Le "sant Jordi" du 23 avril

La singularité de la sant Jordi en nord Catalogne c'est que celles (communes) et ceux (villages) qui y prennent part en la ( le saint est masculin mais sa fête c'est féminin) déclinent et la (voir ci-avant) timbrent à leur façon, ni toujours tout à fait la même ni toujours tout à fait autre (c'est paraphrasé). Bref sur l'harmonium de chaque paroisse, on ne trouve pas toujours la même clef de sol, et lorsque sont les cloches électroniques qui y tintent, elles ne se prolongent pas dans le même écho. Mais la sant Jordi en nord Catalogne, en territoire cis-pyrénéen, des Brébyces jusqu'aux Volques Tectosages, on peut dire (et donc ne nous l'interdisons pas) est une réussite. Il y a déjà quelque temps que l'événement au pied du Castillet s'est fait tradition autour du Canigou. Si la carte des célébrations de la sant Jordi ne domine pas tout le territoire (loin s'en faut, à nous deux demain!), elle s'est bien étoffée sur quarante ans. La preuve d'une tradition, c'est d'être suivie, de se répéter, de durer. La chose vivante fait toujours des pieds-de nez à la chose fossile.

Actuellement -et nous voilà entrés dans la "séquence santjordina"-une ribambelle de localités (elles ont retroussé leur manches, raclés les fonds de leurs poches) affichent leurs calendriers et programmes de festivités, sortent ou s'apprêtent à sortir force livres et moultes roses pour ne pas compromettre la bonne santé du couple Amour/Culture.  Mais on ne rivalise pas. On n'est pas en compétence. Il n'y a rien à gagner comme dans classique concours fleuri. Des initiatives, souvent associatives avec coup de pouce municipal, plus ou moins marqué, smic justice ou minimum charité. Ces festivités s'exposent, ici, en toute transparence: Il y a bien eu (dit la légende) un beau prince qui a chevauché et combattu pour arracher un jolie princesse des naseaux fumants de l'horrible dragon (à vous de nommer les trois personnages!). Je me souviens!  Et ailleurs (lequel qui sait très près de chez vous), ces festivités s'exposent dans une plus grande... confusion. Consécutive, peut-être (mais un esprit malin pincé dans son ego a pu aussi bien  y glisser son grain de poudre à perturber), à la queue-leu-leu des éphémérides: printemps des poètes, jour mondial de la Poésie, journée mondiale du Droit d'auteur, festival du livre...ouf!... Ainsi se trouve floutée (comme on dit à la télé) l'image de sant Jordi.

Le sant Jordi d'un 23 avril que l'on déplace dans le temps comme bon peut sembler, en l'avançant ou en le retardant. Cuisiné à bien des sauces et à combien de petits profits électoraux?: chanson, musique, théâtre, table et...livres catalans. Ah! Quand même!

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