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Met Barran
17 septembre 2015

"Je hais mortellement les têtes exaltées de tous les partis"

 On sait par une notice que lui consacre l'abbé Jean Capeille dans son livre de “Biographies Roussillonnaises” que Jean-Baptiste-Bernard-Antoine Arnaud (1768-1839) né et mort à Perpignan, élu député (du 22 août 1815 à 1816) joua " un rôle des plus modestes à la chambre introuvable où il siégea parmi les modérés, et son mandant cessa avec elle". Un contemporain du député, François de Fossa nous a laissé quelques lignes à son propos qui disent en assez peu de mots leurs sentiments et attitudes politiques. Dans une lettre à Thérèse Campagne, sa soeur et datée du 7 février 1816, il dit éprouver “beaucoup d'estime” pour  Mr Arnaud” "précisément parce qu'il est du parti des modérés, qualité rare dans l'assemblée (illisible) dont il est membre”. François s'est rapproché de lui sur les conseils de sa soeur et à toutes fins utiles, de carrière ou de services. Dans cette même lettre, dans un style  de sincère profession de foi, il souligne leur proximité idéologique (comme on dirait de nos jours): “Jamais je ne lui ai désigné mes manières de penser, et je puis dire qu'elle a toujours eu beaucoup de conformité avec la sienne. Je hais mortellement les têtes exaltées de tous les partis; j'apprécie l'homme qui raisonne, lors même que son opinion n'est pas la mienne, et je ne pardonne pas aux boutefeux qui, sous prétexte de servir le Roi, et ne servant réellement que leur égoïsme, cherchent à produire des réactions qui éternisent les haines parmi nous. La révolution n'est pas finie tant qu'il existe des mesures révolutionnaires; les jacobins blancs ont pris la place des jacobins rouges, voilà tout; mais ainsi que leurs prédécesseurs, ils ne parlent que spoliations et carnages.-Ce n'est pas là le moyen de réunir les esprits; aussi sont-ils moins que jamais portés à une réunion fraternelle dont nous avons tant besoin et qui ne saurait avoir lieu tant que nos législateurs n'auront pas assez de lumières pour sentir la nécessité de marcher avec le siècle... L'esprit humain ne rétrograde jamais. Après une révolution, il n'existe plus des vainqueurs et des victimes, et malheur à ceux-ci s'ils abusent de la victoire, surtout lorsqu'ils en sont redevables à des efforts qui ne sont pas les leurs.-Depuis longtemps je ne te parlais pas politique, mais j'ai voulu  redonner une nouvelle preuve que mes sentiments ne changent point; et qu'ils me valent l'estime des gens qui raisonnent. Quant à ceux qui voudraient convertir en automates l'espèce humaine, qui désirerait rendre inutile à l'homme la raison, ce présent sublime de la Divinité, je cesserais de  m'estimer moi-même si j'observais leur approbation."

Combien raisonné et modéré est ce François de Fossa, capitaine et compositeur.  Son credo politique se cristallise dans cette simple phrase. “Je hais mortellement les têtes exaltées de tous les partis”. Pour revenir au député Arnaud, on ne sait de quelle aide il fut pour son compatriote. Et si, par exemple, il interviendra à sa demande pressante, pour que son département acquière les archives du père du capitaine compositeur, François de Fossa le grand juriste et universitaire et que Madame Campagne avait en sa possession? Le 12 mai 1817, il écrit à Thérèse: "Je désire bien que le Conseil de Préfecture veuille faire l'acquisition de nos papiers. Forcé de rester militaire toute ma vie, je n'aurai jamais ni le temps ni la tranquilité nécessaire pour travailler dessus. Je cède entièrement cette gloire à Jaubert de Passa".

 Mais quelle importance cela peut-il avoir  puisque le préfet de l'époque, le vicomte Paul Etienne Villiers de Terrage (1774-1858), après avoir sollicité le Conseil général, n'y réussit pas. Il s'agissait pourtant de 211 chartes copiées par le jurisconsulte dans le cartulaire de l'Eglise d'Elne et la proposition comportait, également, 14 autres manuscrits du même Fossa. La notion de patrimoine, et en particulier de patrimoine écrit n'était pas encore réellement éclose. Villiers du Terrage fut préfet des Pyrénées-Orientales du 12 juillet 1815 à 1818. (L'acquisition  sera ajournée). Il n'est pas inutile de savoir que François Jaubert de Passa (1785-1856)  commençait à être une personnalité influente, sous préfet en 1813, conseiller de préfecture en 1815, conseiller général en 1836, etc..De dix son cadet, ce François Jaubert était-il apparenté à Francois de Fossa? Cela n'est pas impossible, bien que le François Jaubert du Réart soit plus invraisemblable, puisque dans sa correspondance on parle plusieurs fois de Ponteilla, ville natale de cet autre Jaubert( 1792-1836), prénommé lui Joseph et de 17 ans plus jeune que le capitaine de Fossa. De proche ou plus distante parenté, un lien De Fossa Jaubert de... existe.

On ne sera donc pas surpris qu'en ce 240 ème anniversaire de la naissance de De Fossa, une exposition lui soit consacrée aux archives départementales, à partir de ce vendredi 18 septembre à 18 h jusqu'au 18 décembre et un concert-évocation au Monastir del Camp, à Passa, dimanche 20 septembre à 16 h 30.

xxx 

 

 

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