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Met Barran
21 juillet 2008

BUONAPARTE CHASSE DU TRÔNE

Inédit.

Rentré en France en 1813 comme "réfugié espagnol", François de Fossa [1775-1849]perpignanais émigré en Espagne, en 1793,  décrit dans une lettre à sa soeur Thérèse, les lendamains de l'abdication de l'Empereur Napoléon, "parti" sur l'île d'Elbe:

"Que d'événements dans l'espace de peu de jours, ma bonne amie! Et que je suis aise d'avoir vu par moi-même cette étonnante révolution! Buonaparte chassé du trône, lui et toute sa famille; celle du Bourbon rendue aux voeux des Français; une charte constitutionnelle qui ménage tous les intérêts et rallie tous les esprits: tel est en peu de mots, le grand, l'inespéré changement dont je viens d'être le témoin. Peut-être ai-je encore été plus étonné des vertus, des modérations, de l'amabilité du vainqueur que du bouleversement dû à ses victoires. Quelle différence entre les coalisés à Paris et les Français à Madrid! Disons-le à la confusion de ces derniers. J'ai vu l'irruption de ces Français, jadis appartenant à une nation regardée comme la plus aimable de l'univers. Je les ai vu transformés en bêtes féroces, satellites du plus affreux des tyrans, violer en pleine paix le sol d'une nation amie; je les ai vu marquer tous leurs pas par l'indiscipline, le désordre, le viol, l'assassinat et la destruction...Je viens de voir ceux que nous appelions des esclaves, des barbares entrer après une victoire dans la Cour de celui qui avait fait 800 lieues pour aller ravager leur territoire; je n'ai vu que la discipline la plus exacte, des corps superbes, des officiers remplis d'excution, des chefs sans morgue, des généraux remplis d'attention . Je n'ai entendu que le mot de paix sortir de leurs bouches; je n'ai vu que des traits de grandeur, de modération, d'amabilité, de générosité du héros qui venait à leur tête...Je croyais depuis 6 ans que de tels hommes n'existaient plus; je croyais leur veine éteinte; c'est celle des bourreaux du genre humain qui le sera désormais. Ma plume ne saurait suffire à te peindre tous les sentiments que j'éprouve. Lis les journaux; tu y trouveras une faible esquisse de ce qui s'est passé. Témoin oculaire de tout, je puis te garantir l'exacte vérité de tout ce qu'ils contiennent jusqu'à ce jour. Ce cruel Napoléon avait en quelque sorte lié sa destinée à la nôtre: plus de secours depuis sa chute; nous ne savons pas si notre sort sera de mourir de faim en France, en récompense de l'hospitalité exercée en Espagne dans le temps en faveur des émigrés français...Cela n'y fait rien. L'indépendance, la tranquillité, l'intégrité de l'Espagne sont assurées: c'était l'objet de tous nos voeux: ils sont remplis, nous n'avons plus rien à désirer."

(Paris, 12 avril 1814) (Service départemental des Archives des Pÿrénées-Orientales)

Xxxx

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