Hans Holbein
L’ombre, ce qui reste de la tunique du passant passablement bien éclairé.
Xxx
Il lui demanda comment faire pour grandir. Et, d'une voix claire, il lui répondit, va là où tu seras l’étranger. Il pensa à Edmond Jabès. Il avait raison.
Xxx
On dresse bien les fauves, pourquoi ne parviendrait-on pas à dresser les grands vents et à les mettre dans un vaste et ébouriffant zoo éolien.
Xxx
J’ai réuni autour de la même table, l’Ogre et le Petit Poucet. Je n’en suis pas revenu... Les deux se sont coalisés contre moi, l’intrus de l’histoire qui voulait en être l’arbitre.
Xxx
Senèque plus ultra…Arrête ici, s'il te plaît.
xxx
Il est des sentiments que l’on ne peut imaginer que sur des échasses.
Xxx
J’ai surpris deux femmes nonagénaires s’esclaffant de rire. J’ai trouvé cela délicieusement optimiste et bien peu politiquement correct.
Xxx
Par je ne sais plus quel canal, j’ai recueilli de la bouche du poète dramaturge René de Obaldia, ce mot « L’humour c’est une surabondance de gravité ». Je lui offre hospitalité, de bon cœur, entre mes indigentes lignes. Tout comme j’y salue ce mot du philosophe Shmuel Trigano « Le paradis n’est pas un âge d’or mais un projet. »
Xxx
Je voudrais que C. me dise pourquoi la promeneuse de chiens le fait en fin d’après-midi, et le promeneur, plutôt tard, la nuit. La ville, pourtant, est la même.
xxx
On me dit que la jeune femme est un arbre fruitier et qu’il ne faut bousculer les saisons.
Xxx
L’aurore de ses seins éblouit le païen de minuit que je demeure.
Xxx
Le voisin a bien raison de me faire un procès pour savoir qui je suis.
Xxx
Deux corps mouillaient côte à côte sur la grève du souvenir.
Xxx
Voir bourgeonner et s’épanouir le silence, c’est aussi voyager.
xxx
Les convictions devraient être tirées au sort.. C’est, ne vous emballez pas, un saltimbanque qui parle.
xxx
Il lui était arrivé de franchir le seuil d’un dictionnaire de Mythologie et ne s'y était pas trouvé plus à l’aise qu’un éléphant dans un magasin de porcelaines. Depuis, il continue de ramasser des débris d'Hercule.
Xxx
Il était une fois…Il était une fois…Il était une fois...
Rien. Je fais simplement un exercice, mais rien ne suit.
Xxx
Un rêve inaccompli vient de m’assaillir et me réclame des dédommagements, que dois-je faire, docteur ?
Xxx
Un savant peut-il se hasarder à donner avec exactitude la date de naissance du vent ?
Xxx
Sans herbe la terre est moins terre et sans poussière le chemin est moins poussière.
Halte donc, au béton et au goudron !
xxx
La véritable esthétique ne met jamais de l’eau dans son vin.
Xxx
Avant que le manque de force ne te condamne aux fers, rallume le feu.
Xxx
S’il suffisait de lâcher dans la rue quelques bâches pour libérer la peinture ?
Xxx
La télévision aurait développé nos compétences simiesques. Il suffit de voir la gueule des téléspectateurs devant leur écran pour en être aux trois-quarts convaincu. Le dernier quart suivra, ayez confiance!
Xxx
Mais si, je te l’assure, les sentiments ça s’époussette comme les tapis. Mais il faut que tu y mettes du tien.
Xxx
L’un demandait…Artaud. Un autre, Bachelard. L’un demandait…Bataille. Un autre, Breton. C’était au temps où les librairies étaient aussi nombreuses que les bornes-fontaines. Lui s’avança -et sur un ton qui semblait coupable- interrogea « Avez-vous « Nez de cuir » de Jean de La Varende ? La demoiselle revint avec le livre et un second, "Les quatre fils Aymon", ce livre que vous avez oublié la dernière fois."
Xxx
Les erreurs et les échecs sont bon marché. Mais n’achetez pas tout tout de suite !
Xxx
L’envieux ne nous l’envoie pas toujours dire.
xxx
Châtelain d’un château de cartes je me doute bien que je ne me mets pas à l’abri pour très longtemps.
xxx
Ce matin, en ouvrant la fenêtre j’eus l’impression que la montagne avait toujours été là. Je commençai en fait à ne plus rêver debout.
xxx
Non ! Quand je recevais du courrier postal, je ne perdais jamais du temps à découdre les timbres pour confectionner le beau pyjama de mon troisième âge.
Xxx
Il n’est plus belle poésie visuelle que celle qu’écrivent tes yeux.
Xxx
Tous ces visages inconnus dans la rue et tous ces visages familiers à ta mémoire, ne forment-ils pas les deux ailes d'une angoisse rôdeuse.
Xxx
N’attends pas que Lagardère fasse le travail à ta place, entraînes-toi à... défourailler!
Xxx
Est-ce la faute à Descartes si la raison s’égare ? Peut-on lui reprocher de ne pas avoir trouvé remède au déraillement? Mais, de grâce, attendez encore un peu pour appeler un quidam à mon secours.
Xxx
Un ouvrage gisait à terre. Brèbicia Pirpinia le ramassa et le retourna. Il lut Jacques Lacan Le Séminaire livre XI, et ensuite Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil. Mais, c’est surtout l’image centrale de la couverture qui le retint : un vague air d’Holbein. Il y porta son attention, l’observa, s’y promena, en fit quatre ou cinq fois le tour, faisant en sorte de ne pas omettre de relever le petit détail que la moisson précédente aurait peut-être oublié. C’était bien –malgré la fadeur des couleurs, malgré le format, malgré les ans- Les Ambassadeurs de Hans Holbein.
Xxx
Comment habiller mes maux pour qu'ils ne soient pas jugés non présentables?
xxx
Je n'ai rien contre le culture du ciel, si l'on me laisse à mon culte du superficiel.
xxx
Elle posa ses douces mains sur mes épaules et joua de la harpe...L'heure de la récréation était arrivée.
xxx