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Met Barran
25 février 2016

L'étoffe de la nuit

Celles et ceux qui se sont intéressés à la revue d'art et poésie La licorne d'Hannibal, longtemps sous sa forme papier, et depuis deux ou trois ans sous forme électronique (où quelque chose d'apparenté) n'ignorent pas les noms de Valérie Canat de Chizy et de Gilbert Desclaux. La première pour y livrer des poèmes, le second comme plasticien et responsable de la dite revue. Rien de très original a voir co-exister sous un même abri ces deux formes d'expressions. L'écriture et la peinture ou la peinture et l'écriture se connaissent de très longue date et, quelquefois, s'aiment au point de s'épouser mais il leur arrive, aussi, de se tourner le dos, et faire cavalier seul. Canat de Chizy est Lyonnaise et poète, Desclaux est Perpignanais et peintre et beaucoup plus, même si artiste aussi exigeant que pudique, il montre peu ce qu'il fait et se montre qu'à bon escient. Une revue est une sorte d'hôtel de rencontres, éphémères ou durables... La fréquentation assidue des pages de La Licorne d'Hannibal, les regards réciproquement portés sur les "travaux" (ah! quel mot impie!vite remplacez-le!), les ont conduit à un échange intime, presque secret  dont le fruit est un joli petit livre  (100 exemplaires numérotés) que l'on caresse avec douceur et qui porte le titre délicatement tactile de "L'étoffe de la nuit". Il est composé d'une série de 12 poèmes courts (de 5 à dix lignes) avec en vis-à-vis des reproductions couleurs de pastels très expressifs. Doit-on parler d'illustration classique? Et, dans ce cas, qui est l'illustrateur, l'occupant de la page de droite ou celui de la page de gauche? Les mots n'auraient-ils pas valeur de traits, de reliefs, de plis? Faut-il "voir" de gauche à droite ou "lire" de droite à gauche? Qui, le premier, a parlé à l'autre? Le "texte" (autre mot impie! remplacez-le!) ou la peinture (bien plus juste, ici, qu'image)? Qui dit le mieux les températures du désir, de la joie, de la peur? Nous voici, plutôt, dans un compagnonnage de sensibilités,qui concentrent et approfondissent plus qu'elles ne s'éparpillent en coups de canif ou en postures de frime. Dans quelque chose qui échapperait à l'écrit comme au peint pour devenir (mais est-ce vraiment paradoxal?) un chant à deux voix. Un voyage musical dans une nuit plus subtile que sa définition, plus métaphore que réalité... Une étoffe qui rejette la froideur d'un cliché pour pouvoir s'épanouir en cheveux d'or ou cheveux blancs, selon ce que porte et transporte la nuit, si familière et toujours si inconnue. "L'étoffe de la nuit" de Valéry de Chizy et de Gilbert Desclaux est de la belle ouvrage née d'un défi heureux. 

xxx

 

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