Du côté de chez de Fossa

Ainsi donc, à suivre certains de nos amis, il faut désormais inscrire en lettres d'or le nom de François de Fossa sur la liste des grands compositeurs de musique nés dans les Pyrénées-Orientales au XIX° siècle, même si la plupart d'entre eux n'y ont fait ni oeuvre ni carrière.

Pedro Etienne Solère (Mont-Louis 1753-Paris 1817), compositeur, professeur de musique, clarinettiste.

François de Fossa (Perp. 1775- Paris 1849), militaire, compositeur, guitariste. 

Jacques François Gallay (Perp. 1795-Paris1864), compositeur, corniste, professeur de musique. 

Joseph Lomagne (Perp. 1803-Perp. 1868), violoniste, professeur, directeur.du Conservatoire de Perpignan

Georges Bousquet (Perp.1818-Paris 1854), compositeur, auteur d'opéras, ami de Mendelsshon (1809-1847) et critique musical.

Ernest Cabaner (Perp.1833-Paris 1881), le barman pianiste, poète, ami de Charles Cros (1842-1888) et Arthur Rimbaud (1854-1891). (les voyelles de ce dernier lui doivent plus qu'un peu).

Nous avons ainsi un inattendu  mais bien sympathique "Groupe des Six"

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A la naissance par exemple d'un François de Fossa, Perpignan n'est pas un désert musical comme nous pouvons le relever des quelques notes qui suivent.

1770. Création à Perpignan d'une Académie Philharmonique. Société lyrique, pour l'étude de la musique classique: organisation de concerts, participation à des cérémonies publiques.

1813 : Inauguration d'un nouveau théâtre.

Preuve de la bonne santé musicale de la ville à cette époque, le fait que César Gardeton  (1786-1831) cite dans sa « Biographie musicale de la France et de l'étranger », publiée en 1822 cite pour Perpignan, la vingtaine de musiciens  que nous avons regroupés ci-après:

Ancessy, violon-Artus père,luthier, marchand de musique et professeur-Artus fils, violon, marchand de musique- Artus (Joseph), alto, Artus (Pierre), cor-Barrère père-basse, organiste à la cathédrale- Barrère fils, basse, Bombes, basse-Coste père, chef de musique d'église, contre-basse-Coste fils aîné, professeur de chant, cor, chef de l'école d'enseignement mutuel de musique, Coste (François), premier violon, Coste (Joseph), professeur de guitare, de flûte et de basson, Gallay, premier cor, compositeur, Garret, flûte, hautbois, facteur d'instruments à vent, Lafforge père, hautbois, flûte, Laulnes, professeur de guitare, second violon, Mouchoux (Henri), professeur de guitare, premier clarinette, compositeur, Rimbau, clarinette, Vinals, chevalier de l'Eperon d'Or, organiste à St Jacques, professeur de piano, harpe et harmonie, compositeur.

Remarquons d'une part que Joseph Lomagne n'est pas cité, sans doute parce qu'encore du fait de son âge non établi au moment de l'enquête de Gardeton et d'autre part parmi les musiciens mentionnés figurent trois professeurs de guitare, ce qui incline à penser que cet instrument est connu depuis déjà un certain temps dans la ville natale de François de Fossa qui en a fait son instrument d'expression de prédilection. (Nous ne savons hélas pas grand chose sur Joseph Coste et moins encore sur Laulnes ou Henri Mouchoux, ni sur qui aurait pu donner les premières leçons à de Fossa.)

1827. Disparition de l' Académie, bientôt  relayée par une nouvelle où Joseph Lomagne (1803-1868), fait ses premières armes.

Perpignan n'est pas un "désert musical". Dans la "Revue musicale" de François-Joseph  Fétis (1784-1871) numéro du 3 février-juillet 1828, on peut lire à la page 379 dans la rubrique "Soirées lyriques" ceci: "La ville de Perpignan s'est de tout temps distingué par la disposition de ses habitants pour cet art."

Lomagne va s'imposer comme le grand nom de la musique de l'époque, en particulier dans le domaine de l'enseignement.

1837: Création d' une école lyrique, publique et gratuite pour l'éducation musicale des enfants.

1842:  Création du  Conservatoire de Musique de Perpignan.

 Un autre signe du bon diagnostic de la santé musicale perpignanaise est l'état de la lutherie, de la facture et de la vente des instruments de musique. On dispose de quelques noms et quelques dates -provenant des recherches des l'etnho-musicologue Henri Francés et du musicien historien André Cortada.  Les voici très brièvement synthétisées et ordonnées.

Après 1817, Valentin Touron (1777-1850), né à taillet et marié à Camélas, s'installe comme luthier place Blanqui (à l'époque dite "plassa de les Ases"= place des Anes). Touron est non seulement facteur d'instruments à bois mais également joueur de cornemuse dans les formations dites cobles de la région. Son fils André (1815-1886) sera à son tour artisan et musicien. 

1823. Un certain Fauginet, originaire de Carcassone,  est installé comme luthier à Perpignan, 23 rue St-Sauveur.

1825 : On trouve Vallote, pere et fils, place Laborie

1826 : Artus (certainement le père Artus, de la liste de Gardeton).

1836 : Fraisse 

1844 : Pierre Brisillac.

A quoi il ne faut pas manquer d'ajouter des artisans et des commerçants ambulants.

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L'activité de création de François de Fossa comme celle de la plupart des autres musiciens regroupés dans le groupe des sic du XIX° siècle a peu à voir avec Perpignan ert son contexte historique ou culturel. Si l'on ne retient de cette activité que la partie hexagonale, française en laissant de côté les parties espagnole et mexicaine, il est bon de rappeler pour bien fixer les idées que l'enfant de la rue Na Pincarda est plutôt de la génération d'un Boiledieu (1775), ou d'un Auber (1782-1871, que de celle de Berlioz (1803-1869), Adam (1803-1856), Chopin (1810-1849) et Gounod (1818-1893), ou de celle de Bizet (1838-1875), Saint-Saëns (1835-1921), Massenet (1842-1912), Debussy (1862-1918), Ravel (1875-1937)

Fossa a 28 ans de plus que Berlioz  pour retenir le musicien français phare du XIX° si. et 35 ans de plus que Chopin. qui passa au moins une nuit à Perpignan, à l'Hôtel de l'Europe, dans le quartier ou était né le Haydn de la guitare. Né la même année que Boieldieu (1775), Fossa s'éteindra la même année que Chopin (1849). 

Fossa, outre ses créations propres, a composé  des  transcriptions et arrangements sur des oeuvres des musiciens français et étrangers suivants 

 Gluck (1714-1787), Piccini (1728-1800), Sacchini (1730-1786), Haydn (1732-1809), Dalayrac (1753-1809), Mozart (1756-1791), Méhul (1763-1817), Berton (1767-1844), Beethoven (1770-1827), Spontini (1774-1851), Ramon Carnicer (1789-1855), Rossini (1792-1868) i Enrique de Ataide y de Portugal (fin XVIII°/ ½ XIX°).

Cette recension est loin d'être exhaustive, car l'oeuvre dispersée de François de Fossa n'a pas encore été totalement (le sera-t-elle un jour?) rassemblée et consignée dans un catalogue.

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