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Met Barran
3 avril 2014

De Sanfourche à Claude Massé

L'Amateur sait bien faire les choses. Et chaque fois qu'il frappe un coup, il le fait en maître. Il relie, il défend, il éclaire des moments et des pans de la création et de la vie artistique contemporaines. Celles qui se déploient sans haut-parleurs médiatiques ni poursuites aveuglantes. Sans doute aurez-vous, cependant, entendu parler de Claude Massé. Un sacré bonhomme! Présent sur le front des arts (le front invisible, naturellement, des arts que l'on dit populaires mais qu'il sut, prudent et précis, nommer "Art Autre". On sait qu'avant de s'adonner corps et âme aux trois grands chemins que sa recherche personnelle explore et fleurit (l'écrit le collage, la sculpture), il écuma sa région, ce Roussillon au bas du monde, et par-delà ses frontières, dans le grand Sud-Ouest, pour débusquer le rare, l'indifférent car pour  nl'instant on encore homologué, étiqueté, écorné par le marché ou le commentaire. Il ramena de ses pérégrinations des brassées de surprises et donna à connaître une série de personnages aussi libres que créatifs et singuliers. S'il fallait en dresser le catalogue (tâche d'urgence que l'on n'a pas reportée à demain ni au Musée de l'Art Brut à Lausanne ni au Site de la Création Franche à Bègles), il serait des plus consistants. Ces dernières années on aurait pu croire  Claude Massé, tout en majesté d'artiste intronisé exposant, publiant et permettant d'écrire, de publier et d'exposer sur son travail et sa personne, on aurait donc pu le croire bien éloigné de ce qui fut un passé qui le passionna et de gens, la plupart clandestins de l'Art, qui avaient aimanté son intérêt prospecteur comme son admiration. L'Amateur, dis-je, sait bien faire les choses. L'Amateur dont je parle ici est artisan qui aime les mots et les images, et qui imprime avec son coeur et sinon avec grand fond de caisse ou coquette subvention. Il est, cet Amateur comme un doublet du Perpignanais Claude Massé, un amoureux des choses de l'esprit avec cette généreuse volonté de rassembler, réunir, regrouper, une volonté tellement exceptionnelle en nos temps qui explosent, dispersent et atomisent tout ce qui présente étoffe. Éditeur, notre Amateur, nous adresse -en tirage (bien) limité: 25 exemplaires, une suite de quatre recueils de lettres -numérotés dans sa collection: 1-397, 2-398, 3-399, 4-4OO. Chaque recueil/volume d'une trentaine de pages avec uncouelur de couverture distinctive. Les lettres assez brèves sont adressées à Claude Massé par JEAN-JOSEPH SANFOURCHE (1929-2010), cet artiste du Sud-Ouest et de Solignac, en particulier qui n'aimait pas dans l'art (attention! le peintre manie une expression guillotine) "l'apologie de la canaillerie", L'Amateur 397, p 14. En tout 77 lettres (la plupart, on le regrettera sans doute, non datées) couvrant la décennie 1975-1985. Elles illustrent la relation d'amitié qui se noua  entre Claude Massé, le maître émergeant du Patot et Jean-Joseph, le Bordelais de Solignac "cloué au pilori par une partie de la population de Solignac", L'Amateur 39 p. 31, écrit sur une feuille de menu de restaurant. Claude et sa famille, faudrait-il dire. Il est question dans ces lettres d'art, de vie quotidienne, de culture, d'ahésion, de rejet, d'échange, d'interrogation, d'écoute, bref de commerce fraternel. Monde autre? Monde la marge? que celui où se meut Sanfourche, qu'il observe et peint? Ce monde où l'on croise, entre autres, Gaston Chaissac et Antonin Artaud, Jean Dubuffet  ("Le mérite de Dubuffet est d'avoir apporté la dignité à des hommes qui étaient méprisés", L'Amateur 398 p. 16)mais aussi Dominique de Roux, Gaudi et Jakovski mérite que l'on y fasse un détour, d'autant que ce monde est parsemé de quelques pierreries précieuses reproductions d'oeuvres (dessins, photographies) de Sanfourche et de Massé, notamment de Cathy Massé, l'épouse, que l'on découvre photographe et peintre. 

Sanfourche écrit à Massé. "J'aime bien les personnages violets de Claude Massé. Il y a un chat qui fait "miaou" et j'aime les chats, enfin c'est une sorte de rébus" L'Amateur 397, p.9. Et dans une lettre, de mars 1976 lui dit:  "Je conserve vos lettres. Un jour vous serez surpris agréablement de les relire. Le jaillissement de la plume est une forme magnifique de vider un peu de son âme. Un tout petit peu. J'adore recevoir les lettres de certaines personnes... L'Amateur 397, p . 22.  Ces lettres nous sommes quelques uns à vouloir qu'elles soient publiées à leur tour.

C. PAMOI.

xxx

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