Irène

Il n’y a pas de poésie

D’aujourd’hui.

Le présent est mensonge,

Il n’y a pas de poésie

D’hier.

Chaque nouveau présent

L’efface.

Il n’y a de poésie

Véritablement

Que celle

Qui s’arrache,

à mains nues,

A l’avenir,

La poésie,

L’unique,

Est celle qui advient,

Sous les coups de pioche

Frappés en terre inconnue.

Mais, où est donc passé

Attila József ? 

Xxx

L’an s’en va,

Pérégrine

Et puis revient,

Et il finit par croire

A la légende

Du cercle

Que le voyage

ne brise pas.

Xxx

J’ai éteint la lampe

A huile

Pour qu’aucun papillon

Trop curieux

Ou apeuré

Ne vienne

S’y embraser.

J’ai éteint la lampe

A huile

Parce que c’est la seule

Qui me reste,

De l’ancien temps

Et non pour éloigner,

Comme je viens de l’écrire,

Je ne sais quel papillon

Egaré

Par la flamme fleur.

On a beau dire

L’huile n’est pas

La forme liquide

De la pierre philosophale.

Ce qui précède

-la mort hypothétique du papillon-

L’indique assez.

Xxx

La journée était en pleurs

Depuis trois heures et onze minutes

Lorsque je m’avisais

D’aller la consoler,

Je n’en finissais pas de varloper

Ma planche de sureau noir.

Je la surpris par par la fenêtre.

 Mais j’arrivais trop tard.

Phébus

Avec un coin de mouchoir

A broderie bleutée

Achevait d’essuyer

Ses joues,

Et de la moucher

Sans brutal

Coup de trompette.

Elle souriait, déjà.

Comme si rien ne s’était passé.

Je regagnais penaud

L’atelier et ma varlope,

Il me fallait bien mettre un terme

A ce que j’avais commencé

Tandis qu’elle était en pleurs.

Xxx

La culture peut être

Ton gagne-pain,

Et toi ne jurer

Qu’en faveur de la création,

La création, cette pointe

De couteau

Qui ouvre la coquille

Des noix du Grand Noyer,

Ou tu l’ouvres

Ou tu te blesses,

Ou tu y trouves,

Ce qui te nourrit

Ou ce qui est déjà trépassé.

La création, c’est ce risque.

Et la culture ? C’est une assurance

Contre ce même risque.

_Mais camarade,

Tu ne sais donc pas

Que le casse-noix existe ?

Et que les noix ne naissent plus du Grand Noyer?

_ !!!

 A quoi chercher à vous expliquer.

Xxx

L’ancien combattant

Qui ne la ramène pas,

 Disait un général de fiction,

Est doublement respectable.

Xxx

« Quand le bât blesse,

Le plus urgent n’est-il pas de le retirer ? »

(Tiré de la monumentale mais anonyme collection

« La philosophie de l’Ane »

Xxx

Ne cesse d’écrire,

Sous le portrait,

D’un Einstein

T’offrant sa langue

Sous sa moustache.

Par là, le vieux rejoint

En fraternité

Un Marx,

également vieux,

Et toi,

conciliateur de vieux,

tu peux continuer

A fumer tes cigares

De papier électronique

Sans tousser.

Xxx

Sans l’hypothèse d’un autrui

Le plaisant est invraisemblable.

Xxx

Sentir une onde tranquille

Ramollir les biceps

De la chasse à courre.

Cette onde tranquille,

Nous supposerons

Qu’elle se prénomme Irène,

Et qu’on l’appelle

Aux quatre points cardinaux

De la discorde.

Xxx

Comments

[jj dorio]

Irène
dans l'arène
numérique

Rebonds
Et renouveaux
De ces poèmes
nés de la nuit

Et qui jettent leurs éclats