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Met Barran
20 février 2017

Le grand écart

Au pays des merveilles, d'où j'arrive, aucune ne m'égalait, disait un petit gros fat à un lévrier qui passait au pas.

Ayant cessé de courir après le monde (pour des raisons que rien ne m'oblige à avouer ici), je m'aperçus que celui-ci vraisemblablement fatigué de s'obstiner à me distancer, s'était essoufflé en mille miettes, chacune d'elle  se reposant sur l'un des bords -voire dans l'un des fossés- du chemin de course qui fut les nôtre, se refaisant une énergie nouvelle, sachant que je ne le rattraperai plus, que j'avais abandonné la partie (pour des raisons, disais-je, que je n'ai pas à avouer ici) et donc que je ne le menaçais plus de le faire voler en éclats -si l'ayant rattrapé je l'avais pris au collet-, de l'atomiser, de le pulvériser, de le néantiser; sans doute était-il las (voire haletant) mais tout à la fois heureux de ne pas avoir été la proie de mes mains avides. 

Si l'on parvenait à arracher le Mont Canigou et à la transplanter en mer, une fois construit un pont le reliant à la terre, entre Canet et Saint-Cyprien par exemple, nous aurions une espèce de Mont Saint-Michel.

Bomber le torse, rouler des mécaniques, craner. Ah! que voilà un argot d'un temps bien éloigné.

Gravés sur du marbre, les mêmes vers, font plus épitaphe que lors qu'ils sont imprimés sur du papier.

On aura beau nous materner, nous paterner, nous gouverner on ne verra jamais, nous les pauvres enfants et citoyens protégés, non, nous ne verrons jamais la vie dans le même ton de rose.

Ne tenant jamais en place, frappé de bougeotte aiguë, il n'a jamais pu apprécier le confort, la mollesse, la quiétude de son fauteuil Voltaire.

Il noircissait ses tableaux pour que le commanditaire n'en vît pas les défauts.

Heureusement, chez nous, il n'y a que des grands artistes. Si je vous le dis, c'est que je le sais, car chacun d'eux me l'a dit, confirmé et répété autant de fois que je l'ai voulu..

A son grand étonnement, comment pouvait-il imaginer, qu'ils passeraient à l'acte?, il vit des centaines, quelques milliers de complément d'objet, s'extraire des phrases auxquelles ils s'étaient montrés fidèles, de se regrouper sur les marges qu'ils n'avaient jamais -ou si peu- souillé d'une incorrection, et de là, le bon droit sur le coeur, les compléments par rangées de quatre -plus hurlantes que silencieuses- quittaient dans un si bel ordonnancement qu'on l'aurait dit orchestré, toutes les pages du Livre, arborant des banderoles où lui et tous les siens pouvaient lire " Non, non, non. Nous ne voulons plus être des compléments d'objet." Hors du livre, ils empruntèrent -parfois applaudis parfois conspués- rues et ruelles, places et placettes -évitant tout impasse, coupe-gorge ou pas de porte de boutiquier vindicatif- pour se rendre à la préfecture de la République des Lettres, où après la traditionnelle aubade polyphonique, ils déposèrent au pied de la grille d'entrée une motion réclamant la fin du statut du complément d'objets. "Non, non, non. Nous ne voulons plus être des compléments d'objet". A son grand étonnement, il entendit, s'étant frayé un passage dans ce brouhaha devant la grille de la République des lettres, une dame qui demandait: "Mais au juste, c'est quoi ce complément d'objet?".

Être et avoir été. Serait-ce que l'on appelle le grand écart?

On ne dit des bêtises, aurait du un directeur de station radio, que parce qu'il y a des gens qui en raffolent.

Une tête lourde copine avec tout ce qui est récalcitrant ou réfractaire. Laissez-la se défouler, qu'elle s'allège un peu et ensuite... reprenez-la.

Un coeur c'est comme un oiseau en cage: où il chante ou il s'évade. Où en est le votre à l'instant où vous me lisez?

xxx

 

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