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Met Barran
31 octobre 2012

Lebelâge, bien sûr

Le Bel Age est une expression qui sied à beaucoup de choses. Parfois bonnes et belles. Dans de nombreux champs de la vie et de l'expresion. Nous pourrions parler d'économie, mais nous n'en dirons rien. Nous pourrions parler d'art et rappeler la très didactique, respectable et commémorative exposition dédiée sous ce titre à Support.Surface. Mais cet âge est bien avancé, donc tournons-la page de cette vieille histoire. Et quittons le couloir de l'art pour nous engager dans celui de la musique. Couloir, le mot est restrictif et péjoratif, il serait plus convenable de parler d'allée ou d'avenue. D'advenue, serait le moins mal disant puisque nous cherchons à parler de ce qui vient, se dessine, est bien plus qu'une fragile silhouette mais déjà un corps qui tient la scène et ne laisse pas indifférents les oreilles de publics divers, qu'ils soient "provinciaux" ou "parisiens" pour utiliser des concepts territoriaux fagots. Il lui a fallu un courage certain pour se lancer sur le chemin des étoiles, de la Méditerranée au bords de Seine. Est-ce la Canigou, le soleil ou la tramontane qui se promènent dans son imagination, le résultat est une belle machine à mots et à notes de musique. Une machine auto construite, comme souvent presque en opposition. Milieu familial, avançons-le, mais ne nous y attardons pas. Milieu culturel local, là disons-en un mot, cela vaut la peine, d'un point de vue...pédagogique. Qui n'a pas entendu, en Roussillon et à Perpignan, causer de Bausil. C'est vrai, il faut en dire plus, puisqu'ils étaient deux. L'un -le cadet- était peintre, c'est Louis; l'autre était journaliste, écrivain, romancier et poète, c'est Albert. Albert Bausil, un certain Charles Trenet lui quelques premiers bouts de papiers très poétiques. Albert Bausil, contrairement ce que beaucoup de "locaux" pensent (entre les Albères et les Corbières) est plutôt lu et apprécié. Les Publications de l'Olivier -les seules éditions qui attachent l'intérêt qu'il mérite au patrimoine littéraire du pays catalan de France-lui ont consacré sous la plume  critique et généreuse de P. Verdaguer un ouvrage aussi précieux que copieux et en édition bilingue français et catalan. Mais laissons les langues de côté, revenons aux férus d'Albert Bausil. Il en est de tous âges bien sûr, et la pyramide ne met guère l'accent sur l'importance des jeunes. Cependant, ils existent. L'un d'entre eux, dans la passion de sa découverte de Bausil, et des caractères de son écriture qui le prenaient au coeur, et faisaient danser son imagination, car Bausil c'est des images et de l'émotion, les deux assez lestement habillées d'humour, sur le large clavier allant de la fantaisie à l'ironie. De quoi agrémenter une lecture de plaisir. Notre jeune, il avait guitare à son bras, la timidité aux lèvres mais savait taquiner avec délices le répertoire d'un Georges Brassens, a cru à l'impossible: Etre prophète en son pays. N'étant pas un foudre de combat, il se contenta de faire ce qu'il commençait à faire avec sérieux, sincérité et respect ce qui n'est pas secondaire,  à mettre en musique tout un ensemble de poèmes de l'auteur de La terrasse au soleil, de Pel-Mouchi  et tutti quanti. Il alla même plus loin et en fit une maquette et la proposa à qui voulait bien l'écouter. Plein d'espoir en un prochain disque -c'eût été son premier-, il fit aussi le tour des tire-lires et des institutions susceptibles de faire son premier. Les institutions, on le sait, vous font faire souvent le pied-de-grue, et vous rentrez chez vous les mains et les poches vides. Ce n'est pas original, et c'est un éternel retour pour...les jeunes créateurs, ceux qui n'ont pas une grosse caisse à côté d'eux ou devant eux. Mais, notre Bausil rapsode, n'eut pas maille à partir avec les institutions. La première qu'il approcha et à laquelle il abandonna pour examen -pour se faire une idée comme l'on dit, pour voir comme on le dit pour rassurer-l'égara dans son magasin aux oubliettes et n'eut même pas la courtoisie d'afficher sa mauvaise conscience. Quand on est jeune, que l'on en est à son premier coup d'essai, cela s'appelle une humiliation, et cette humiliation ce fut un direct dans la gueule. Notre jeune en fut sonné mais il s'en est remis. Et il eut besoin de plusieurs années pour se refaire, pour écrire et faire de la musique, chanter et monter sur scène puisque telle était sa vocation. Oh! Tout n'est pas gagné, mais l'horizon s'est éclairci, il n'y a pas que le temps gris de Perpignan. Il fait vibrer ses corder du côté de Brassens et Ferrat, restons en là, sinon on va croire qu'il est dans le remake, alors qu'il est dans l'original. En grattant sa guitare, tel un troubadour languedocien, chargé de malice et de vive fraternité, en répondant aux appels d'amis ici et là (l'un des plus constants étant ceux du Cercle des authentiques cabochards de l'If, à Elne), et en croisant sur la route de vrais professionnels (le grand Allain Leprest, hélas disparu depuis, et la grande Francesca Solleville à qui il a rendu hommage) qui n'ont pas besoin de l'habit de lumières médiatiques pour exister, Pierre Lebelâge+ -puisqu'il s'agit de lui- a fini par trouver force et assurance dans son art et a pris le chemin des bons festivals (de l'été, à Barjac, et ailleurs sur l'hexagone) et des bonnes salles de ce qui reste la capitale, Paris, ah! Paris! Paris. Il sera à L'Européen ces 25 et 26 novembre avec Nathalie Miravette et il se raconte...que le disque (chez Tacet) est en train de briser la coquille de l'oeuf d'une grande aventure.  Peut-être finira-t-on par lui "permettre" de réaliser son rêve bausilien. Car, à notre connaissance, depuis les deux 33 trs que Jean Edouard (Barbe) consacrés à Albert Bausil, il n'y a plus rien eu sur lui. 

L. ARKING RIVE

+Pierre Lebelâge (ce nom est un pseu) est un collaborateur régulier de la revue La Licorne d'Hannibal et un habitué actif des soirées du Cercle des Authentiques Cabochards de l'IF qui se retrouveront ce 10 novembre.

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