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Met Barran
1 février 2017

PERE VERDAGUER (1929-2017) : Le grand héraut du Roussillon catalan.

Un mois et demi après que l'Université de Perpignan lui ait rendu hommage, le professeur Pere Verdaguer,  le grand héraut du Roussillon catalan, vient de retirer sa voix et sa plume d'une défense et illustration de sa langue sans failles, que nombre de ses contemporains considèrent sans égales. Homme de réflexion, de conviction et d'action, il laisse une forte empreinte en beaucoup de domaines de l'enseignement -sa profession et son combat linguistique, à la littérature: il a touché à de nombreux genres et a été même pionnier en certains (science-fiction). Poète, essayiste, historien, critique, conteur vulgarisateur. Un magnifique arc de disciplines et talents. Une trajectoire: toute tracée en pays catalan et jalonnée par de très nombreux livres (un grand nombre publié outre-Pyrénées, chez de grands éditeurs barcelonais) et d'un nombre incalculable d'articles et de chroniques dans les journaux  (Midi Libre et L'Indépendant pour ne citer que des locaux). Mais aussi tisseur de liens individuels ou associatifs pour entreprendre, porter des projets d'institutions. Comme ce fleuron universitaire aoûtien qu'il chérissait au pied du Canigou, à Prades. Ou encore cette passionnante aventure bilingue de "classiques roussillonnais" aux Publications de l'Olivier. Chez lui, qui n'était agressif envers aucune langue, le catalan n'était pas un hobby, mais une passion et... un devoir. Passion dans l'engagement à nous faire déguster (lecteurs ou étudiants) une règle grammaticale aussi bien que l'étymologie d'un nom. Rien (cuisine, érotisme, chanson, physique ou psychologie) troubler ce puits de science... Et un devoir: se donner -non dans le cavalier seul mais dans le collectif- des objectifs dignes, élevés, à hauteur d'égalité avec d'autres langues de culture et d'économie. Parmi eux: le catalan à l'école publique, un peu de catalan dans les média, les études catalanes au sein de l'Université de Perpignan. D'où l'attention de Pere Verdaguer (ou de R.D.P. un de ses pseudonymes) à la santé d'une langue par tous ses pores. Ses ouvrages (la liste en est impressionnante) n'auront pas peu contribué à la réussite d'une mobilisation pour sa reconnaissance institutionnelle malgré quelques têtes dures ou mal avisées. D'où également le besoin d'en faire un outil utile aussi bien pour le raisonnement spéculatif que pour l'expression littéraire, malmenant ainsi la croyance de certains en un catalan capable d'épouser les mouvements du coeur mais pas ceux des neurones. Sans que Pere Verdaguer, très communicatif, ait jamais désiré être un maître de ceci ou un leader pour cela, bien de celles et ceux qui l'ont approché sinon coudoyé (dans des luttes), qui l'ont lu  ou écouté, adhérant à ses idées ou les controversant parfois, l'ont estimé pour sa stature et son bon accueil, et ont toujours respecté ce qui pouvait sembler à certains un apostolat dans des environnements plutôt réfractaires sinon hostiles que le vent ou l'extra-terrestre en visite soit jacobin ou girondin. Pere Verdaguer, né à Banyoles en 1929 aurait eu 88 ans le 9 avril prochain. Plus de soixante ans au service du Roussillon catalan. Un homme de science et de culture, un humaniste critique, un grand intellectuel bâtisseur n'est plus. Il va manquer à la "société catalane". En 1983, il avait reçu la « Creu de Sant Jordi » et en 1992, le prix littéraire « Carles Rahola », en 2002, il avait obtenu le prix "Joan Blanca" et en 2016 la "Médaille d'or" de la ville de Perpignan, où il vécut longuement et où il s'est éteient ce mercredi Ier février 2017. Nos plus sincères condoléances à sa famille.

xxx

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