé Consul à vie, puis, ce 18 mai 1804, où Napoléon de vient l’Empereur des Français.

A quelle époque date exacte est-il arrivé à Paris ? Est-ce avant 1796, date du tableau de Jacques Gamelin le représentant dans la tenue des… « Incroyables » ? Ce tableau a pu être peint à tout le moins commencé lors d’un séjour de Frion dans sa ville natale, à l’occasion par exemple d’un événement familial. Celui du mariage, le 19 juillet 1795, de sa sœur Catherine (1776-1839), qu’il aurait honoré ainsi habillé. (Une autre de ses sœurs, Paule (1780-1812), se mariera à Perpignan mais le 18 janvier 1803). En 1796, le peintre Gamelin quitte Perpignan pour Carcassonne/

xxx

Nous sommes en 1819, François de Fossa vit à Madrid et se trouve dans le camp joséphin, au côté du Duc de Santa Fé, Miguel José d’Azanza (1746-1826). Il va avoir  l’occasion de se rendre en France, à Paris et Fontainebleau, car il accompagne en tant que secrétaire particulier le Duc« ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté Catholique auprès de Sa Majesté L’Empereur et Roi ».

De Bayonne, François de Fossa écrit à sœur le 28 avril 1810 : « Ne perds pas un moment à m'écrire, donne-moi les adresses de mes cousines et des personnes que tu peux imaginer que j'aurais quelque plaisir à voir, entre autres celle de mon ancien voisin et condisciple Frion dit Picard... »

Ce séjour parisien (qui lui vaudra, entre autre, d’être présenté à Napoléon à Fontainebleau) durera cinq mois, du début du mois de mai à la fin du mois de septembre. Il a ainsi l’opportunité de visiter des membres de sa famille, ou  des amis et des connaissances de Perpignan. La rencontre des deux François, les deux anciens enfants de la rue Na Pincarda a lieu.

« Quant à Frion je l'avais déterré à son conservatoire et j'avais eu le plaisir de l'embrasser. Dieux! Qu'il a grandi! C'est un vrai géant. » (Paris, 22 mai 1810). La visite a eu lieu courant mai. Des retrouvailles. Frion a 37 ans et Fossa 35. Les deux perpignanais ne s’étaient pas revus depuis longtemps. Depuis au moins 17 ans, si l’on prend comme repère l’année 1793, date de l’émigration de Fossa, et sans doute plus, si l’on tient compte de son exclamation d’étonnement.

De quoi parlent-ils, au Conservatoire? De souvenirs d’enfance. De premières passions : musique, dessin… De conflits et destins séparés. Ils comparent sans doute leurs situations. Se revoient-ils plusieurs fois ?

Dès octobre 1810, Fossa rentre à Madrid. La mission du Duc de Santa Fé, dont il est l’un des secrétaires, a été accomplie. François de Fossa n’a alors aucune envie de venir  se fixer en France. Son avenir, il le voit espagnol et il a même songé à une naturalisation et à son mariage avec une nièce de Cipriano Salinero, un vieil ami de son époque mexicaine. Cependant, quatre années plus tard, en 1814, Fossa est de nouveau à Paris et toujours avec le Duc de Santa Fé, mais cette fois-ci, il ont franchi la frontière, avec la retraite des troupes françaises. C’est au lendemain de la défaite de Vittoria (21 juin 1813) et de l’abandon par Joseph Bonaparte de son royaume d’Espagne. Fossa ne fait pas partie cette fois-ci d’une mission diplomatique, il partage le sort des émigrés espagnols auxquels il s’identifie pleinement. De Bayonne, où il a été immobilisé par un accident de cheval, il écrit à sa sœur le 12 septembre 1813:

 « Le Gouvernement français a accordé des secours aux émigrés espagnols. Ce ne sera pas grand-chose, mais pour peu que ce soit cela me mettra à même de m’habiller et de me chauffer sans être à la charge à Mr le Duc comme je viens de lui être pendant deux mois, car c’est lui qui a pourvu à tous les frais occasionnés par mon accident. Sans sa générosité j’aurais été bien à plaindre et je ne sais comment j’aurais fait. »

Dans une lettre du 16 septembre, il dit qu’il part  demain  par la diligence et dans une lettre du 28 septembre qu’il est arrivé le 25 à Montauban. Après un séjour à Montauban, le voici à Paris en décembre 1813.  Il tente de revoir Frion : « Je n'ai pas vu le grand Picard, mais je compte le voir si j'y suis encore à tems. Je ne lui donnerai cependant pas tes papiers… » (Paris 9 mars 1814). A Paris, il vit avec le Duc et travaille avec lui et pour lui, à la rédaction d’un mémoire que Miguel José d’Azanza cosignera avec Gonzalo O’Farril (1754-1831), un autre ancien ministre exilé de José Ier.

Cette année 1814 est une année bien particulière. Celle qui voit la chute de Napoléon, après les Cent-Jours, et l’octroi d’une Charte par Louis XVIII qui inaugure le 4 juin la deuxième Restauration. Fossa et Frion vivent ces événements en direct et sans doute contradictoirement. Au plan des idées, Fossa –sa correspondance l’indique clairement- penche vers le second néanmoins son opinion envers l’Empereur (auquel il fut présenté lors de son séjour de 1810) s’est modifiée comme le montre cette lettre, toujours à sa sœur, en date du 9 juin 1814 : "Pour moi je pense encore de Buonaparte ce que j'en pensais, il a fait de très grandes choses, et il en a fait de très mauvaises; les monuments restent et parlent pour lui et la postérité. J'ai toujours abhorré sa politique abominable, et si, je lui veux aujourd'hui moins de mal, c'est parce qu'il est malheureux. Je voudrais qu'on me citât dans l'histoire de tous les peuples du monde un Souverain qui comme lui a été appelé au trône par quatre millions de signatures. Elles n'étaient pas forcées, car j'en connais beaucoup qui signèrent non…"

L’autre François, le géant Frion, semble avoir été lié, sinon à Napoléon Bonaparte lui-même, à son entourage et à certains de ses proches collaborateurs. Tel Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), le chimiste de Montpellier qui intègre le conseil d’Etat lorsque, précisément, Bonaparte prend le pouvoir en 1799. Epoque du Consulat. Chaptal devient ministre de l'Intérieur d’abord, par intérim le 6 novembre 1800  (il succède à Lucien Bonaparte), puis comme titulaire le 21 janvier 1801 (il le restera jusqu’en 1804). En 1801, il parraine la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Or François Frion est justement documenté  « inspecteur pour l’exposition des objets de l’industrie française au Louvre an X » (1801), et « attaché au Conservatoire en l’an XI  (1802) « comme adjoint-bibliothécaire ». Frion est employé par cette nouvelle institution qu’est le Conservatoire national des arts et métiers, créé en 1794 par l'abbé Grégoire (1750-1831), installé en 1799, dans l’ancien prieuré de Saint-Martin des Champs et dont le premier directeur est l’an IX (1801) G-E.Molard. Le Perpignanais est vraisemblablement d’un des « sis premiers employés du Conservatoire », et l’adjoint de Gruvel, son premier bibliothécaire.

Le géant Frion voit, et il est vu. C’est alors qu’il doit rencontrer le peintre Joseph-Marie Vien le Jeune qui en fait son modèle pour le tableau qu’il présentera au salon de 1804 (ouvert le 18 septembre), salon organisé par Dominique Vivant Denon (1747-1825) , le premier directeur général des Musées. Nous sommes à présent dix ans plus tard. Si Frion paraît bien établi et gagner sa vie, Fossa l’émigré fait quant à lui l’expérience du dénuement, de la peur de la misère. Il déploie ses efforts –avec ou sans introductions ou recommandations- pour obtenir une place convenable. Il ne veut plus vivre aux dépens de son protecteur de Madrid, Miguel José d’Azanza, Duc de Santa Fé. De Paris, il écrit à Thérèse Campagne sa sœur : « Je ne te cacherai pas que je commence à voir ma patience au bout. Toutes les demandes que j’ai faites n’ont pu me procurer un moyen de travailler ; non pas même des leçons de guitare ; et je n’ai qu’un espoir encore est-il bien faible de trouver à m’employer auprès de quelque négociant pour la Martinique. »  (24 juin 1814). Les informations relatives à la musique n’abondent pas dans cette correspondance, elles existent mais brèves, clairsemées et distantes, les unes des autres. A Madrid, comme à Cadix, au retour du Mexique, Fossa avait voulu vivre de sa musique. Il n’y était pas parvenu. Paris ne lui est pas plus favorable. Certes, il ne demeure pas les bras croisés, et il voit du monde. Sans doute fait-il part des difficultés à vivre et à trouver une place à son ancien voisin et condisciple de Perpignan : « Je verrai frion avant mon départ il loge assez près de moi. C’est le plus grand animal que je connaisse, se mêlant de raisonner et ne disant que des bêtises. Je l’ai vu chez lui quelques fois, je n’ai pas mérité l’honneur de recevoir une seule de ses visites. » (Paris, 12 septembre 1814)

La preuve est ainsi donnée de plusieurs visites faites à Frion mais aussi, simultanément, d’une distance intellectuelle ou sociale ou politique existant entre les deux hommes. Leurs caractères et opinions ne sont certainement pas au diapason. Parlent-ils art ? Peinture, musique, littérature. Parlent-ils métier. Echangent-ils sur l’air du temps et les événements ? Une chose est certaine à cette époque Fossa ne voit pas son avenir sous l’uniforme. Il cherche une place dans l’administration ou le commerce, et il accepterait même de partir à l’étranger, en Angleterre par exemple.

« J’ai été aujourd’hui débouté de ma demande au Ministère malgré toutes les recommandations. J’ai contracté de nouvelles obligations envers M. Jalabert par l’intérêt avec lequel il a réfléchi sur ce qu’il me restait à faire, et voici ce qu’il m’a conseillé. Le grand Picard veut abandonner son emploi de 1800 ; il demande une pension de 900 qu’on lui refusera sans doute ; on peut lui offrir 600. Ou même 900 s’il veut en faire la démission, et chercher un bon report au Ministère de l’intérieur pour me le faire donner. Ce n’est pas grand-chose j’en conviens ; mais je serais à l’abri de la misère si je l’obtenais. J’ai déjà vu frion ; il n’est pas éloigné d’y donner les mains ; il lambine un peu ; mais je reviendrai à la charge et Jalabert m’aidera ; il est difficile de trouver un ami plus chaud que lui. » (Paris, 4 octobre 1814)

Cette lettre, confirme la date d’entrée de Frion au Conservatoire (1800) et la relance d’un espoir de place. Prénommé François, comme ses compatriotes Frion et Fossa, Jalabert (1769-1832) est né à Perpignan comme eux. Le 22 germinal an VIII il est nommé conseiller de préfecture des Pyrénées-Orientales, puis désigné le 6 janvier 1813 par le Sénat conservateur pour représenter le département au Corps législatif. Sans doute Fossa manque-t-il pas de faire sa cour à Frion dans la perspective où ce dernier abandonnerait l’emploi. L’espoir qu’il nourrit va toutefois se dissiper.

 « Ce diable de frion on picard ne veut plus céder sa place, même pour la moitié des appointements ; il a obtenu un congé avec la jouissance de son solde, et il ne sait pas ou ne veut pas savoir que ce congé aura un terme, qu’il faudra ensuite retourner à sa place, ou y renoncer sans espoir de jamais obtenir de pension et surtout de pension de 900+. Me voilà donc aussi avancé dans mes affaires que le Ier jour, avec la différence que je ne sais plus maintenant de quel côté me retourner » (Paris, 12 octobre 1814).

Son entrée au Conservatoire ne sera bientôt plus qu’un  souvenir.

 « Nous n’avons plus rien à faire avec Picard ; il est décidé à partir avec un congé qu’il espère lui être prolongé d’une manière indéfinie et il s’attend aussi que dans quelques mois on lui assignera une pension de la moitié de ses appointements. Je sais bien qu’il se trompe ; mas il n’est pas facile de convaincre un animal de cette trempe, car il est bête plus qu’il n’est permis à un homme de l’être. La pension que je lui ferais me deviendrait bien moins à charge si j’obtenais par la suite un emploi plus lucratif. » (Paris, 23 octobre 1814)

« Je n’ai plus vu l’animal de Picard puisqu’il fait des façons pour se décider, je n’ai plus rien à démêler avec lui. » (Paris, 30 octobre 1814)

 « Si j’avais eu la place de Picard, je l’aurais ce me semble, gérée de manière à me procurer de l’avancement.» (Paris, 23 septembre 1814)

Frion a donc fait la sourde oreille à l’argumentaire et aux calculs de Fossa. Mais ses façons pour se décider, de quelle nature exacte sont-elles : Pécuniaires ? Politiques ? Peut-être médicales ? Frion finit par quitter le Conservatoire, ce haut-lieu de la modernité industrielle. Il aurait pris en 1815 sa retraite à l’âge de 42 ans. Le 8 juillet 1815… c’est…Waterloo, et le retour de Louis XVIII, le commencement de la deuxième Restauration (1815-1830). Un régime sous lequel la situation de François de Fossa va se stabiliser et s’améliorer. Ne pouvant prendre le chemin du Conservatoire, il s’est résolu à choisir celui des Garnisons. Moulins, Bordeaux, Lyon...

Frion est-il revenu à Perpignan  sitôt en retraite ? On ne le sait. Est-ce dans cette période qu’il a aida le sculpteur François Boher (1781-1825) lors de sa restauration de la Vierge de la Soledat de l’église La Réal de Perpignan. Il en aurait réalisé la robe ?

xxx

Le 10/11 janvier il s’éteint à l’âge de 45 ans, rue de l’Ange, au domicile de son beau-frère Martin Fraisse, marchand miroitier. Dans le journal des Débats du 28 janvier 1819 on peut lire.

« La mort vient également d’enlever, sinon un des grands hommes, du moins un des hommes les plus grands de notre siècle. Tout Paris se rappelle avoir vu dans les promenades publiques un individu d’une taille gigantesque, mais beaucoup trop élancée pour son élévation. Il avoit six pieds six pouces, se nommoit Frion, dit Picard, et étoit employé au Conservatoire des Arts et Métiers. A une époque où l’on étoit plus jaloux de ce qui étoit extraordinaire que de ce qui étoit vraiment beau, on proposa à Frion la place de tambour-major de la Garde ; Frion refusa ; il avoit des goûts pacifiques, il n’aimait point à faire du bruit, et il étoit aisé de s’apercevoir que l’attention générale dont il étoit l’objet le fatiguoit extrêmement. Il est mort le 10 de ce mois à Perpignan sa patrie. Il n’étoit âgé que de 45 ans.(…) ».

Le Mémorial de l’année 1819 en parlera, observant en particulier

«… l’organisation du sieur Frion aurait pu être l’objet d’utiles observations de physiologie. Il avait dans ses goûts et ses habitudes toutes les manières, même jusqu’aux caprices des femmes. On assure qu’il était sujet à quelques maladies particulières à ce sexe. »

« Quoique dans la force de l’âge et en apparence bien constitué, son corps semblait, quelque temps avant son décès, devoir tomber en ruines. Sa voix devint sépulcrale. Sa mort fut, croit-on, occasionnée par une maladie du foie » rapportera en 1914 l’abbé Jean Capeille dans son Dictionnaire de Biographies roussillonnaises.

Par qui François de Fossa eut-il connaissance de la mort de Frion ? Est-ce par la lecture du journal des Débats ? La correspondance avec sa sœur Thérèse Campagne n’en contient aucun écho ? En 1819, qui a quitté la garnison de Bordeaux est affecté à celle de Lyon.

xxx

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité