La Licorne d'Hannibal a dit "trente trois" (33)

1992-2016. C'est le temps d'une histoire et l'histoire d'un lieu. Ce lieu s'appelait l'If. Il se trouvait à Elne, dans la ville haute, à quelques pas de la porte Balaguer. L'If était un lieu d'hospitalité, ouvert par Michel Briqueu et Odette Traby. Le Cercle -qui n'était pas une secte- des Authentiques Cabochards y tenaient des soirées de lectures poétiques, de présentation des n°s de sa revue "La Licorne d'Hannibal"- oui titre singulier, pour une non moins singulière aventure dans le domaine de la création, toutes branches comprises. Aventure dont le terme aura été marqué par la disparition de la Reine-Mère des Authentiques Cabochards de l'If et par le passage d'une revue classique papier à une revue...digitale. 

Son dernier n° imprimé portait le numéro 32...Mais, il n'est plus le dernier puisque nous arrive un n°33 sous le titre -lisez attentivement "IF était une fois...". De format carré, 75 pages, avec une photo-couleurs de ce lieu (entré dans la légende),  impressionnante photo d'un lieu vide dont la lumière vient du fond et de l'extérieur...n'en disons pas plus car elle ne peut que résonner symboliquement de manière différente pour les uns et les autres. Sur le dos de la couverture en couleur également une photo du couple Odette et Michel avec un sourire trait-d'union et une vue de la petite cour sur laquelle donnait la galerie de l'IF. Ce n° 3 est un numéro exceptionnel d'autant plus exceptionnel puisque hors-commerce, une manière de s'éloigner en disant merci, en lettres et images, ce merci que l'on n'avait peut-être pas su articuler fortement. Ce n° 33 existe. Comme une stèle du souvenir! Un collector débordant d'émotions! Se pencher sur son passé, se regarder dans le miroir du temps qui passe, se repasser le film (continu, ou brisé) touche forcément.

Ce film a gardé la structure des numéros antérieurs. Des textes inédits, alternés avec des illustrations, Dix-sept contributions écrites: "L'If qavant l'If" (Sylvie Candau),"D'Elne et de la Licorne d'Hannibal" (Jacques Queralt), "Je me souviens" (Gérard Salgas), L'If ( Thérèse Cau), "Babelif" (Marc Espelta), "Le chant de la Licorne" (Valérie Vie), sans titre (Alain Surre), "Toutes les allures de la Licorne" (Isabelle Pujol) "Licorne/j'écris ton nom..." (Michel Gorsse), "Ivos" (Michel Casteran), "Le secret de la Licorne" (Bernard Revel), "Cabocharditude" et "Odelette" (Marie Prouvot), "Quand je suis devenu chanteur" (Patrice Scattolin), "Odette Traby" (Simone Salgas), "La mémoire des Cabochards" (Pierre Lebelâge), sans titre (Alain Mestres), "Nevermore" (Gilbert Desclaux")...

Des textes (prose, poésie) de quelques lignes à deux ou sept pages, déployant l'arc-en-ciel des sensibilités qui se montrait dans la revue La Licorne d'Hannibal dont l'identité aurait été altérée sans l'intercalement, dans son déroulé, de reproductions (de peintures, de dessins, de photos...), lesquelles par ailleurs désignent le "pavillon" international de L'If. Vingt artistes (vivants ou disparus) sont représentés par une oeuvre pleine page: Ganbaatar Choimbol, Rajendra Dhawan, Marc Crépy, Catherine Jansens, Guillaume Nicolaou, Michel Bories, Jean-Pierre Floch, Laurent Ribérat, Gilbert Desclaux, Michel Pagnoux, Michel Gloaguen, Michel Brigand, Bernard Combes, Charly Combes, Pavel Macek, Ysabelle Erre-Serra, Annick Dauliach, Francesc Ventura, Jean Estaque René Le Goff. D'excellentes reproductions en noir/blanc comme à l'accoutumée.

Cette "galerie d'art" n'épuise pas toute la richesse iconographique de ce précieux (mais inaccessible) n°33, que complète un "album 46 photos de famille" des Cabochards, lors de vernissages, de présentations de La Licorne, de grans événements, de fêtes ou sorties. Un album-diaporama qui témoigne d'activités soutenues et de joyeusetés élevées, et qui promène sur le front de celui qui, aujourd'hui, les regarde les lumières et les ombres, les bonheurs et les chagrins d'une aventure qui s'est interrompue. Il était une fois...l'IF. 

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