Avant-premlière d'un film d'André Soucarrat

"Disparition des Pyrénées-Orientales" est le dernier livre du regretté romancier Claude Delmas. Si l'on fait un lien (et pourquoi ne pas le faire) entre ce titre et le contenu du film "Une caméra en Catalogne nord" que doit présenter ce vendredi son réalisateur  André Soucarrat à Port-Vendres, on voir en lui une sorte de "arche de noé" de la mémoire d'un pays. Plus particulièrement de la quarantaine d'années qui viennent de s'écouler avec des paysages, des événements et des visages qui firent, ont fait, continuent de faire ou commencent à faire. Arche de noé, cependant sélective puisque regard d'une personne singulière qui est née dans ce pays (comment dire à présent que la scène Occitanie a dressé son estrade? "pays catalan"), l'a quitté pour raisons professionnelles, y est revenu, d'abord pour des congés, ensuite pour y jouir de sa retraite, non pas en pépère somnolent sur le parvis de sa maison, mais ja jambe alerte, l'oeil vif, l'objectif de sa caméra toujours prêt à saisir ce qui l'interesse, le touche, l'émeut lui semble digne d'archive, de trésor de mémoire...collective. André Soucarrat adore faire des images, parce qu'il aime la vie, qu'il aime l'histoire et la transmission. Les gens ne sont pas éternels, l'image délivre à un certain nombre un certificat de courte, moyenne ou plus longue postérité qui retarde l'oubli de ce qu'ils étaient ou voulaient être, des actualités dans lesquelles ils s'inscrivirent -et dans lesquelles, d'autres après eux, suivant le rythme des générations, s'inscrivent avec plus ou moins d'efficacité, d'impact et de bonheur. Le film mémoire d'André Soucarrat que le cinéma port-vendrais Le Vauban présentera ce vendredi en avant-première (mais sur invitations) est cette séquence d'histoire, cette tranche de vie collective composée avec les habitants de (allez-obstinons nous dans les mauvaises dénominations) du "Roussillon" ou de "Catalogne nord," qui y sont nés où qui y sont venus d'ailleurs, résidents d'assez long cours, simples visiteurs: un concert, un match, une conférence, une signature. Répétons-le, l'affaire est subjective, et l'iconographie non exhaustive. Elle nous "montre", nous rappelle quelques quartiers de la vie locale, perpignanaise ou départementale, elle nous remémore ou présente (de notre seul balcon on ne peut tout voir de ce qui se passe dans la rue!). Presqu'une centaine de personnes apparaissent à l'image et au son, quelques compagnons de la Libération (comme Pierre Clostermann), quelques rapatriés, quelques élus ou anciens (maires et "conseillers généraux"), quelques militaires (généraux et colonels), quelques associatifs (André Bonet, Philippe Benguigui), quelques artistes (Suzanne Ferrer), écrivains (Hélène Legrais), musiciens et chanteurs (Nayah), et beaucoup de "usapistes" (ici on joue surtout à XV, de Fernand Vaquer (1889-1979) à Nicolas Mas !), des journalistes aussi (dossard L'Indépendant)...Un cocktail de personnalités locales avec ou sans une promotion nationale (même s'il n'est bon bec que de Paris). Un ou plusieurs bouquets de personnalités internationales: Martin Gray (1922-25 avril 2016), Elie Wiesel (1928-2 juillet 2016) mais aussi Robert Badinter et Serge Klarsfeld et... pour tenter de clore le long générique sur fond de Castillet ou de Canigou ou de bleu méditerranée (ils sont 96 dont 16 visages et témoignages féminins): Lucien Clerge (1934-2014), Etienne Roda-Gil (1941-2004), Jordi Barre (1920-2011), Arthur Conte (1920-2013),  Michelle Torr, Johnny Halliday, Michel Sardou, Dominique Bona...André Soucarrat ne se prétend pas historien, c'est un simple chasseur d'images avec une gibecière bien remplie, un architecte-maçon de mémoire.

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