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Met Barran
12 juillet 2015

Emmanuel Bolzoms à BAGES

Un peintre très singulier, Emmanuel Bolzoms, arrive sur les cimaises de la Casa Carrère, à Bages des Pyrénées-Orientales dont il est l'invité d'honneur pour cet été 2015. Singulier parce que peintre descendant de l'arbre de la peinture, ce gros arbre "horizontal" qui va de l'antiquité à nos jours. Bolzoms n'est pas responsable de tout puisqu'il ne naquit qu'en 1970. Le groupe supports/surfaces en tant que tel avait déjà plié bagages mais son influence commençait à pénétrer dans certaines écoles.  Bolzoms tâtera de celle de Perpignan mais n'y perdra pas son temps, s'apercevant rapidement qu'il n'allait pas trouver au N° 2 de la rue Foch ce qu'il recherchait. Apprendre pour se mesurer avec les Grands, apprendre avec les plus Grands de l'Histoire de l'Art. Il n'y avait pourtant rien de répréhensible en ça. Il fila vers un autre paradis, et  le trouva, semble-t-il, à Montpellier. Il croqua cours, livres, images et expos avec une belle gourmandise. De quoi en perdre l'appétit, que nenni! Il y avait à prendre partout -ou presque partout, car on ne peut tout avaler et trouver à la convenance de sa fonction digestive. Bolzoms se forma donc. Avec force fenêtres ouvertes sur des époques, des sensibilités et des écritures, des manières de faire, différentes. Comme il y avait -osons une image- quelque chose de l'abeille en lui, il voleta et butina, au gré de ses coups de coeur, enthousiasmes ou défis, puis dans sa ruche s'attacha à produire le meilleur des miels possibles, des montagnes, des prairies, des garrigues... Comme, il avait tâté à tout et n'arrêtait pas de goûter, il tenta beaucoup de choses. Comme les Antiques, comme les Renaissants, comme les Surréalistes -par son côté jardin et son côté cour- et, surtout, ne se sentant tenu par aucune longe, sur des territoires de liberté qu'on l'appellera fantastiques, ou baroques, symbolistes ou oniriques. Bolzoms s'est, au fil du temps et de la réception de ses oeuvres par un public parfois secoué, affirmé comme un peintre sacrément humaniste mais en malmenant notre humanité avec les cris de couleur et les traits graphiques de la dérision. Caricature  naïve, ou plus savante ou plus rouée. Les sujets y sont ceux de la grande peinture, icônes de musées (d'Europe), et royalties de collection- jusques à la tauromachie. Il ne peut y avoir d' l'ambition que si on lève, et Bolzoms l'a fait,  le nez bien au-dessus de son nombril.  L'ambition de rivalité, de compétition compte chez lui bien plus que celle de la notoriété. Mettre son imaginaire, ses désirs et ses techniques dans l'histoire de l'art des chefs-d'oeuvres et non des concepts. D'autres (l'artiste est au travail depuis la fin des années 1990 et se manifeste sérieusement depuis une diazine d'années) ont évoqué les grandes figures classiques qui traversent ses oeuvres comme des patrons, fantômes et commandeurs. A chacun ses compagnons de voyage, et les cochers qui chauffent comme il convient les montures 1. A chacun sa psychologie et sa morale, Bolzoms est observateur et ne voile pas ses conclusions. Tout n'est pas sympathique dans cette société. Bolzoms peint (mais il peut être également sculpteur2). Le plaisir de Bolzoms, les yeux dans le moyen-âge ou à Maury 2, Perpignan ou Céret) est dans cette aventure -conduite dans l'éloignement, le silence et dans la maîtrise d'un viatique consistant. Il sait ce qu'il fait, ce cavalier à l'huile, et il le fait bien, sur toile comme sur bois, qu'on le dise grotesque ou guerrier et, pourquoi pas? monarchiste. Certains diront qu'il fait trop dans la grande manière,qu'il y a du Dali coagulé en lui, à l'Histoire même s'il en brouille certaines cartes et figures. D'autres diront qu'il consent trop à l'illustration, à la décoration, aux figurines populaires. Mais, doit-il supporter, cet artiste qui ne fait guère de bruit, hors de son atelier, qui n'implore ni ne tarabuste pour un placard publicitaire, oui, doit-il supporter ce consciencieux imagier que nous nous mêlions de lui dire ce qu'il aurait du faire, ô grands dieux!  pour nous convaincre et nous séduire? Un jour, c'est une Betty Boop "emmanuellisée" qui met en alerte une âme puritaine. Un autre jour, épouvante! On a cru reconnaître Sade? Non, non ce n'était que Rabelais. Un troisième jour, c'est tel groupe de congressistes, mi-cadres, mi-truands (en costards-cravates) qui, bonjour! petit canard,  dérangera l'épingle du "politically correct"...Licencieux, provocants, scandaleux, les tableaux et tableautins de maître Emmanuel Bolzoms? Il faut aller voir, pour brûler ou absoudre. Ce qui ne prête à aucun doute, c'est qu'il prend ses aises dans la représentation humaine associée souvent à l'animal, domestique ou de basse-cour, et dans le traitement d'un genre: nature morte (il en pince plus poisson que viande), portrait, scène. Il bouscule des codes (ce qui n'a rien de révolutionnaire, et nous ne sommes plus au plagiat des cavernes) mais en retenant des échos d'images. La "femme assise" de Copi. Art panique. "Eat art". des canons d'époque (que les technologies modernes ont mis au rancart). On croit voir dans l'imaginaire "bolzomien" l'acrobate Bellmer faisant la causette avec le cruel Velikovic C'est vrai, chez Bolzoms, les bouts ne sont pas coupés et ne saignent pas mais, bien souvent, ce sont bel et bien des bouts, des fragments anatomiques, des moignons- les sexualités, tous seins déployés et hontes bues,  y prennent le pas sur l'érotisme ouaté d'intérieur bourgeois. Lui n'est pas un post-impressionniste du dimanche, taquinant le dernier brochet de la dernière rivière non polluée, lui taquine et expérimente pour notre regard (qu'il l'adoucisse ou le blesse) du chimérique, de l'hybride, du monstrueux, du trans, quoi. Mais, sans doute, cherche-t-il à nous faire peur plutôt qu'à nous amuser. Une chose, l'oeuvre d'un Bolzoms aurait sa place dans l'exposition estivale "Who is afraid by pictures?", à Perpignan. En tout cas, la critique parisienne Marie-Laure Desjardins aura été l'une des premières à prendre fait et cause pour lui et à écrire de fort jolis choses en faveur de cet artiste...disons-le un peu/ beaucoup atypique dans nos panoramas picturaux. Le journaliste Jean Michel Collet en est aussi un vibrant soutien. Il en a fait son héros dans deux épisodes critiques: "Le choc des possibles", "La guerre des mondes". Bolzoms "warrior"? Nous ne votons pas contre.  La galerie Le Chapitre à Nîmes et La Louve à Louftémont (Belgique) comme la galerie Odile Oms, à Céret, s'en sont également, d'assez longue date entichés. C'est, d'ailleurs, la galerie Odile Oms qui va permettre aux fidèles de FestiBages et de la Casa Carrère de le découvrir dans ses pompes et ses oeuvres à partir de vendredi 17 juillet 2015 à 18 H 304 

JO

1-Bolzoms partage avec un autre peintre, Patrick Loste, la passion des chevaux

2- Parmi les activités de l'artiste, il n'est pas utile de passer sous silence des fresques sur façade, notamment en 2008 à Maury

2- Lors d'une Saint-Valentin du début de ce siècle, eut lieu devant le restaurant Les Trois Soeurs le "mariage" d'un impressionnant taureau, sculpté par Emmanuel Bolzoms (alors peu connu) avec une énorme vache sang et or sculptée par la plasticienne  Pascale Aguilhon. Ce fut un aimable happening surréaliste, en plein coeur de la ville. Cette "union profane" à moins de deux cents mètres de la cathédrale Saint-Jean le Baptiste fut très suivie. Y compris de plusieurs élus qui songeaient à des voix culturelles pour leur réélection

4-L'exposition sera ouverte jusqu'au dimanche 27 septembre de 10 h à 12 h et de 16 h à 19 h, du mardi au dimanche. Entrée libre.

 

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