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Met Barran
23 juillet 2014

Oberlinger et sa fille Virginie

Venu à la peinture, autour de ces cinquante ans mais tournant grâce à elle les pages d'un chapitre non exaltant de sa vie, Gérard Oberlinger devait par le travail, la passion et beaucoup d'audaces devenir un artiste suivi, respecté et montré dans quelques lieux phares du département des Pyrénées-Orientales où il vivait, plus particulièrement à Port-Vendres et sur la Côte Vermeille, où les matérialités de l'endroit (ses sables, ses bois, ses cailloux, ses feuilles, ses modelés et ses coloris) ne furent pas sans nourrir son vagabondage poétique. D'abord épinglé comme artiste brut par des entomologistes de l'histoire de l'art, Oberlinger dut en sourire, lorsque, une dizaine d'années plus tard, une référence en matière d'art contemporain le plus pointu, Jean-Marie Phéline (1947-2011), administrateur regretté du château de Salses, écrivit sur son travail en mentionnant Tàpies, Beuys, Townbly -pas moins. Redoutable avant-gardiste? Sans doute pas, mais de plain-pied dans les expressions plastiques les plus vivantes et expérimentales, ça oui! En peu de temps, Oberlinger -avec, au bout de ses doigts et dans le vif éclat de son regard, la hâte à dire ce qu'il savait qu'il avait à dire, et que lui avait d'ailleurs conseillé de dire, Gilles de Montauzon, une voix particulièrement autorisée à le faire et à qui il avait "pour avis" présenté ses premiers exercices- devait occuper une place bien singulière dans le paysage pictural local et au-delà (puisque le magazine Artension y dirigea une focale). Il gagna cette visibilité par sa présence sur quelques cimaises à Céret, Collioure, Port-Vendres et ailleurs. Donc à Perpignan où, en 2008, Oberlinger complètement inconnu dix ans auparavant, était l'un des 13 créateurs département aux les plus en vue dans une très fine sélection présentée par le centre d'art contemporain "àcentmètresducentredumonde". Enfin "artiste peintre", celui qui s'était cru, sous d'autres lunes, bien peu de choses. Rêve réalisé? Retour de confiance en soi.  L'art avait relevé la dignité d'Oberlinger et il puisait ses forces dans ce qu'il accomplissait, dans ce qu'il imaginait, dans ce qu'il bâtissait en spéculant, car il n'était pas dans du banalement tripal ou un facile automatisme de répétition, le feu qui alimentait et diversifiait sa production était mental, intellectuel. Il l'affirmait, clairement, devant ceux qui cherchaient à le tenir dans le psychologique, le littéraire ou, pire peut-être, le social. C'est pour cela qu'il serait un peu maladroit de ne parler, à son propos, que de tableaux, ou d'images, de jolies choses, lui qui travaillait la mixité, qui exaltait un art hybride dans ce qu'il savait ou non être un prolongement de la catégorie américaine du "combined painting". Il le faisait ni pour briller ou séduire, mais pour être. Gérard Oberlinger nous a quittés, en août 2012, à l'âge de 65 ans. Laissant un héritage de toiles et de papiers que sa fille Virginie Oberlinger (ancienne étudiante diplômée de l'Ecole des Beaux-Arts de Perpignan, enseignante) et Elnora Gaarder ont décide de défendre et de valoriser à travers des expositions. Comme cette première qui a été inaugurée ce mardi 22 juillet 2014, au restaurant au timbre "do Brazil" Barraco do dendê au n° 1 de la rue du Four-St-Jean, en centre-ville. La rue est perpendiculaire à la rue de la Révolution Française et conduit de cette dernière au Campo Santo et à la Catédrale Saint-Jean-Baptiste. Ce n°1 a une longue tradition de restaurants mais au noms qui changent avec les propriétaires, les gérants et les airs nationaux. Nous en retiendrons deux: le "François Villon" -avec son copieux chariot de desserts faits maison, et la "Route de Tanger" avec ses couscous et tajines à s'en  lécher les doigts. Barraco do dendê est bien parti avec un beau mini-concert du pianiste Julien Lebart, proche du chanteur Cali, et l'exposition "OEBR & PAD artiste contemporain", une trentaine de toiles et dessins, que le public peut découvrir jusqu'au 24 août.

Ami  Khal

xxx

 

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Commentaires
B
Bravo pour cet article fort intéressant. Continuez bien
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Met Barran
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