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Met Barran
3 mai 2014

Je me le dois

Beaucoup mettent leurs mains dans leurs poches et j'en connais qui mettent leurs yeux dans leurs poches.

Il lui dit mais ça ne veut rien dire. Il lui répondit: je sais bien mais que veux-tu je ne puis me défaire de cette habitude: je tente, je tente... de dire... quelque chose... de clair... pour tous. L'autre sourit, lui serre la main et lui dit "Bonsoir".

Comment pouvons-nous nous soigner aux petits oignons, nous n'avons pas un radis?

Les séismes naturels et les conflits guerriers sont nos meilleurs professeurs de géographie.

Pourquoi pleurez-vous, Bernard? Parce que ce Monsieur-il rejetait à l'instant son mégot de cigarette et crachait à la suite-m'a avoué qu'en vingt ans, il n'avait pas un seul livre, même pas un "Mickey", voilà pourquoi je pleure, Laurent!

On peut être cynique sans se percher sur un balcon pour proférer les sentences, on peut, tout aussi bien, proférer les dites sentences -on en trouve de très bonnes à foison sur le net- en restant allongé sur son transat.

"Jazz Magazine Jazzman" est un mensuel de référence tous les jazzophiles vous le diront. C'est vrai, mais lui, il faisait bien mieux que le dire, il invitait à le lire. A chaque parution autant de raisons de le dévorer qu'il y a de grains dans une grenade (comptez-les à la saison prochain et vous saurez), et pour le dernier numéro actuellement un kiosque (ou dans votre boîte à lettres si vous êtes abonné), deux de très appétissantes, la suite d'un grand dossier Duke Ellington et un grand dossier Claude Nougaro -vous voyez qui je veux dire, hein! Le jazz, plus qu'un banal éphéméride musical, toute un fleuve de culture avec des fières épaulettes de civilisation, dont l'un des éclaireurs s'appelle John Zorn.

Tant que j'entends, j'écoute. Tant que j'entends je sais qui parle bien qui parle mal, qui parle en bien, qui parle en mal. Il y a des gens surprenants que l'on ne comprend pas toujours qu'ils disent du bien ou du mal de moi ou d'elle ou de lui Tant que j'entends, j'écoute...Je me le dois.

"Dali Two n'est pas content. Il peste, re-peste et peste un fois encore. Il est vert de colère. Il ne retrouve plus sa gare de Perpignan. Ceux qui le reconnaissent se demandent ce qui se passe et osant s'approcher du maître -vieux maître, il est vrai, et déjà sourd et perclus de nostalgie-lui demandent ce qui se passe. J'ai été trahi. On m'a trahi -et les proches voit ses moustaches tomber à la renverse, l'homme est malheureux, défait, combien de temps tiendra-t-il ainsi. On craint pour lui, on l'entoure, de plus en plus de monde, par l'odeur du fait divers attiré, s'attroupe autour de lui. Le parvis de la gare est noir de monde. La plupart des gens ne savent pas ce qui se passe, d'ailleurs la plupart des gens se contrefichent de savoir qui est au centre de l'attroupement, ne compte que le plaisir (malsain?) de la coagulation numérique. Quelqu'un lance par-dessus les têtes, c'est Dali? Qui, répond un tumultueux mais vague écho. Dali, le génie! Ce dernier mot tombe à plat aux pieds du dernier arrivant qui se voit refoulé, avec des dizaines d'autres, dans le hall de la gare. Point critique d'une rencontre entre un dedans et un dehors. On voit, alors, une silhouette qui s'élève sans ailes du coeur des foules rassemblées, on la voit marcher, cette silhouette, sur des têtes blondes et brunes et blanches avec poivre, sans sel ou l'inverse, décolorées, recolorées, elle marche déterminée, sans gêne, ouvrant un petit parapluie orangé au-dessus de sa tête (le soleil dard, sans pitié, en cette heure d'après-midi d'août, elle progresse, la silhouette, ou il progresse lui Dali, Dali Two qui est le modèle de cette silhouette, vers l'entrée ou peut-être la sortie du hall de la gare, on dirait qu'elle ou il distribue des bombons ou des billets (de train pour Tokyo ou Montluçon), non ce sont ni des billest ni des bonbons mais des larmes, il ou elle pleure, un enfant à califourchon sur son grand-père, le/la reconnaît -c'est lui, oui la silhouette est suffisamment transparente pour qu'il l'est identifié, malgré son jeune âge, du premier coup, il l'a vu à la télé-c'est Dali, le comique, celui qui, pour faire rire, roule les "r" comme un catalan qu'il voudrait être mais qu'il ne sait pas être, et dit qu'il est peintre et aime qu'on l'aime. Dali vole dans les airs, marche sur les têtes, certaines s'inclinent, quelques unes blessent ses pieds, Dali pénètre et s'installe dans le hall de la gare, angoissé bien que céleste-qu'il est loin le temps, pense-t-il, où il s'en esbaudissait de cet endroit dérisoire, petit nombril, centre d'affaires ou pas, centre du monde, centre de l'univers (sans doute a-t-il manqué un M. Edmond Rostand à ce fils oviphage et prêchi prêcha surréaliste de Figuères), aujourd'hui -pense-t-il dans sa solitude d'oiseau qui n'arrive pas à trouver ni branche ni terre- aujourd'hui, il peste, non et non et encore non, je n'écrirai pas une seule ligne sur ce lieu boulversé que je ne reconnais plus, qui m'a trahi, j'arracherai des livres tout ce que mon imagination a pondu sur cette gare qui ne méritait pas mes couvées. Dali Two est au mileu du hall de la gare, la silhouette s'est posée, et a pris corps d'homme. On dirait -mais il y a trop grande foule pour pouvoir l'assurer- qu'il tient un meeting tant et tant d'oreilles tendues l'écoutent. Dali Two n'est pas content. Il peste, il a compris que la postéritén une fois épuisés les crédits, vous oublie. Génie, ou pas génie! La masse hurle, on dirait une meute, une houle qui se met en mouvement. C'est fini, elle a étouffé Dali Two."

P. OVRE-DEUTOIT

xxx

 

 

 

 

 

 

 

 

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