Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
7 juillet 2013

Voyage de Valence à Madrid en octobre 1796


« Je suis arrivé hier dans cette ville (Madrid), ma chère amie, et j’ai fait ma route le plus heureusement du monde. Je t’ai écrit de binaros et ensuite de Valence où nous n’avons séjourné que quelques heures. Cette ville est assez belle et il y a une promenade magnifique auprès de laquelle la rambla de barcelone peut passer pour une cochonnerie. La campagne est superbe dans tout ce royaume, et elle a l’air d’un jardin très vaste, plutôt que de tout autre chose. La route depuis là jusqu’ici a été superbe et je l’ai trouvée d’autant plus belle qu’elle est infâme de barcelone jusqu’à valence. Ce qu’il y a de désagréable c’est qu'on ne trouve absolument rien dans des auberges magnifiques, qui contiennent quelquefois des lits pour quatre vingt personnes. Un voyageur fatigué doit en arrivant envoyer chercher de la viande à la boucherie du pain chez le boulanger, etc. en dépensant énormément de l’argent, on ne peut pas réussir a être servi  médiocrement bien ; on ne manque jamais au sortir de l’auberge de vous faire payer  (à part tout ce qu’on a pris en détail et la peine  des domestiques) ce qu’on appelle dans ce pays, el ruido (1), c’est-à-dire le bruit que vous occasionnez dans la maison ; et cela se paie quand on n’auroit pas pris un verre d’eau dans l’auberge, par cela seul que votre voiture y est entrée ; enfin, dieu préserve toute personne à laquelle je m’intéresse de voyager dans ce pays. Il ne m’est arrivé dans ma route d’autre accident fâcheux que celui, comme je t’ai déjà dit, d’avoir  le fer de la malle ou on met un cadenas rompu par le milieu, par les secousses du mauvais chemin, dans un maudit endroit appellé le coll de balaguer (2). un de mes compagnons de voyage a été le citoyen belvéze, qui étoit directeur des vivres à l’armée française; c’est un homme d’esprit, bon enfant, et d’une gaieté qui a bien servi à nous désennuyer en route. Je suis venu en carrosse à six mules et il m’en a couté trente dourous pour la voiture seule mais aussi nous avons été comme des princes. La nourriture m’a couté à peu prés autant malgré que dans bien des endroits je n‘aie presque rien mangé. Je t’écris de chez mon cousin qui m’a reçu le mieux du monde, ainsi que sa femme. Elle m’a accablé de politesses, elle est vive, spirituelle et un peu philosophe ; sans être jolie, elle peut passer pour une femme agréable, surtout en conversation. Elle m’a accablé de politesses et m’a beaucoup parlé de toi. mon cousin ne va plus à barcelone mais il part dans deux jours pour le camp de St roch (3) et me laisse ici avec sa femme qui est désespérée de ne pouvoir  pas le suivre. s’il faut en croire les apparences, ils sont amoureux l’un de l’autre, et je t’assure que j’ai du plaisir à les voir ensemble. »

 Lettre à sa soeur Thérèse de François de Fossa.  Madrid  (« il y fait un froid d’enragé ») 28  8bre 1796

1) Souligné par François de Fossa. Le ruido= Le bruit

2) Souligné par l'auteur. Ce col en Catalogne (Vandeellos/Hospitalet) permet de passer du Camp de Tarragona à Terres de l'Ebre.

3) en Andalousie, près de Gibraltar.

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité