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Met Barran
15 juillet 2015

IlLE/TET : Capitale de la poésie visuelle

Ille sur Têt (66130). Cette capitale du Ribéral est aussi une ville culturelle. La poésie et l'art y vivent des lunes de miel sans cesse renouvelées à rendre jaloux tous les mal mariés des alentours. Ville de tradition, et de modernité. Ancrée à son passé, mais la boussole vers le grand large. Ville d'accueil, et de projection. Ville de terroir, pensons nectarine. Ville de rencontres et mélanges, ce que permet une initiative créative qui ne brosse pas uniquement dans le sens de l'ego, nombril ou clocher. Présentement, depuis le 2 juillet et jusqu'au 12 août, la ville de Pierre Fouché, de Joseph-Sébastien Pons, des Jean et Louis Amade...abrite la "2e Biennale de la poésie visuelle"1.

On peut dire, un peu espiègle envers les spécialistes, que cette forme de poésie commença le jour où l'on grava des lettres sur des tablettes de glaise et que plus tard elle gagna en expansion avec le mariage de Gutenberg et de Marshall Mc Luhan, on peut dire aussi que dans l'âge contemporain un Apollinaire y a laissé son sceau et qu'il ne faut pas taire non plus l'impulsion, très vingtième siècle, que lui donnèrent les Lettristes, Isidore Isou, son pape en tête, et parmi ses cardinaux rapprochés, un  Maurice Lemaître (le vrai Bismuth), ou plus éloignés Julien Blaine2. Moment de l'histoire de l'art, explosant dans les années 50, certainement mais surtout un joli courant d'expression, en eau plutôt claire et poissonneuse, où sont venus et continuent de se baigner, les féaux comme les félons de l'imprimerie et de la communication. Surtout bien joli territoire multinational de liberté parfaite, même si cette "liberté parfaite" ne s'apprécie pas partout à la même aune de soleil démocratique et d'échancrure du décolleté féminin. 

Trêve de baratin, la chaleur monte, faisons donc trempette dans ce fleuve Têt qui irrigue Ille-sur-Têt et l'enrichit de ses alluvions libertaires, venus de la montagne, remontant de la mer. Une Biennale, à Ille- sur- Têt? Rien d'étonnant depuis que Monsieur André Robèr, poète et plasticien s'y est installé, y créant discrètement la maison d'éditions K'A, une galerie et une corbeille de projets dans le domaine des arts plastiques. L'heure n'est pas à dresser le bilan de sa présence mais seulement à signaler son hospitalité, son dynamisme, sa productivité. Allez, allez, ce n'est pas là de la flatterie. Tout ce que l'on dit ici, il le... vaut bien. Point d'esbroufe. De la sincérité, de l'amitié, de la solidarité. Résultat: Plus de 30 artistes au catalogue de cette "2e Biennale de la poésie visuelle" (dont il partage le commissariat avec Daniel van de Velde). 30 artistes représentant 17 pays (en comptant à part "La Réunion", comme le fait le carton d'invitation). Un incomplet mais bien riche tour du monde: Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil, Colombie, Espagne, France, Hongrie, Italie, Japon, Mexique, Pérou, Portugal, La Réunion, Uruguay, Usa.  Les "sélections" les plus importantes sont celles de France (28), d'Italie (16), du Brésil (11) et d'Espagne (7).  La Colombie, la Hongrie, le Mexique, le Portugal et l'Uruguay ne figurent qu'avec un seul "poète visuel"...

Un voyage à Ille-su-Têt s'impose. Yeux fertiles et gloutons y sont les bienvenus. N'est-ce pas par le regard que s'enclenche, souvent, le mécanisme de la réflexion raisonnée (et qui nous aide à séparer les vessies des lanternes)  et, ne manquons pas de le souligner, c'est par temps caniculaire que la poésie rafraîchit le plus.

EL. CITRA

1-iAtelier Galerie TREIZE (13). 13 rue Sainte Croix 66 130 Ille- sur- Têt.

2-Précisons que la Librairie Torcartis  à Perpignan (10 rue Mailly) lui rend hommage jusqu'au 25 juillet. Une oeuvre diverse, originale, capitale. Peut-être convient-il de rappeler qu'il y a longtemps (mais ne remonte pas au temps de Matusalem) Julien Blaine lança une revue intitulée Doc(K)s. L'une de ses premières livraison fut consacrée à la "Poésie visuelle" de Yougoslavie et de Catalogne- avec des représentants de la Catalogne nord dont le plus en vue était Patrick Gifreu.

 

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