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Met Barran
19 novembre 2015

Michel PIcod était un COPAIN.

Le comédien Michel Picod n'est plus. Il faisait partie de la scène nordcatalane depuis une trentaine d'années. Il y a tenu un rôle dont le double crédit était l'honnêteté et la discrétion. Ne jamais courir ou se laisser pousser sur le devant de la scène. S'y montrer toujours à la mesure de ce qu'on lui confiait, de ce que l'on attendait de lui, de ce qu'il pensait pouvoir donner. C'était ça, Michel. Oui, le portait de l'honnêteté en comédien, c'était lui! Nous sommes triste. C'est par Claude Massé, qui le tenait par son fils Christophe, jeune écrivain et plasticien -et son ami- que nous savions le coeur, le talent que Michel Picod, un garçon formé à la Cartoucherie, mettait à servir des textes d'auteurs du répertoire ou modernes. Nous en eûmes la conviction et en fûmes ravis en le découvrant dans les "Diablogues" de Roland Dubillard qu'il avait monté avec Jean-Michel Castellarnau, son complice d'alors. Nous eûmes, par la suite l'occasion de le revoir  plusieurs fois, dans des spectacles de nature différente (pour autant qu'une lecture de texte soit différente de la création d'un rôle, et un second rôle d'un rôle titre) d'auteur de renom international ou seulement barde cantonal. Il eut même la générosité d'être l'un des conteurs de notre  "Voyage musical d'une bible hébraïque".  Ce qui est sûr c'est qu'il s'intégra totalement au paysage de la création théâtrale nordcatalane et se mobilisa dans "l'archipel des théâtres" pour la reconnaissance de cette création et le respect de ses artisans par les autorités locales qui ne savent pas toujours situer le curseur sur la ligne des "misères" aux "grandeurs". Notre comédien, à l'occasion assistant de réalisation comme pour la reprise de "L'Amor i el papagaï" de J.S. Pons aura participé à plusieurs expériences dont la modestie ne doit pas occulter la dignité. Celle de la Loco-Compagnie. Celle de la saga des rois de Majorque de Jordi Barre (il y joua le roi Jacques de Majorque dans le "Sceptre brisé"). Celle de la bande à Norbert Narach (1954-2009) qui l'associa à la création bilingue (catalan/ français) et au succès incroyable d'un "Un fil a la canya". Celle de Saurimonda qui, le rapprocha de la musique. Celle qu'il développait, il y a quelque mois encore, au Théâtre de la Corneille, avec Mónica Bellsolà, sa compagne -et metteur en scène. Celle bien sûr des "Nits d'Eus"  ou des "Nuits des Musées" et des "Journées du Patrimoine". Sans oublier celle qui lui tenait très à coeur: la formation de la jeunesse aux plaisirs du théâtre, et qui suppose humilité et de constance, deux autres de ses vertus. Michel Picod, le plus ensoleillé des enfants de l'Aube, sans tambour ni trompette, a dit sur les bords de la Méditerranée de beaux et grands textes, jamais empreints de dérisoire ou de futilité. Très présent sur scène, avec un physique et une diction que le cinéma n'a pas su utiliser, le comédien s'engageait sans cesse pour distribuer au public davantage de lumière, de beauté, de solidarité et d'humanité. Sans jamais surjouer, caricaturer, ou idéologiser... Homme de sagesse villageoise plutôt que d'embrouille citadine, il optait plus volontiers pour la fantaisie, clef de convivialité, que pour les échauffements intellectuels, émissaires d'inimitiés. Il aimait l'éclat d'un style, tout autant que les échos d'une langue mâtinée d'exotisme ou de fantastique. Il nous a quitté a 66 ans. Nous aurons tout de même vu ou entendu Michel Picod dans du Pierre Bouchet, Roland Dubillard, Jean-Claude Grumberg, Ludovic Massé ou Boris Vian, entre autres. Michel Picod était un COPAIN. (Condoléances à sa famille et à ses amis les plus proches.)

xxx

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Commentaires
D
Merci pour ce très beau mémorial en son honneur. Michel Picod, dit "Michou" chez nous, était Mon Cousin.
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Met Barran
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