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Met Barran
17 avril 2008

TUTOYER LE RIEN

...Il y a ceux qui ne partent jamais seuls. Asociaux, qu'ils disent mais suceurs. Non, ils ne partent jamais seuls à la conquête d'une breloque de vanité. Celui dont on parle, celui qui re-luit. Ils ont peur du désert, ils ont peur du travail. Ils n'avancent que calfeutrés. Ce sont des amoureux de bibliographies, plus ces dernières sonnent comme des trombonnes, plus ils trouvent leurs aises. Ils inspirent à pleins poumons tout ce qui, vérités ou mensonges, audaces ou conformismes, les a précédés. Une seule chose compte: ajouter un titre à la biblio du genre, espèce ou variété. Plus pilleurs qu'iconoclastes, plus marchands que chercheurs.

Et puis, il y a ceux qui partent toujours seuls. Comme s'ils étaient condamnés au bagne. Condamnés à devoir trouver eux-mêmes les cailloux que la sanction leur ordonne de casser. Et ils cassent, cassent, cassent se demandant ce qu'ils font ici, au bagne, quel crime les a enclos ici et les oblige à brouter des cailloux émiettés par le gros marteau (qu'il est beau, le marteau quand il assome et disloque le caillou!). Absolus chercheurs du rien...pour rien...contre le rien échange. Mais tutoyer, traîner le rien, met-il à l'abri d'une breloque de vanité. Pas sûr du tout! Allez, pauvre gugusse, un caillou de plus; ne perds pas ton temps. Le rien existe et il t'attend, comme il attend l'autre, le marchand, l'iconoclaste...

(extrait de "Passion indigène" de Lionel Tupije)

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