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Met Barran
23 mai 2015

Zamo et ses animaux à la Médiathèque Albert Camus de Canet

La Médiathèque Albert Camus de Canet en Roussillon propose du 21 mai au 27 juin 2015 des "Peintures animalières" de l'artiste Anne Zamo, qui en a fait sa spécialité et qui, en peu de temps, s'est fait un nom en ce domaine. Exposant d'Amélie les Bains ou Céret à Canet, mais aussi de France (ne revient-telle pas du "Parc des Félins de Nesles (77) aux États-Unis. Concourant ici ou là et s'y faisant distinguer. Elle a gagné un trophée à Barcelone il y a à peine quelques mois. Elle figure dans des collections, des livres, des musées. Par exemple "La Casa de Los Gatos", à Lloret de Mar, chez Véra Novosyolava. L'artiste aime les chats (tous les chats y compris ces matous de gouttière devenus, ma foi, assez rares). Mais, elle n'en pince pas pour les chats. Son bestiaire est très ample même s'il n'entend pas rivaliser avec l'arche d'un certain brave Noé. Des animaux, oui. Sans préjugés d'espèce, de variété et de pedigree. Même les insectes sont présents sur les toiles tendues de cette artiste installée à Céret. Elle voue, à tous ses aimés et protégés, une passion où elle n'économise ni le trait ni la couleur, qui cultive les contrastes ou les gradations chromatiques entre les fourrures (ou les robes) de nos bêtes ou oiseaux et les supports, les milieux, les  environnements -qu'ils soient d'étoffes, de pierres ou d'arbres. Anne Zamo se plaît au portrait de ces êtres vivants qu'elle ne brutalise, ne chasse pas, qu'elle capture par son propre regard (culture du voyage ou du souvenir de voyage, en Tanzanie), ou qu'elle tire de brins de photographies. Elle aime s'entretenir -yeux dans les yeux-avec eux. Elle les peint dans des attitudes humaines: le regret, l'espoir, la complicité, le rêve...  Elle adore interpréter, semble-t-il, un regard qui s'est déjà posé sur son motif de coeur, son "modèle": gazelle, moineau ou canard, tigre, loutre ou mésange. Point d'apriorismes chez elle. Si ce n'est de ne pas exhiber des animaux en lutte ou en souffrance. La paix (propice à la sieste et à la réflexion) préside à l'élaboration du bestiaire d'Anne Zamo. Un bestiaire peint à l'huile avec le souci d'équilibre entre des données d'observation, le tribut dû au documentaire, et une atmosphère poétique, qui accueille des touches d'humour et de surréalisme. De malice, également, qualité dont n'est pas dépourvue l'auteure qui dans son Guernicat -osait une sympathique parodie du Guernica de Picasso. Souci maîtrisé, et bel impact des images qui en résultent... sur d'autres êtres vivants sur terre que les arrogants à physionomie humaine. Si Anne Zamo nous touche, c'est parce qu'elle aime ses "sujets", qu'elle les met en scène pour leur gloire, et qu'elle attire notre attention (qu'y-a-t-il de mieux que la douceur du regard ou d'un pelage?) sur ce qui peut disparaître, et s'amenuise trop rapidement. On l'a compris, elle nous touche, également, parce que sa sensibilité affûtée met au bout de ses pinceaux une émotion. Une alerte pédagogique face au présent. Il y a, effectivement, qu'elle soit plus ou moins naïvement surlignée, une écologie dans l'air. De la même manière qu'il y eut, naguère, de la rumba dans l'air. La bonne mélodie de notre artiste engagée, "militante" c'est la préservation des animaux -ou des insectes, ou des fleurs. C'est là une cause à rallier et non à railler ! Cause magnifiée par la noblesse et les subtilités d'une palette riche. Les "peintures animalières" prennent le parti de la sincérité (du "front to front with the animal"), du jeu (les lions y ferment leur gueule pour être rois, les tigres ne bondissent pas et... les chats n'y ont ni les moustaches patibulaires, ni le poil hérissé ou les griffes dehors), de l'imaginaire.  Une exposition à voir! Éloge d'une beauté sauvage: qu'elle soit, celle de fauves en liberté, d'animaux de ferme ou d'animaux domestiques (mais même domestiqué un minou devenu grand échappe aux traquenards de ses soit-disant maîtres). Animaux, du monde entier et d'ici. De cette Catalogne, ou Anne Zamo vit et travaille, jouant avec les paysages pyrénéens comme avec les légendes (La légende du pont du Diable).  Un monde trop gentil, dira-t-on, trop tranquille, trop caressant que ce monde animal d'Anne Zamo. Peut-être. Mais, pourquoi, ne mériterions-nous pas, certains jours -pour nous dégriser des petits ou grands vins de notre actualité- des icônes, des tableaux qui lâchent les concepts, pleinement au service décoratif de la vie, du bonheur et de la beauté.

O. XUETA 

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