Archives des Pyrénées-Orientales: Lettres à ma soeur Thérèse (exposition)

A peine connu de quelques érudits aussi jaloux que discrets, un trésor épistolier captif des archives départementales des pyrénées-orientales va ENFIN être porté à la connaissance publique. Il s'agit de la correspondance qu'adressa l'émigré François de Fossa (1775-1849) à sa soeur Thérèse, devenant par mariage Thérèse Campagne. Trésor véritable de papiers. Quantitatif (le chiffre en est impressionant), s'étendant à un rythme d'écriture et d'envoi très rapproché sur 28 années, depuis deux continents: Europe et Amérique, trois pays: Espagne, Nouvelle-Espagne (le Mexique n'avait pas encore en ce temps fait sa guerre d'indépendance) et France, et s'inscrivant dans des moments politiques différents, modelés par des changements d'alliances internationales et sous des régimes contrastés, sinon inconciliables...De tout cela, et de questions qui nous sont également contemporaines comme les guerres, les migrations, les identités, ce trésor des archives est marqué. Et, naturellement, bien plus empreint encore de l'affection inépuisable et des confidences parfois surprenantes d'un frère pour sa soeur, son aînée de huit ans, dans un rôle involontaire de mère et épouse par procuration. Les figures très attachantes de François et de Thérèse ont déjà inspiré une romancière à succès Nicole Yrle. Mais, avant d'assister à leur résurrection dans cette brillante biographie romancée (genre dont les lecteurs/lectrices sous toutes les latitudes sont friands, et donc demandeurs), ils ont été bel et bien êtres de chair et d'os, de larmes et de rires, avec mille péripéties de vie, ni saints ni héros. Le trésor gisait, il est ENFIN exploité! Une vraie mine. Pour l'historien, le romantique, le psychologue, et même le féru de géo-politique. L'exposition des archives (avec bonus, croit-on savoir, de catalogue) que la dite institution offre par le texte, l'image (et même le son?) au public du 18 septembre à partir de 18 h au 18 décembre 2015 doit aider à mieux en apprécier la richesse. Une si colossale liasse de documents qui roupillait au N° 74 de l'avenue Paul Alduy. Titre: "Lettres à ma soeur Thérèse. Un portrait de François Paule de Fossa1 (1775-1849).

1: François de Paule Jacques Raymond.Tels sont les prénoms d'état civil et de baptême de Fossa. Comment le nommer de nos jours? En soulignant le François de Paule -qui n'apparaît jamais au bas de ses lettres ou en le soulignant clairement, puisqu'aussi bien c'est son appellation légale. Nous sommes de ceux qui se satisfont du "modeste" François, prenant en compte ce que lui-même écrit un jour à son neveu et filleul François, fils aîné de sa soeur Thérèse Campagne (1767-1823), alors décédée depuis 4 années. Paris, 8 janvier 1827:

"...n'ayant rien de nouveau à t'annoncer depuis que je suis marié1, et surtout depuis que je suis père de cette manière qu'on est réellement duo in carne uno2 (...). "J'ai bien pensé à lui donner le prénom de Joseph3mais alors il aurait fallu lui en donner deux car ma femme tenait à celui de Victor, et les tracasseries 4 du Ministère de la Guerre m'ont tellement dégouté de l'embarras de plusieurs prénoms que j'ai pensé que mes enfants n'en auront jamais qu'un seul".

  Cette dernière phrase nous a convaincu du bon droit de notre choix.

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