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Met Barran
17 janvier 2017

P.O.: La filière liège (Art)

A Perpignan, où la culture semble plus flottante qu'ailleurs on semble préférer aux êtres d'acier ou de marbre, les êtres de liège. Dont acte, après tout le liège est un matériau de belle écorce, tiré d'un arbre de bonne lignée. Rien d'étonnant à ce quelques artistes, plus aristocrates que les autres -dans leur façon de percevoir, de toucher et de l'habiter-s'en soient rapprochés, volontaristes ou aimantés, pour s'unir à eux et nous donner de beaux fruits. Dans un certain jargon, ces fruits sont appelés oeuvres d'art. A Perpignan, on sait de mémoire pyrénéenne chênes-liège et liège veulent dire. Et pas seulement par ce que l'on a appris à faire sauter les bouchons des meilleurs crus. Nul besoin, ici, d'en faire l'économie régionale, merci suberaies des Albères et du Vallespir. Il est un homme de lettres, Ludovic Massé (1900-1981), qui l'a tout simplement nommée et métaphorisée "La terre du liège", terre et non pays, comme pour dire quelque chose de premier, de "matriciel", de l'ordre nourricier du "matrimoine" et non de celui, légal, du patrimoine. "La terre du liège", un roman publié en 1953 par L'Amitié par le Livre, avec une illustration de Marcel Gili (1914-1993). Il sera réédité en 2000 par le "Trabucaire". C'est le livre intime d'une mémoire collective. Liège ni totem ni tabou mais inspirateur, initiateur d'une filière artistique dont il est le matériau de base qu'on le découpe, le sculpte, le peigne, le grave ou l'imprime. Une filière que l'on peut esquisser et marquer les événements suivants. Ce n'est pas un hasard, bien sûr, si c'est le fils de l'auteur de "La terre du liège", Claude Massé (il nous a quitté ce 3 janvier dernier à l'âge de 83 ans)  qui repéra sur ses pistes de prospecteur ( de ce qu'il nommera un jour un "art-autre") un artiste du liège, déjà remarqué par Jean Dubuffet (1901-1985) au sortir de la guerre, Joaquim Vicens Gironella (1911-1987), dont Claude Massé aimera le travail et la conversation au point de lui faciliter l'édition en 1990 au Trabucaire -en ce temps bien ouvert aux expérimentations et aux aventures- d'un travail singulier.  Il s'agit d'"Exaltació del suro i dels tapers" avec des gravures sur liège. Un (grand) livre tout liège. Une préciosité du catalogue de cet éditeur régional. L'ouvrage et la date sont importants dans l'esquisse, ici proposée, d'une chronologie de la filière "suro-art" (pourquoi pas? on dit bien en anglo-américain "corck-art"!). En effet, le travail du liège n'appartient pas seulement aux artisanats de la vie pratique, de l'objet, du meuble ou de la décoration. Cependant dans la catégorie art contemporain, il demeurait très marginal ou simplement factuel. Claude Massé en fit sa terre d'expression, dès la fin des années soixante-dix, traçant la voie royale vers la notoriété de son personnage multinumérique en liège, le "Patot". Du "Musée du liège", à Maureillas au "Museu del suro", à Palafrugell, du Site de la Création franche", à Bègles, en Gironde au  "Musée du liège et du bouchon" à Mézin, en Lot et Garonne, la ville natale du président Armand Fallières (1841-1931), il en imposa les populations. Claude Massé fut longtemps "Seul" dans les Pyrénées-Orientales et le Midi à travailler avec talent et imagination le liège  (écorces ou bouchons) au gré de sa fantaisie et de ses humeurs. Totalement investi, générant expositions et cristallisant littérature... Depuis ce début de ce XXI ème siècle, d'autres noms, et pas uniquement sur le plan local, sont apprus avec des caractéristiques différentes, des objectifs et des tours de mains différents. Comme, par exemple, le montalbanais Eric Marsiam (pseu. de Jean Andrieu, né en 1938), peintre abstrait et graveur,  formé à l'Ecole des Beaux Arts de Toulouse. Installé dans le département et ayant découvert les chênes-liège de Mauerillas-les-Illes (et ne pouvant ignorer les Massé), il entreprend de s'intéresser à leur écorce ("peaux du liège", comme naguère le peintre Roger Cosme Estève (1945) parlait des "peaux de la terre"). Mais, pour lui, c'est une récréation, une sorte de hobby et non une passion entière. Cependant Marsiam se pique au jeu graphique, chromatique et à la texture de l'écorce et suivra la même route... des musées du liège que son prédécesseur. A sa suite également c'est Pere Figueres (1950), l'homme des Aspres, le romantique des arbres, l'auteur compositeur interprète bien connu qui, se tournant vers le bouchon de liège, ajoute une corde supplémentaire (si l'on peut dire) à sa guitare et crée son personnage de liège qu'il nomme "Kanyatap", personnage qui ressemble autant qu'il se différencie de l'archétypal -et donc fondateur- "Patot". Aux historiens et comparatistes de l'art de tirer les conclusions les plus pertinentes du qui est qui et du qui fait quoi. L'esquisse ici ne cherche qu'à mettre en ligne chronologique. Les "Kanyataps" ne commencent à se montrer qu'en 2012 au Musée d'Art Moderne de Céret, soit vingt-cinq ans après que les "Patots" de Massé soient entrés au... prieuré de Serrabona en 1987...Depuis 2000, sur la scène internationale, d'autres "conversions" au liège et à sa ribambelle de bouchons, on été observées. Comme celle de l'artiste new-yorkais, David Mishkin, établi en Champagne et considéré comme un maître du "Corck Art". En 2015, il fut sollicité par la société "DIAM Bouchage"...de Céret pour réaliser quatre grands collages de bouchons de liège. Il nous plaît de croire que notre très regretté Claude Massé n'aura pas été pour rien dans la dignification artistique du liège et des dérivés...

Nos artistes du liège seraient-ils courtisés par...la Maison de la Région OCCITANIE Pyrénées Méditerranée, avenue de la Gare qui aura mis à l'affiche en 2016 : Pere Figueres et ses "Kanyataps" en mai-juin 2016 (organisé par Evina Loos), Claude Massé "L'homme liège" selon le livre-entretien avec Serge Bonnery chez "Trabucaire" (comme de bien entendu!) et annonce, pour ce prochain 26 janvier 2017 et jusqu'au 16 février,  "Les lièges de Marsiam" (organisé par Céline Marcadon de l'ACPC). Trois invitations...de Mme Carole Delga, la présidente de la dite région (qui ne parvient pas à reconnaître ce que "pays catalan" veut dire). A travers ces présentations la dite Maison de Région se rêverait-elle en Musée du Liège?

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