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Met Barran
6 août 2015

La Chapelle de Fitou et...Odile Arbos-Maro

Presqu'au pied du château qui s'exhausse hors de ses restes, une ancienne petite chapelle convertie (intelligemment) en espace culturel et qui retrouve, par le truchement de l'art plastique, musical, poétique que l'on y offre, une âme, quelque chose de l'ancien sanctuaire sacré, religieux de la chapelle Saint-Joseph, tout bonnement dénommée aujourd'hui La chapelle de Fitou. C'est un lieu hospitalier, facile à débusquer si l'on fait confiance à la signalétique dès l'entrée dans le village. L'accueil y est souriant. Les programmations choisies et les spectacles limités à 55 places. L'intimisme y préside donc. Mais l'exigüité d'un lieu ne désarme pas qui a de l'imagination constructive et une intuition immédiate des potentialités d'espace. Odile Arbos Maro qui en est actuellement "locataire" jusqu'à ce 9 août inclus en apporte la preuve avec ses travaux de plasticienne. Elle habite ce lieu, peut-on oser le mot sans être soupçonné de piraterie sémantique, mystiquement. Avec souffle et plénitude. Du sol au plafond, ou presque. Odile Arbos-Maro, dont la plupart des pièces offertes à l'appréciation du regard du public sont signées Maro, s'y explique par la peinture (huile ou gouache), la gravure..., une vingtaine de tableaux et quelques tableautins avec le temps qui passe. Thème sans doute bateau, appréhendé ici par la trace, et aussi ce qui se brouille ou s'estompe, ce qui se fracture ou se déchire, ce qui s'éloigne du corps (en devient squelette ou figurine), ce qui entame l'être (progression d'une atmosphère fantomatique), ce qui se détache de l'identité (jusque au doute psychologique et social)...Le peintre montre mais ne se contente pas de montrer ou de suggérer. Des murs, c'est bien beau, mais un accrochage pour aussi rigoureux et efficace qu'il soit -c'est le cas- ne suffit pas à révéler ce que l'on veut dire, là avec des avanités allusives, ici des cassures bien matquée, ce qu'elle, discrète et pourtant fiévreuse, veut pouvoir dire par de-là des climats de sérénité ou d'angoisse, d'enthousiasme ou de déception bien exprimés sur les cimaises. Ainsi la structure modeste de cette ancienne chapelle -qui n'a pas perdu tous les signes architecturaux de sa vocation originaire-l'invite à faire d'autres propositions. A investir, par exemple, l'emplacement qui était celui de l'autel, en aire d'intervention, de manifestation. C'est ça, comme au théâtre: une scène! Et sur cette scène, se déployant d'un côté à l'autre, en avant du mur frontal et suspendu, comme un vestiaire de patrons de personnages humains, des patrons (au sens de la couture de confection), à peine esquissés sur des grandes feuilles de papiers semi-transparents, une foule de personnages (à venir, ou déjà advenus?), à hauteur plus qu'humaine (serait-ce pour nous rappeler que "nous sommes des nains sur des épaules de géants"- ce n'est pas là du Darwin, c'est du (saint) Bernard-), une partie des membres inférieurs (signalant le sol, la marche, la trace, et... notre impossible éternité) éclairés de l'arrière (lumière venue de quel arrière?) et entrant en mouvement, en vibration ou tremblement du moins, grâce à un dispositif de ventilation. Incongruités technologiques, que la présence d'un spot et d'un ventilateur? Pas plus, pas moins que la diffusion d'un "cérémoniel" morceau musical du compositeur italien contemporain Ludovico Einaudi. Théâtralisation? Peut-être. Désir de se dépasser. D'aller hors des limites du "tableau" -ou de l'objet- ou de la banalité d'une galerie, d'expérimenter une relation nouvelle, atypique, pluridimensionnelle à l'espace, en ne se contentant pas seulement de l'habiter mais -tentation du pouvoir le plus extrême- en voulant l'animer -ou le ranimer. Ajoutant ainsi aux éclats ou aux silences de sa peinture (Odile Arbos Maro tutoie les silences et les sérénités plutôt que les brutalités), de l'épaisseur, du souffle, du rythme, du style qui sont des données du vivant et qui pour certain.e.s, artistes ou pas, sont des caractères du sacré (perdu, malmené, troqué) qu'on le conjugue sur un mode religieux ou laïque.

Odile Arbos-Maro. "Une autre histoire, une manière de regarder les choses". La Chapelle (St-Joseph), rue du Château, 11510 Fitou. Jusqu'au dimanche 9 août. Ouvert de 17 h à 20 h.

xxx

 

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