Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
6 février 2015

La caquetteuse des Grands Lacs

Emmurés dans l'ignorance, nous tous et nous toutes, qui ne savons pas distinguer un nid d'hirondelle d'un nid de guêpes, comment nous prétendre éclaireurs de notre temps?

Ah! Comme il me serait agréable de pouvoir bâillonner le quémandeur insatiable qui loge dans mes étages supérieurs!

L'escargot est le plus pragmatique des êtres vivants, il ne sort que l

M'acoquiner à des pollens nouveaux pour des missions nouvellement bienfaitrices!

Journellement, ils brossent leurs livrées, ponctuels à leur tâche:

Allez, va! File...le soleil de minuit est déjà dans le jardin. Regarde les tomates rutilent!

Elle déposa cinq gouttes de blanche rosée sur sa lèvre brûlante.

Chaque fois que l'on me parle de "services secrets" je ne doute pas que l'on ne me dira pas tout, que l'on me cachera des choses, et donc je prends les devants, je m'équipe, j'ouvre l'oeil, je prête l'oreille, je camoufle ma vidéo et mon magnétophone, je rassemble tous mes traités de langages cryptés et tous mes décodeurs multilingues et toute dernière génération. Chaque fois que l'on me parle de services secrets, je me mets dans la peau d'un espion.

Il est des mots, me disait un vieux lézard assis sur un parapet, des mots auxquels la vie a endeuillé le plumage, coupé les ailes  et limé le bec, des mots qui, comme moi, se traînent vers ce parapet et nous partageons un verre de soleil en évoquant nos infortunes.

Le coton n'est peut-être pas l'étoffe des héros, mais il nous fait bien liquider nos stocks.

L'écorché poétique? Non ce n'est pas ce Christ aux anciennes entrées ou sorties des villages, ni non plus cet Épouvantail au milieu des anciens champs, avant que le béton ne les recouvre. L'écorché poétique? C'est tout simplement ce poème sans chair ni sang, mon skeleton qui ne tient pas sur ses guiboles désarticulées.

Pour ne pas perdre le sens de toute mesure et ne pas s'aveugler à bas prix, j'appelle Rimbaud à la rescousse.

-"En somme, une Fleur, Romarin

  Ou Lys, vive ou morte, vaut-elle

  Un excrément d'oiseau marin?

  Vaut-elle un pleur de chandelle."

(cf. "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs").

Pour fendre l'eau nul besoin de cette hache scintillante, le tranchant de ton corps suffira.

Il s'endormit hospitalier aux migrations oniriques et autres jeux érotiques.

Pour quel visage, confectionnes-tu, ce masque qui nous ressemble tellement?

Être et âtre: même chemin de cendre.

Quel piètre statut aurait, dans nos verbiages politiques,  le "mais" s'il n'accompagnait bon gré malgré ses potes sacro-saints le "oui" et le "non"?

C'est fou le nombre d'entreprises qui ont besoin de talents et ne font jamais appel aux nôtres.

Avec son arrogance caquetteuse, elle faisait penser à sa mère l'oie.

En lisant, une lettre de François de Fossa (1775-1849), de Paris et en date du 21 octobre 1814, je tombe sur une expression qui pourrait être de sa plume mais qui possède une musicalité de proverbe. La voici: "Il faut appeler un chat un chat et Rollet un fripon". Par cette phrase, de Fossa tient à distinguer son caractère de celui de son protecteur Miguel Joseph d'Azanza, duc de Santa Fé, alors en exil ("Quelle modération dans les principes chez cet homme impassible!). Je me mets à vagabonder enquêtant sur les précédents de la très mémorable formule un chat est un chat. Et, je lance, mode du temps, ma ligne dans les Grands Lacs de l'Internet. Un vague clic et, demi-étonnement, le bouchon sautille et je ferre... et puis je tire -sans résistance- vers moi. Au bout de mon hameçon virtuel, trois vers....de Nicolas Boileau (1636-1711).  "Je suis rustique et fier, et j'ai  l'âme grossière/ Je ne puis rien nommer si cen n'est par son nom./ J'appelle un chat un chat, et Rolet un fripon." Tiens! Tiens! Ces vers proviennent de "Damon ce grand auteur..." Satire 1 (1660). Je souris et je trouve plutôt drôle et très sympathique que François de Fossa ait été (je l'imagine très dissetièmiste) un lecteur d'un auteur pour lequel, dans mes années lycéennes, j'eus quelque penchant et intérêt. Fossa, sans aucun embarras parisien, l'avait fait sien; il me rappelait à lui. Satisfait de mon lancer, je me préparais à enrouler mon fil et ranger ma canne, quand dans un éclair de mémoire je me suis souvenu d'une pensée qui, dans notre actualité début XXI° s, traverse de nombreux dialogues, et dont nous nous faisons parfois des colporteurs plus ou moins avisés et à plus ou moins bon escient. C'est la phrase hypersémantisée de l'écrvivain Albert Camus (1913-1960): "Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde". Vous voyez de quoi je parle.  (Philosophes et journalistes en usent et abusent.) Le sens général de cette nouvelle sentence paraméliogique ne l'éloigne pas trop de celui du vers de Boileau. Cependant, contrairement à Camus, Boileau, lui, nomme le... fripon: Rolet. (Un procureur véreux du temps). Mon intention n'est pas de discuter ici, surajoutant pinaillerie à pinailleries de surenchères politico-éthiques, si Camus (le Bien-aimé) a dit, littéralement, ce que l'on cite de lui, mais de vous rapporter tout le fruit de ma pêche vagabonde dans les Grands Lacs de l'Internet. Jour de chance,  j'y ai pris un autre gros poisson du XX°, "frère ennemi" de Camus, Jean-Paul Sartre (1905-1980), lequel (maudit s'il en est aux yeux de certains détracteurs), parlant également de langue et de littérature, a laissé par écrit notamment ceci: "La fonction d'un écrivain est d'appeler un chat un chat. Si les mots sont malades c'est à nous de les guérir. Au lieu de cela, beaucoup vivent de cette maladie. La littérature moderne, en beaucoup de cas, est un cancer des mots." Ne me dites pas après ça, que Camus et Sartre auraient habité, sur la planète de la pensée, aux antipodes l'un de l'autre et n'auraient rien connu de Boileau! Si vous veillez à la qualité des eaux des Grands Lacs de l'Internet vous verrez combien ils sont poissonneux et utiles.

Jimmy FREE- VOOLE

xxx

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité