Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
6 juillet 2016

Du local et de l'universel

C'est toujours pareil, on n'en finit jamais de se crêper le chignon, même les chauves. Que celui qui n'a jamais trouvé la bonne phrase -ou formule mathématique-pour claquer le bec de l'autre s'avance. La querelle des concepts est tout aussi violente et dévastatrice que n'importe quelle querelle autour du prix d'un kilo de cerises. Et que je te sors mon local, et que je te réponds avec mon universel. Le local c'est du petit-petit, si petit qu'on ne gagne rien à s'y appuyer, sinon à se trouver cul-par-terre dans les secondes qui suivent. Ah! l'universel, comme il fait bon y plonger, y nager soir, midi, soir et minuit. On se dit qu'on ne risque rien, et puis on tombe -pardon on coule, on se perd. Qu'est-ce donc que cet universel, un bidule ou presque -je suis énervé donc je lime, je caricature- comme le local. Le local, ce peut-être un bât pénible que porte les ânes, l'universel est-il plus léger pour les ânes savants, l'âne savant étant celui qui braie dans le sens du vent et avec le vent, jamais à contre-vent, car il prendrait sur la figure les postillons du local qui, comme chacun sait, n'est que poussière ou crotte...ou maison de retraite. Bref le local -c'est une clôture-avec ou sans murs visibles, sur lesquels on tape sa tête, on s'écorche les doigts à en gratter la surface pour s'en -comment dites-vous?- s'en évader, oui c'est ça. Ah! la belle illusion de  croire que l'universel c'est mieux, que c'est le pieu dont rêvent tous les amoureux des galipettes humanistes. Mieux l'universel, mais n'est-ce pas un concept comme un autre, un joujou de cogitation, qui comme n'importe quel joujou finit par vieillir, se briser et disparaître. Je n'en dirai pas plus je suis bien incapable de faire la datation de l'origines de nos concepts, mais j'imagine que le local comme l'universel ne sont pas là de "toute éternité. Que l'un et l'autre sont de fortes têtes, et sont capables de nous faire perdre les nôtres qu'elles soient bien chevelues ou platement chauves. L'un -l'universel-prend le fusil parce que l'autre-le local- s'accroche à ses basques et ne le laisse pas partir en promenade, il le menace d'escopette. L'un -le local- prend le fusil parce que l'autre- l'universel- l'empêche de fermer ses volets et d'allumer son feu de cheminée, il le menace d'escopette. (L'enquête démontrera que les deux escopettes venaient de la même firme "Tagueul'"). C'est toujours pareil: tu as tort, et j'ai raison; j'ai raison et tu as tort. Et les joues enflent, rougissent. Les yeux -locaux et universels-se mettent en batterie. Les mains se crispent. Les phalanges craquent. Les fusils fument. Ils patientaient (la fin d'un congrès, d'un colloque, d'un débat, d'un vote peu-être?)  auprès du lit, que l'on s'appelle universel, ou local, on a son pain de belligérance. Et que tu m'as envahi, et que non point... Et que je t'ai libéré, et que je ne t'ai rien demandé... Et que c'est la tombée de la nuit, et que non c'est l'aurore qui n'arrive pas à sauter du lit... Dialogue de sourds véhéments, d'esthètes de la cogne, de garde-chiourmes de la petite clôture (ce satané local de l'encagement paroissial) et de la grande clôture (cet incroyable universel du "tous! tous ensemble"). Et moi, et moi, et moi... Toujours pris au piège des promesses et des certitudes -les certitudes étant les promesses bafouées. Piège des idéaux dont les marchands des quatre-saisons ne manquent pas. Ils poussent partout, leur chariot. Il en pousse partout. Dans tous les coins de la sphère humaine et au-dessus (on y va!). Il suffit de bonnes pluies idéologiques ou d'un bon système d'arrosage financier. Les enchères du mensonge éventuellement y pourvoiront. Partout où il y a encore quelque chose à grignoter -y compris dans les caves et les greniers, sous terre et sur les toits- des idéaux renaissent, soit avec les chaussures de plomb -du dit-local, soit avec  les bottes ailées -du dit- universel. Comment faire? De qui attendre? De qui se méfier? Il existe (ra) des petites et grandes clôtures pour de petits et grands camps. Les concepts ont besoin d'être étrillés s'ils ne veulent pas paraître  trop ganasses. J'en appelle au poète (Lorca, naturalmente ! ) :

"No hay siglo nuevo ni luz reciente

solo un caballo azul y una madrugada"

"L'universel c'est du local moins les murs". Difficile de contester la beauté convulsive de cet aphorisme du grand Miguel Torga (1907-1995). Mais combien difficile de ne pas remarquer également la beauté tout aussi convulsive de ce propos de la philosophe  Astrid von Busekist. "Reste à savoir si les ponts peuvent aussi se transformer en portes, en "jointures", ou s'ils ne font qu'enjamber et donc séparer les espaces" ((Portes et murs. De la frontière en démocratie, Albin Michel"

xxx

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité