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Met Barran
26 avril 2016

Gilbert Desclaux chez Thérèse Roussel

-Vous êtes pixel, ou plutôt pastel? Si vous êtes franchement pastel vous ne manquerez pas l'exposition « Pastels » du peintre Gilbert Desclaux (1947), invité par la galerie Thérèse Roussel, du samedi 30 avril au samedi 28 mai 2016. Ce peintre à la carrière discrète, retenue, mais à l'éthique rigoureuse dans une tradition non figurative, y présente les pastels originaux des illustrations qui "dialoguent" avec les poèmes de Valérie Canat de Chizy dans L'Etoffe de la nuit, livre d'art à tirage limité, paru au début de cette année."A l'étalement gourmand de Gilbert, Valérie répond par le froissement soyeux d'un souffle. Ils occupent l'un et l'autre un espace commun hors tout partage mais dans une parfaite unité" a remarqué finement Gérard Salgas dans sa réception de l'ouvrage pour La Licorne d'Hannibal, sous le titre "La mystérieuse quadrature du cercle". Relevées de leur service, et libérées de leur livre,  les images retrouvent leur format réel et redeviennent pastels-tableaux sur les murs de la galerie. Ce Perpignanais, né en 1947, est passé par l'école des Beaux-Arts -à l'époque où la peinture  y avait droit de cité sans s'excuser d'être ce qu'elle est (toujours). Il eut comme professeurs Roger Mauréso (1924-1981), Martin Vivés (1905-1991), Serge Kamké.... Monté ensuite à Paris,  il prépara à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, atelier de Gustave Singier (1909-1984), son diplôme supérieur d'arts plastiques. Couronné, il pouvait se lancer dans la...carrière. En mars 1986, Desclaux fait sa première grande exposition individuelle à la galerie Thérèse Roussel, de la place Després, à Perpignan. Cela fait...30 ans.  (Il en est devenu comme Roger Cosme Estève l'un des artistes habitués.) Il se manifestera désormais à bon escient dans la région, optant pour le plaisir de peindre. En novembre 1981, il accroche ses peintures à la Cité administrative d'Elne. En mars-avril 1987, il fait partie des 65 artistes présentés au palais des Congrès dans le cadre d'une rétrospective consentie la galerie Thérèse Roussel -inaugurée en novembre 1970). Il figure au catalogue de cette exposition. Son travail est bien accueilli par le public et la critique. Venu à l'expression artistique dans les  bouffées libertaires de 1968, l'artiste n'est ni un productiviste ni un boulimique des cimaises. Ses centres d'intérêt sont variés. Le principal en est l'amitié, le compagnonnage avec des gens de l'art: peintres, poètes, écrivains, comédiens, photographes. Humble cependant, il évite les tentations, champs de foire et heures de frime. Mais ne perd pas pour autant le sens de l'expression Carpe Diem. Il  conjugue métier pour vivre et art pour être. Etre peintre à Perpignan et dans les Pyrénées-Orientales, dans ce que en d'autres territoires on nomme les eighties, n'est pas aisé. Il y a autant de compétition que d'indifférence.  Le concept y dame encore le pion à l'émotion...Gilbert Desclaux fuit tout bavardage et , "arpenteur d'espace" ainsi qu'on le qualifie, poursuit son engagement plastique . Ce qui le meut, il ne tardera pas à le faire savoir avec ses oeuvres bien construites et et ses mots profonds. D'abord, les mots, quelques mots. "Peindre./ Comme si sa vie en dépendait./ Comme si faire danser un pinceau sur une scène de toile justifiait une existence./ Comme si la quête se situait au coeur des pigments./ Comme si l'urgence dériosire d'agencer des couleurs allait changer la face du monde, désembourgeoiser nos quotidiens, fondre l'iceberg des vanités, aliéner la folie des hommes..."  Ces mots sont de 1994, extraits du dépliant catalogue d'une des premières expositions au Centre d'Art Contemporain de Saint-Cyprien, à l'invitation de son fondateurle plasticien écrivain Gilles de Montauzon (il en fut le directeur de 1994 à 2004). Les oeuvres à présent. (Il y partage l'espace avec des sculptures de son ami Paul Rivieccio, également révélé par Thérèse Roussel). Il y présente une sélection de toiles sous le titre "Ballades pour un griot" (dédiées à un exilé guinéen disparu Mamadi Kaba) qui tissent le pont entre des arts et des cultures. Non, pour lui "La peinture n'est pas un jeu." Gilles de Montauzon  le fait savoir dans son superbe texte "La mémoire des hommes vaut-elle celle des pierres?    L'intérêt pour la poésie, le chant populaire est l'un des fils d'or reliant toutes les époques Desclaux. A Saint-Cyprien,  il y dit, entre autres, son admiration pour Saadi, le grand poète persan du XIII° siècle et, plus tard, coeur tendre et insoumis, il prodigue ses premiers encouragements à Pierre Lebelâge, chanteur éclos en ce début du XXI° siècle, familier du "Cercle des Authentiques Cabochards", qui se réunissait à Elne, à la Galerie de l'If -en ville haute- autour de Michel Briqueu -aujourd'hui disparu- et Odette Traby. Gilbert Desclaux n'avait pas été le dernier à intégrer cette sorte d'abbaye de thélème qui, par certains aspects ressemblait aux mythiques "Didi's Bar" et à l'académie canétoise du "Cardinal" Rey. Un foyer créatif qui se donna une revue "La Licorne d'Hannibal". En 2001, avec notamment Michel Gorsse (1952) "La Licorne d’Hannibal", "revue artistique, littéraire & sans baise-main du Cercle des Authentiques Cabochards de l’IF d’Elne". Desclaux est le graphiste et concepteur-réalisateur. Dans son sommaire, on retrouve ces piliers de la plume et de l'esprit que sont Michel Gorsse (1952), Gérard Salgas...Ces activités cabochardes sont riches de rencontres et d'échanges, de publications et d'expositions, de fêtes et parfois aussi de profonds chagrins. Ce sera le cas, à la mort accidentelle à Cuba, le 19 septembre 2001, de Michel Bories (1949-2001) dit Pof, auquel Gilbert Desclaux était étroitement attaché. Il sera  profondément affecté par la disparition de ce frère en lucidité ("tenter les utopies sans craindre la chute"-écrivait le regretté Michel Bories)."La Licorne d'Hannibal" est une expérience de groupe et d'imprimerie très prenante qui ne laisse guère de temps à l'aventure individuelle.  Gilbert Desclaux qui, en 2000, figurait dans l'ouvrage"Art & Artistes en pays catalan au 20° siècle", ouvrage de la Jeune Chambre Economique Perpignan-Roussillon, na pas lâché totalement ses toiles et ses papiers, ses crayons, ses acryliques ou pastels. Il aime le travail en couple, le dialogue.Ainsi en 2002, paraît "Forêt Blanche" un ouvrage d'art (tirage limité et numéroté à 13 exemplaires), où ses dessins illustrent des textes de Marie Grau, fille spirituelle de Jordi Pere Cerdà (1920-2011) qui en signe la préface. En 2003, il participe au numéro 6 de la revue "L'Instant du monde"(Raymond Alcovere, Montpellier), "Ce vin dans tous ces états", en couple  (écrivant/ illustrateur) cette fois-ci avec un vieux complice Michel Gorsse). Durant l'été 2003, il figure dans la grande exposition que consacrre la ville de Perpignan et l'historienne d'art Laetitia Canal au peintre Martin Vivès (1905-1991), dont il avait été l' élève. En 2004, il publie -et dévoile sa passion fébrile pour le jeu verbal « Mots croisés » avec son ami, et maître en la matière, Michel Gorsse. Du même il illustre, en 2005, le recueil Alcyons, préfacé par Gérard Salgas ( l'If ed. Le Casot). De peinture en dessin et composition. Actif et incontournable, généreux et exigeant. Familier au dernier venu, comme il le fut au poète Durand, au êintre Ribérat...En 2008, une de ses créations est choisie pour la couverture d'un recueil poétique de Valérie Canat de Chizy intitulé « entre le verre et la menthe » (Jacques André- Editeur). Dans le paysage artistique nord-catalan, Gilbert Desclaux -à l'image de la galerie Thérèse Roussel et de la galerie Odile Oms, à Céret qui fait hospitalité à son oeuvre- il a imposé et fait remarquer sa singularité, faite d'intelligence et de sensibilité, qui vise à la perfection dans tout  ce qu'il entreprend et à ne rien concéder aux fers à repasser de la mode. En 2012 : Le chercheur d'art Eric Villagordo publie « L'Artiste en action. Vers une sociologie de la pratique aristique » (L'Harmattan). Un travail qui porte sur huit artistes. Il consacre le chapitre 6 à "Gilbert Desclaux: le doute de soi." En 2013, organisée par l'association Arborescence et Eric Villagordo, il participe à Bompas, au Mas St Jacques à l'exposition "L'artiste en action" avec Philippe Domergue, Michel Fourquet, Serge Fauchier, Claude Massé, Georges Ayats, Patrick Loste et Claude Muchir. Si, "La Licorne d'Hannibal" en papier a été contrainte de dire pouce! Face aux assauts du numérique, Gilbert Desclaux n'a pas pris pour autant sa (deuxième) retraite. Il garde  le gouvernail de ce qu'il nomme "l'alouette numérique"  et veille à la bonne illustration des chroniques collaboratives et stimulantes. Pour lui, l'année 2015 aura été une année pastel avec prolongements en un livre et une exposition: L'Etoffe de la nuit. Vernissage ce samedi 30 avril à 11 h, galerie Thérèse Roussel, 7 place Joseph Després, entre la place Rigaud et la Casa Xanxo.

 

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