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Met Barran
14 mars 2017

Les "MIRALLS" de Jacques Saïs au "TREIZE" à Ille-sur-Têt

Où mieux qu'à la Galerie (13) Treize de la rue Sainte-Croix à Ille-sur-Têt donner son avant-première? Une avant-première non de théâtre ou de cinéma mais de...photographies. C'est cette galerie que vient de choisir Jacques Saïs -résidant dans la commune- pour y accrocher son premier travail photographique avec une  trentaine ou presque de ses réalisations. Celles-ci sont présentées au public sous le titre générique de "Miralls" (mot catalan équivalent du français miroirs), ce qui est déjà...un regard-point de vue. Là où on pose un miroir, les jeux de captures et de reflets ne tardent pas. Images plus ou moins distanciées du réel, ou plus ou moins adhérentes à ce réel: chemin, rivière ou sous-bois. Mais les "prises" de ce nouveau-venu en photographie, passé  pourrait-on dire de la plume (d'oiseau) solitaire vagabonde au clic optique, d'un arpenteur de lieux et de paysages, d'un dénicheur de merveilles, d'étonnements, d'émois, d'un collecteur de "graphies" de conversations que nouent et dénouent, ici et là, au gré de la météo et des horaires, l'eau, l'air, la lumière, la terre, la plante et l'arbre. Autant d'"écritures" ramassées comme des antiques monnaies ou des herbes rares, des champignons, des papillons, des minéraux. Saïs ne vit pas à la marge de la nature et de ses territoires, il s'y engage, les pénètre et traverse moins en randonneur sportif qu'en promeneur solitaire rousseauiste. Il y a en lui du picaro et du coureur des bois, oui du Lazarillo et du Raboliot.  Il aime l'itinéraire plus que le bivouac. Ce qui peut le surprend plus que ce qui l'attendrait ou vers quoi le dirigeraient ses pas: tel ou tel site déjà pointé pour sa beauté, son étrangeté ou sa particularité. Saïs n'oeuvre pour aucun guide géographique, il se laisse porter.  Par le vent. Le soleil -éclatant ou plus assombri. L'onde étale ou hérissée...Toujours en avant. Une seule proue: la curiosité. Une seule raison, celle de la vue.  Une perception sensorielle sagace et juste de ce qui, sur son chemin de la découverte d'événements visuels et émotionnels, l'arrête, le séduit, l'éblouit, l'incline -aussi- à la rêverie ou à la pensée. Immobilité ou fluidité, fragilité et durabilité, silence et bruissement, transparence et opacité... Ah! comme tous ces petits bonheurs de rencontre lui sont précieux ! Nullement égoïste de ses plaisirs aux quatre vents, Saïs, le marcheur heureux, compose pour nous, ou elle, ou elle et eux. L'oeil tend le" piège". Le cadrage circonscrit le "gibier" (souvent) aquatique. "shoot" prélève la proie. Le tirage délivre et place aux trophées!  L'artiste (il lui faudra bien désormais se faire à cette appellation, l'ami M. Sais!) invite ses amis et au-delà naturellement à partager comme dans une suite (ce terme musical est à préférer à celui industriel de série) ses poèmes photochromatiques, qui sont autant de pauses et  stations devant des beautés ou des grâces insoupçonnées et bouleversantes. Il lit le paysage, un fragment d'ordre naturel et nous apprend à le voir inversé, tête en bas (non dans le marc d'on ne sait quel café stupéfiant) et nous oblige, de ce fait, sur un frisson de vertige à plus de clairvoyance, à nous renverser, à plonger en nous-mêmes, pour demeurer plus vertical. Jacques Saïs donne à voir un sens "dessus- dessous".  Un peu comme le peintre allemand Georg Baselitz le fait avec ses portraits renversés... Notre photographe catalan du Ribéral, non sans avoir lentement mûri la décision de "se laisser voir" par un public, propose ses "Miralls" en galerie -ni trop ni trop peu pour ne pas brouiller leur impact poétique. Des miroirs où ne se devine aucune buée narcissique (Saïs esquivant toute ombre portée de lui-même) et qui constituent une galerie d'étonnements, de palpitations, d'adorations, d'instants magnifiés sur leur trente-et-un de marie-louise. Toutes de plein-air! Ainsi verra-t-on sur les cimaises libertaires illoises une moisson d'or: quelques pépites immergées, silhouettes tombées des arbres, parmi une discrète faune et flore... Saïs est aussi bien pêcheur que chasseur d'images. Mais, à Ille-sur-Têt, à la Galerie (13) de la rue Sainte-Croix, si vous vous y rendez-ce qui vous est ici conseillé- regardez-y de près et sans hâte. Ce n'est pas de la photo scientifique. Ni sociologique ou touristique. Non plus de la photo (sous) marine. Ce n'est pas que l'auteur dénigre ses fonctions documentaires (le sérieux passé pédagogique connu de ses proches s'y oppose), mais Saïs a résolu de mettre son focus au service d'une photo intimiste, dans laquelle, lui, l'artiste -romantique, il ne fait aucun doute- dit son intérêt pour des choses simples, captivantes, émouvantes. Susceptibles, oui, de suspendre une larme au bout du coeur, ou de réveiller l'enthousiasme imaginatif. Des presque rien...La surface de l'eau.  L'eau claire et profonde dans laquelle plongent -par exemple- les cimes des arbres riverains. Les ciels et les sols. Conopées, troncs et racines. Les couleurs du temps, saison humide, ou chaude.  Éclats et reflets, au fil du jour, calme ou venté. Feuilles et tiges, espaces et traits colorés. Le deux fois vrai par le concret et par son double reflété. Tableautins touffus ou éparpillés, d'ombres et de lumières, tamisés par des frondaisons...Nuances du dehors et du dedans, de l'apparence et du dedans (des choses), que ce soit de la nature qui se donne ou de la personne qui se l'approprie, dans l'accès aux plus ou moins parfaits équilibre et harmonie. Cette nature vit, la photo l'arrache à cette vie dans une promesse à une vie d'objet d'art. Figures plus ou moins caractérisées, perdant de plus en plus en coefficient descriptif (identité de reconnaissance) ce qu'elles compensent par un appel à plus d'abstraction, en valeur plastique, en picturalité faudrait-il appuyer. Doit-on ici répéter ce mot de Paul Cézanne: « Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude ». L'exposition "Miralls" de Jacques Saïs sera en place du 17 mars au 5 avril 201 . Elle fera l'objet d'un vernissage le 18 mars à parir de 18 h 30. Galerie (13) nTREIZE/ Atelier Galerie André Robèr, 13, rue Sainte-Croix, à Ille-sur-Tet.

 

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