Où sont passés
Où sont passés l'onde claire
et ses charmants miroitements ?
Et cette mousse sur laquelle se reposaient.
des vagabonds enfants
de lune, a -t-elle disparu aussi ?
Et le héron gourmand de groseilles?
L'espoir est parti...
En quel exil, au-delà des mitrailles,
sera-t-il tombé ?
Le brasier de la fontaine s'est éteint.
La pierre, orpheline, a froid..
Le phaeton des songes,
ne s'arrête plus,
pour mouiller ses lèvres
à la mélodie de l'eau vive,
entre le gentil sureau et le noble bouleau.
À la station Biche Rossignol.
Où sont passés les têtards bleus,
le fretin argenté,
les libellules jolies,
et ce papillon borgésien
avec lequel jouait
Tchouang Tseu ?
Pourquoi autant de sangs caillés?
Hagards et muets, demeurent
à ma demande,
les sables sans empreintes
et les roseaux sans harpes.
Le brasier de la fontaine s'est éteint,
depuis longtemps, et long fut le voyage,
entouré de l'asphodèle ermite
et de l'éphémère dandy.
Toutes les balles ont été perdues,
Toutes les amours ont succombé,
Toutes les cendres ont été dispersées
m'a dit le premier palefrenier
d'une étoile filante,
qui ne veut plus se souvenir
-l'infortunée!
Jo Mamuz, auteur d'"Enfantillages tardifs" (Ed. A. Venir)
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