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Met Barran
12 mai 2016

Les intruses

Ce matin, il voyait bien au premier examen de l'image qui lui était renvoyée qu'il s'était passé quelque chose. Planté devant son lavabo, il faisait sa toilette, et entre deux ablutions bruyantes, son regard avait surpris sur le front de l'image des petits signes. Il accéléra du coup ses ablutions (sept le compte exact de celles qui étaient utiles au vieux Dufilho pour se sentir bien, récupérer après une pièce). Il se regarda à nouveau, pensant avoir dispersé, lavé les petits points, en vain, il frotta même la surface de son miroir, où quelque buée aurait pu s'accrocher pour empêcher l'identification des intrus, en vain, et alors il inspecta -comme un médecin légiste l'airait fait sur un cadavre, suivi d'un un shot de photo-reporter pour, enfin, en avoir le coeur net. Une photo prise à cette distance ne pourrait mentir. De l'eau dégoulinait encore de son visage. Les points étaient devenus (miracle des ablutions!) des taches, bien visibles, presque identiques de forme et de couleur, presque nées de la main d'un peintre invisible mais de talent. Cette nouvelle image ne le rassura pas, bien au contraire, elle nourrit son étonnement jusqu'à l'inquiétude, ce qui l'engagea à mener une enquête plus approfondie, pieds joints devant son lavabo, avec sa serviette il épongea les dernières gouttes qui perlaient son front, se demandant s'il s'agissait des dernières gouttelettes d'eau ou des premières de l'angoisse? Front to front! Son front physiquel face à son front visuel. Mais qu'était-ce donc? Des pousses d'hypothèse avaient plusieurs fois suspendu son bras, mais il les avait déracinées et effacées par un revers du gant de sa main droite. Il ne pouvait y croire, déjà? si tôt? et chez lui, Momo le Dermato? Il aurait aimé conclure que ce n'était pas du domaine du possible, qu'il n'était pas encore arrivé aux labours d'automne de sa peau, puisqu'aucun sillon n'était apparu sur son front, hier encore, luisant et jovial. Quelle triste nuit avait-il du passer ou combien d'années n'avait-il pas vu passer pour se voir ainsi dans la glace!. Et les yeux écarquillés, plus écarquillés qu'à l'accoutumée où du léger et guilleret, du premier janvier à la saint-sylvestre, il sautait du lit, le monde à ses pieds. Il n'avait alors aucune raison de craindre d'être pris dans quelque piège, comme c'était le cas ce matin, piège ourdi par un être réel ou un être de fiction (tout reflet, a bien le considérer, pose devant nous un espace de fiction). Momo, à présent, était convaincu. Le ciel était bas, et le soleil mis au rencart...Il savait, mais qui d'autre que lui aurait pu l'être: les intruses étaient des... taches de vieillesse. Le professionnel c'était lui. Des taches, pensa-til, qui ne se cachent même plus, et il en décompta jusqu'à sept, sept jolies petites brunes. Il n'avait jusqu'à ce jour jamais imaginé que son front était aussi large et sa peau si propice à la culture de la vieillesse. 

xxx

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