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Met Barran
30 mai 2014

François de Fossa se lâche

             La correspondance de François de Fossa avec sa soeur est riche également en "conversations", "communions" ou "controverses" à caractère politique. S'il porte, a porté et portera l'uniforme, s'il compose et joue de la guitare, il est aussi dans le chaud de l'histoire de son temps, et sait à l'occasion et dans le privé d'une correspondance avec sa soeur, s'exprimer, se lâcher dirait-on aujourd'hui. Revenu à Paris, après le retrait des troupes de Napoléon en Espagne, l'abdication de l'Empereur et l'arrivée de Louis XVIII au trône de France et le retour de Ferdinand VII sur celui d'Espgane, voici un diagnostic sur ces deux Bourbon, famille qui lui est chère, à lui François qui a néanmoins servi Joseph Ier et à sa soeur qui, il y a peu, a dîné avec Ferdinand dans une étape de son retour d el'autre côté des Pyrénées.Voici un fragment de lettre de François à sa soeur Thérèse, Paris, 9 juin 1814. Il y a deux cents ans. (Correspondance déposée aux archives départementales du département des Pyrénées-Orientales)

           "Je n'approuve pas, ma bonne amie, ton enthousiasme sur beaucoup de points. L'enthousiasme est l'effet d ela pafsion et la pafsion ne nous laifse jamais voir les objets tels qu'ils sont. Pour bien juger il faut- être de sang froid. Les écrivains les plus éclairés s'exposent à publier des sottises s'ils écrivent dans un moment de chaleur. Combien n'en ai-je pas vu de ces productions insignifiantes qui depuis deux mois font gémir les prefses de cette Capitale. Mais en dépit de ses lâches flagorneurs, qui ne prechaient que le despotisme, et de ces démagogues effrenés qui voulaient une ombre de Roi, Louis 18 a donné aux français une constitution qui évite également les deux extrêmes, marquée au coin de la sagefse, à la hauteur des lumières de notre siècle, et qui en immortalisant son auteur est la plus propre à ramener sur la terre le Gouvernement Patriarcal. J'ai lu mille fois, le le relis encore avec attendrifsement, ce  discours du Roi, celui du Chancelier, ce morceau sublime qui précède la Constitution et cette Constitution elle-même. Jamais il n'a existé de Souverain qui eut plus de facilité que Louis pour faire recevoir ses caprices comme des lois fondamentales, jamais il n'en existera qui déploie plus de sagefse, plus de modération, plus de vraie grandeur. Avec quelle délicatesse il a ménagé et contenu tous les partis! Non, si les français ne sont pas heureux sous un tel Monarque, ce n'est qu'à leur légéreté qu'ils devront s'en prendre; et le témoignage que je lui rends est d'autant moins suspect qu'il est désinterefsé et impartial. Je n'attends rien de lui, et je ne m'étais pas prefsé de le juger. Ce sont ses vertus, ses hautes qualités qui m'arrachent ces témoignages de ma profonde estime."

           Hélas! que son cher cousin  est loin de lui refsembler! Le fameux décret du 4 mai, nous permettait d'espérer de grandes choses. Au lieu de cela nous ne voyons jusqu'à présent que des mesures qu'on peut appeler des chefs d'oeuvre d'ineptie. Le rétablissement des moines, de l'inquisition; l'acharnement avec lequel  il poursuit dans tous les coins de l'Espagne ceux qui suivaient un parti, nécefsairement ennemi du mien, que j'aurais voulu ramener à l'ordre mais non pas par des moyens aufsi odieux; enfin le despotisme le plus déhonté; voilà ce qui me prouve que le pauvre Ferdinand est entouré de Conseillers qui ne travaillent ni pour lui ni pour l'Espagne, mais seulement pour afsouvir des vengeances particulières; et voilà aufsi ce qui commence à me faire croire que ton St Césaire pourrait bien avoir raison."

xxx

 

 

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