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Met Barran
15 novembre 2014

Les "Tetes de Chien" ont bien mordu

Je ne sais s'il y avait l'autre soir en l'église Saint André de Bages nombre de producteurs, tourneurs ou programmateurs de spectacles. L'occasion leur y était pourtant offerte de faire connaissance, pour la première fois dans le département, avec les "Têtes de Chien". Un quintette vocal qui, ça se répand dans le métier, n'en est déjà plus à son coup d'essai et qui a manifesté avec sa dernière et troisième création "La Marelle", à Bages, justement sa prodigieuse maîtrise d'un grouype, d'un espace et d'un répertoire. L'espace de l'église, jolie église avec son jeu de voûtes, où du gothique vient taquiner du roman, et ou le contraste des couleurs encore éclatantes rappelle une restauration plutôt récente et de chapelles latérale, son architecture et ses passages dont se sont si pertinemment servis nos chanteurs a cappella, qui ô merveilleuse surprise, donnent de la voix en se donnant à eux-mêmes de la musique. La tradition dans laquelle ils inscrivent leur travail, certes, est ancienne mais ce n'est pas qui veut qui peut la servir. Notre bande des cinq l'a fort bien illustrée et servie au public, paroissien ou ami. Les "Têtes de chien" ne s'immobilisent guère, en plantes vertes, sur la scène, pardon, mais pour le concert de jeudi dernier, il convient de parler précis, et il s'agissait d'un autel. Ils traversent l'église, s'installent, se groupent, se séparent, se rapprochent, se scindent en solos, duos, trios, ils ne cessent de bouger, se croisant, se contre-croisant, se tournant et se contournant. Ce n'est pas un concert de statues. Les "Têtes de Chien" répondent par leurs attitudes, gestes et déplacements, aux lignes et aux volumes de l'édifice, où ils se manifestent et que, en vérité ils habitent. Ils nous entraînent dans leur chorégraphie et leur déambulation vocales. Il y a quelque chose de festif autant que de processionnaire, comme une jeu avec un rite monacal. C'est bien du théâtre que notre choeur libère. Du théâtre "musicalisé" ou de la musique scénographiée, car il serait absurde, ici, de pontifier que puisqu'il n'y a pas l'usage d' instruments, il n'y aurait aucune musique, de source ou accompagnement. La voix -qui peut aller du simple souffle à la stridence- ne réussit-elle pas à se sublimer en tonalités musicales, ou subtiles ou plus emphatiques, empruntant tous les timbres et les amplitudes de l'échelle des sons.  Ce concert de jeudi, à Bages la bienheureuse, dans une église abondamment occupée comme pour une Fête de Sant Galdric ou ue Fête de Sant Andreu d'antan, a révélé un "orchestre" sans bois ni cuivres et qui, pourtant, sonnait et jouait, qui naissant et se déployant de l'interprétation de chaque chanson par le groupe. Chaque chanteur de celui-ci avec le registre, la tessiture et la puissance qui lui sont très particuliers, et généreusemnt offerts. Quel clavier vocal! Et quel plaisir de le découvrir, dans sa plasticité, dans sa mouvanes, dans ses gradations comme dans ses glissements et ses silences...à deux pas de nos oreilles. Quel privilège? Et quelle chance aussi qu'ils aient pu disposer d'une bienveillante acoustique ecclesiale. Si, dans le public quelques spectateurs dubitatifs dodelinèrent du chef en s'apercevant (ce dont ces naîfs auraient pu se douter en franchissant le seuil de l'église) la coloration un peu, volontiers, beaucoup mais non tout à fait religieuse du programme, qu'il leur fallut bien finir par admettre (et applaudir) que nos "Têtes de Chien", dans une tenue sobre, identique et impeccable, proposaient avec une sincérité, une pugnacité et une conviction prouvant leur indiscutable professionnalité. Un concert, taillé sur mesure pour le lieu sacré qui l'accueillait. A peine baroque, mais loin du saint-sulpicien, un répertoire religieux, avec une poésie bon enfant, détendue et pastorale, parfois espiègle, quelquefois pointant le nez du diable, ou de quelque ami polisson; des odeurs de soufre, voire des souffles apocalyptiques. Mais généralement une poésie, dans sa lettre médiévale ou plus moderne, respectueuse, sans prêchi prêcha, du Christ et de la Vierge, et de quelques fêtes du calendrier religieux sur rythme de gospel, cantilation de l'âme.  Les "Têtes de Chien" ont d'autres ambitions dans la tête (que celle de jouer une partition d'iconoclates).  Dont la plus évidente paraît être, la défense, par leurs talents complémentaires réunis, d'un patrimoine que des troubadours et des trouvères contribuèrent jadis à constituer et que ces cinq magnifiques voix qui, entre elles, s'entendent mieux que les cinq doigts d'une main, après avoir tiré de l'oubli des trésors lyriques estampillés chrétiens, se sont engagés à faire briller partout où l'on accepte de les accueillir. Jeudi dernier, la lumière du plus bel accord chantait dans tous les coeurs à Bages. Nous devons cette joie partagée à Didier Verdeille, bagéen et membre des "Têtes de Chien". Merci pour ce (grand) moment d'émotion et de spiritualité!

A. MATEURS

xxx

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