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Met Barran
27 décembre 2016

Claude Bideau n'est plus

La culture, le patrimoine sont faits aussi d'apports modestes, par des personnes discrètes, pudiques et pourtant passionnées. Tel Claude Bideau qui vient de nous quitter et dont les obsèques auront lieu ce mercredi 28 décembre à 14 h 30 en la cathédrale Saint Jean Le Baptiste de Perpignan. Claude, compagnon d'un catalan revenu au pays, en épousa la langue et se rapprocha de celles et ceux qui dans toute la panoplie des activités de maintenance et de progrès culturels, y déployaient talent et énergie. Il y apportait une écoute qui n'était pas seulement d'intérêt folklorique, mais également son goût pour l'élégance et une hauteur de vue stimulatrice d'actions. Tout cela avec courtoisie et humour. Proche grâce à son ami comédien et chanteur Robert Guisset, de quelques uns des "leaders" de  la défense et illustration de la culture nordcatalane, parmi lesquels on peut citer le chanteur Jordi Barre (+), l'historienne de la cuisine médiévale Eliane Thibaut Comelade, l'écrivain Pere Verdaguer, le plasticien Claude Massé... et Marie-Ange Falqués et Robert Avril (+) des Editions du Trabucaire. C'est d'ailleurs au Trabucaire qui ne connaissait pas encore la notoriété régionale d'aujourd'hui qu'il confia ses premiers travaux en catalan -lui préfererait que l'on dise: amusements. Publiés sous le pseudonyme de "Gerry Can i Bidó", deux petits recueils de 1993, l'un intitulé "Kama Sutra", l'autre "Retrats de K." Il allait réapparaître en 1995, cette fois sous son nom d'état civil, dans la très belle, avant-gardiste et collective réalisation du Trabucaire intitulée "2050 (Deux-mille cinquante)": une anticipation culturelle et artistique rassemblant 32 co-auteurs. Mais Claude Bideau, ancien militaire et antiquaire retraité, avait le souci de mieux connaître ce coin de Méditerranée et donc d'apprendre de celles et ceux avec qui l'amitié le liait de longue date ou que le hasard de la vie artistique (ou tout simplement sociale) lui permettait de rencontrer, ses traditions et ses objectifs de devenir. Le parisien qu'il était réussit ses classes catalanes et son regard qui demeurait néanmoins distancié et critique titillait le local et l'hyperlocal à bon escient. Intelligence et coeur solidaires! C'était une personne érudite et sociale, affable et aimant... débattre. Il acceptait ou moquait avec le même sourire les choses dites nouvelles dans le domaine de l'art. Il se montrait disponible à toute association avec quelqu'un pour lequel il avait de l'estime et qui faisait appel à lui. Par exemple Claude Massé, dont l'invention du "patot" (personnage de liège) ne pouvait que retenir son penchant pour une dérision piquante et il y répondit en 1995 par un "Essai de définition d'un patot ordinaire", chaton précieux d'un "Forat Gatoner" (Perpignan), malheureusement de faible portée.  Claude Massé l'associa au livre d'art à tirage limité que VOIXéditions éditèrent  en 2002 sous le titre  "Claude Massé ou le peaussier du liège". Pierre Verdaguer fit aussi appel à lui comme illustrateur pour un recueil de ses poèmes en français portant le joli titre d'"Un été en belle page", sorti à Perpignan quatre ans plus tôt en 1998 aux Publications de L'Olivier. Habitué des  bibliothèques, des vernissages, des signatures et des spectacles (musique, chanson, théâtre), ce fut une figure familière mais réservée du monde culturel. Bénéficiant, il est vrai d'une "rente de situation", car habitant avec Robert à deux pas du palais des congrès Georges-Pompidou, temple roussillonnais des émotions -avant l'apparition du Théâtre de l'Archipel...  Au temps, où existait le CeDACC et que cette feue-institution de la Ville de Perpignan, sise en la Villa des Tilleuls (avenue de Grande-Bretagne) avait des allures de ruche culturelle active, Claude Bideau s'était vu proposer de peindre le portrait de quelques personnes, alors les plus en vue à Perpignan, au chapitre de la culture catalane. Travail qu'il effectua de bonne grâce et plaisir dans l'imitation de plusieurs styles picturaux. La série de cette dizaine de "notables", portraiturés à l'huile avec une poudroiement de fantaisie, fut exposée (durablement) dans la belle salle boisée de Lazerme de ce qui est, aujourd'hui, la Bibliothèque Bernard Nicolau. Série aujourd'hui dispersée, Claude Bideau, profondément généreux, ayant offert l'oeuvre à chacun de ses modèles...Ces dernières années des soucis de santé, liés à l'avancement en âge, l'avaient éloigné des gens et des lieux qu'il avait fait siens, au sens, le plus affecteux. Il manquera dans le Perpignan des honnêtes gens dont la vie ne rime pas seulement avec royalties. Requiesçat in pace, Claudius! En Pau descansi, Claudi! Avec nos condoléances et notre soutien à sa famille à ses proches.

xxx

  

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Commentaires
B
Un très bel hommage rendu à un honnête homme, ancien officier ami des arts. Nous ne l'oublierons pas.
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Met Barran
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