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Met Barran
2 mai 2017

Perpignan: Joan Brossa A la Médiathèque

Une "déferlante" de poésie visuelle c'est toujours bon à prendre en des temps d'embrouillaminis de cerveaux. Bienvenue à l'"Hommage à Joan Brossa", le plasticien qui a jeté des lettres de l'alphabet dans les rues et les espaces publics pour nous permettre de voir et respirer bien différemment l'architecture et l'urbanisme, trop classiquement frustrés de palpitations poétiques...

Ce n'est pas la première fois que le public nord-catalan a rendez-vous avec Joan Brossa (1919-1998) et si dix-beuf ans après sa mort le lien existe toujours aussi fort avec lui, c'est qu'il prêta spontanément attention à la jeune création qui s'exprimait à l'Espace N°1 de la Fundació Joan Miró à Barcelone. Notamment au travail de Bernadette Foulon, élève de l'école des Beaux-Arts, présentée par Joséphine Matamoros, alors directrice du CDACC de Perpignan, établissement qu'elle allait doter d'un espace d'art contemporain, bien avant de devenir conservateur du Musée d'art moderne de Céret. Joan Brossa était présent. Perpignan bougeait, il en était content. Il s'infomait de ce qui s'y faisait. A l'occasion, il franchissait les Pyrénées pour une exposition, de fait pour y accompagner et soutenir, l'exposition d'un ami. Ce fut le cas du peintre surréaliste Joan Massanet que René Métras programma vers 1980 au Château de Castelnou, alors propriété de M et Mme Maso qui l'ouvrirent à l'art. C'est dans un bar du village millénaire qu'il déjoua les plans d'un ratiocineur de l'art, en lui claquant le bec en se réclamant de la caste des clowns et des mages, et le premier d'entre eux à ses yeux, Frégoli. 

Par la génération des jeunes professeurs et étudiants d'art des années 1975-1985 et de ceux inclinant vers des formes modernes de l'expresssion poétique (visuelle, objet), comme par exemple le perpignanais Patrick Gifreu, le nom et le travail de Joan Brossa, le co-fondateur, avec Arnau Puig, de Dau al Set, étaient connus et admirés, sans nul besoin des ailes protectrices d'un Joan Ponç ou d'un Antoni Tapiés, autres membres du groupe. Gifreu facilita notamment un dossier de la revue Doc(k)s de Julien Blaine sur la poésie visuelle en Catalogne...En 1991, les deux Musées d'Art moderne Céret et Collioure, sous la direction de Joséphine Matamoros, le consacrent avec l'exposition trine: "Joan Brossa: Poésie visuelle. Poèmes objet. Environnements". Une exposition dont dont le ludisme et la fantaisie ébranlèrent la puissance conceptuelle qui avait longtemps dominé le landerneau artistique. Une exposition avec un magnifique catalogue évoqué par Alain Satgé dans son roman "Tu n'écris pas" (Seuil 2003) L'anticonformisme et les cocktails imaginatifs étaient de retour. En 2003, on voyait naître à Ille-sur-Têt une Biennale de Poésie Visuelle qui devenait un extraordinaire manifeste spatialiste, rassemblent des "génies" des quatre points cardinaux. Cette année, Ille-sur-Tet, grâce à la galerie TREIZE (13) qui en est l'organisatrice, connaîtra sa IIIème édition: 16 pays représentés, une centaine de participants. Et sera de plain-pied dans l'Hommage à Joan Brossa, co-organisé avec la Médiéthèque de Perpignan et la Librairie Torcatis et le concours de la "Llibreria".

Joan Brossa serait vraisemblablement heureux de cette postérité en Catalogne nord, lui qui l'observait avec tendresse et en chantait la geste de la "Flamme du Canigou". Sans doute aurait-il été de voir deux roussillonnais, Pere Figueres et Cristina Giner", offrir en août 2012 une sélectionde ses oeuvres (L'Escala/ L'échelle), au coeur même du musée d'art moderne de Céret, à son ami Antoni Tapiés, alors honoré. Cette création a été donnée plusieurs fois. Indiquons que le pianiste Jean-Pierre Dupuy, qui enseigna au Conservtoire de Perpignan et créa dans les P.O. le groupe "Solars Vortices" (années 90), a travaillé à la théatralisation musicale de Suite Bufa Na oeuvre de Joan Brossa  et du compositeur Josep Maria Mestres Quadern, (Barcelone Festival Grec-2002) et Suite Bufa (Barcelone Mercat de les Flors-2003). A Perpignan, et dans le département cet Hommage à Joan Brossa n'est pas un "revival" mais une preuve de continuité...qui sera exprimée par quatre événements:

Ce vendredi 5 mai, à 18 h à la Médiathèque de Perpignan, 15 rue Emile Zola, vis à vis de l'hôtel Pams. Avec l'inauguration de l'exposition, en présence de ses deux commissaires André Robèr et Daniel Van de Velde. L'exposition sera ouverte au public du mardi au samedi de 10 h à 18 h et le jeudi de 13 h à 18 h. Entrée libre. 

Le 13 mai, toujours à la Médiathèque, et au coeur de l'exposition, Marc Audi (1979), l'un des plus grands spécialistes internationaux de l'oeuvre ouvrira des "Chemins dans la poésie visuelle de Joan Brossa".  Marc Audí est Maître de Conférences à l’Université Bordeaux Montaigne. Il a consacré son doctorat et de nombreux articles à la poésie visuelle de Joan Brossa, et tout particulièrement aux inédits. Il a traduit en français une partie de son théâtre, et deux livres de poésie, El poeta presenta quinze pantomimes et Sumari astral i Altres poemes. Il a également co-édité en 2011 Els etcèteres, premier livre de poésie visuelle inédite à être édité après la mort du poète, au Centre international de poésie de Marseille.

 Cette conférence sera suivie d'une lecture-performance d'un choix de poésies de Joan Brossa regroupées sous le titre "Al peu de l'escala" (Au pied de l'échelle), dans un décor imaginé par René Conte. Il s'agit d'un remaniement da création de 2012 au Musée d'art moderne de Céret, donnée à Ille -sur Têt au Printemps des Poètes 2016. "Un spectacle visuel, verbal et poétique, sans esbroufe et sans ésotérisme- a-t-on pu écrire. Tout en délicatesse. Tout en chaleur, où les images sont dadaïstes et cordiales, où les mots sont des amis sûrs, cachottiers mais sûrs. Fidélité à une expression exigeante, élevée, indifférente aux traîne-savates d'un haut débit commercial et aux "roucouleurs" de nostalgies tous terrains... Qui a le bonheur d'être touché par la grâce de cette langue, s'empare aussitôt de ses luxes dans le registre de la gravité comme dans celui de la fantaisie. Un joyau, incontestablement et ce n'est point-là de la réclame à l'ancienne mode. Pere Figueres et Cristina Giner, un couple en or, au service de la conscience dans l'art."

Quatrième et dernière séquence perpignanaise de l'Hommage, des ateliers proposés par le sculpteur, "installateur" et poète visuel Daniel Van de Velde (1964). Ce dernier artiste international est également un fin pédagogue. A travers ateliers et workshops, il a toujours eu à cœur de rendre l'art, même le plus exigeant, le plus expérimental, à la portée de tous. Moins dans l'optique d'une culture générale, que dans celle où l'art contribue au développement personnel de chaque individu. Précisons qu'il est co-curateur (et scénographe) de la Biennale internationale de poésie visuelle d'Ille-sur-Tet, et secrétaire de rédaction de la revue NUIRe. Les ateliers de Daniel Van de Velde s'adressent aux adolescents comme aux adultes.

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