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Met Barran
11 septembre 2012

Au temps des chansons

Une jeune femme

 

Une jeune  femme en juin

Ineffable prairie-

Aube fragile, incertaine clarté

Puis, émois orgueilleux

Déjà sceau royal,

Solitude jaunie- vernale fureur

 

Buissons balbutiants-

Ombres fuyantes,

Tes cheveux-

Chaude senteur des herbes fauchées,

Tes cheveux chantent-

Sylphides de songe,

Songe d’amour –viole de mes doigts enfiévrés

 

Soupirs  de pur corail,

Volutes radieuses et folles,

Tes mains-

Molle langueur des lacs éthérés,

Nef des cygnes de juin,

Tes mains glissent-

Néréides de songe,

Songe d’amour –menuet de mes sens éveillés

 

Et ma bouche échoue sur ta bouche

Et mes yeux s’enfuient dans tes yeux

Et nos yeux confondus s’évanouissent

Près de nos bouches assoupies.

L’ineffable prairie s’appelle M….

 

(6 juin 1967)

 

Toi, ma sœur

 

Une évidence

Abstraite encore et informelle

M’enveloppe dans sa conquérante douceur

 

Une évidence

En moi

Déjà obstinément posée

 

Une évidence riche de demande du bout des yeux

Une évidence riche de promesses du bout des lèvres

 

Un visage

Par le souvenir mille fois trahit mais reconstruit

Un visage et aussi un corps

Evanoui parmi les avoines de la nuit

Et qu’un songe laborieux pourtant ranime

 

Pourtant ces yeux, ces mains, ce corps

Et ce livre de prières charnelles,

De mon âme sont l’évidence, la douceur

La sœur.

 

(13 juin 1967)

 

Comme je voudrais tant !

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras

Oublier le temps, oublier le tourment,

Comme je voudrais tant être dans tes bras,

Loin des gens, loin des agents,

Qui nous traquent et nous matraquent

Et volent nos ans et nos rires d’enfants.

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras,

Oublier les salauds qui crient bravo,

Oublier les salauds qui crient bravo,

Bravo parce qu’un Viet est mot,

Bravo parce qu’ils sont les plus forts,

Bravo parce qu’un Arabe s’enfuit,

Bravo parce qu’ils ont gagné le Sinaï.

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras,

Ne plus entendre les ronrons des cons

Qui nous jettent sous les ponts ou en prison,

De tous ces cons qui n’aiment pas les chansons,

Mais seulement le son de leur pognon, ce con.

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras,

A l’abri des disputes et de l’acier qui bute,

Des banques qui nous efflanquent,

Des églises qui nous méprisent,

Des banques et des églises, ces banquises

Qui traînent notre existence patraque,

Israël incertain sur un océan de fuel.

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras,

Pour rêver de tous les enfants heureux dans notre hutte,

Cette hutte en bois-refuge des cœurs aux abois.

 

Comme je voudrais tant être dans tes bras

Et que tous les hommes soient rois

Et que finissent les temps des luttes,

Des mensonges et des faux, ces temps idiots.

Comme je voudrais tant être dans tes bras

Et te dire je t’aime dans la langue des oiseaux

Et te dire je t’aime dans la langue des ruisseaux.

 

Comme je voudrais tant !

 

(20 juin 1967)

 

Amée Alcée

 

Il est un gros œil noir dans le béton hirsute

Un gros œil noir qui tourne en albugo

La nuit venue

Et m’éblouit

Et m’enchante.

 

C’est une alcée d’une inerme beauté

Aux bras nus incrustés de bleus d’amour

Sa robe d’alépine flamboyante

Est toute mouillée de pétales d’étoiles

 

C’est une alcée –incarnate et altière amazone

Amblant dans une aveinière rieuse.

C’est une alcée –amante impeccable

Ambroisie digne d’un hyménée princier.

 

Il est un gros œil noir dans le béton hirsute

Un gros œil noir qui tourne en albugo

La nuit venue

Et m’éblouit

Et m’enchante.

 

(4 juillet 1967)

 

Dis Manouchka

 

Dis Manouchka,

Qu’as-tu fait de mon cœur ?

C’était un petit chevreau sauvage

Et jamais personne n’avait su le retenir.

Il se nourrissait de baies et de fleurs, nuées réjouies

Et aussi de chardons et de fruits acides et amers.

Il vivait libre dans le vent

Mais les soirs sans lune, dans son lit de bruyère, il rêvait.

 

Dis Manouchka, qu’as-tu fait de mon cœur ?

Un jour tu passas.

Mon cœur s’ennuyait sur la branche d’un orme.

Les rires et la valse des libellules

N’amusaient plus le solitaire oiseau.

Un jour tu passas…sous la branche où il rêvait.

 

Dis Manouchka, qu’as-tu fait de mon cœur ?

Le ciel était un manteau sombre tacheté de soleil,

Et je vis un ange qui emportait sous son aile mon cœur.

L’ange était doux, l’ange était beau

Et mon cœur amoureux se laissa entraîner.

 

Dis Manouchka, qu’as-tu fait de mon cœur ?

-Je l’ai mis dans cette cage dorée et je le nourris de baisers.

 

(7 août 1967)

 

Le chant des iris bleus

 

Comme des bateaux ivres, mille papillons vibrent

Dans l’azur

Et les iris bleus de la fontaine chantent.

 

Et puis les iris se taisent

Et les papillons se posent,

Tout n’est que silence, ou bruit d’eau

C’est l’instant où le sourire des amants éclot.

Ses lèvres brûlent ses lèvres et son corps entier,

Sa joue contre sa joue, et leurs sens éperdus,

De la nature si quiète font un immense brasier.

 

Et puis les iris se taisent

Et les papillons se posent.

C’est l’instant où les corps, un et un, osent,

Tout n’est que silence, ou petit pas de rose.

 

Mille papillons se lancent dans l’azur,

On dirait, regarde,  des bateaux ivres.

 

(sans date)

 

(sans titre)

 

Calfeutré dans le souvenir qui glisse sur le parquet

De ma chambre vide

Je contemple, émerveillé, le vol majestueux

Et candide

De mésanges lustrées,

Tes cils,

Freluches d’ombre,

Brindilles d’ébène,

Qui palpitent dans l’autan.

 

Une voix-légère comme la vapeur d’aurore,

S’élève d’un petit volcan rose recueilli

Et tes lèvres tressaillent,

Goujons  effarouchés.

 

Ton corps  à demi- nu sur le cresson mouillé

De ma rêverie qui glisse sur le parquet

De ma chambre vide

Est cette plage où mon désir aimerait s’ensabler

Et s’éteindre de bonheur.

 

J’aime tes cils qui me mènent à Toi.

J’aime ta voix qui me dit que Tu es Là.

 

(sans date)

 

(sans titre)

 

Promenade blonde,

Caresse de l’onde,

Ce livre vierge, cette écriture

Parfumée qui attend,

Deux regards qui se conjuguent,

L’écriture qui enlace la page.

 

Clarté d’extase, l’ombre se déchire,

Une main dénombre

Les mille et un attraits

D’une Vénus qu’elle dévoile.

 

Océan convulsé par la tempête

Des baisers. La nuit prend feu.

Promenade blonde,

Caresse de l’onde.

Mais l’écriture se courrouce,

Et biffe la page. Le temps

D’après a commencé.

 

(sans date)

 xxx

(Les textes qui précèdent ont été arrachés au grand Rongeur et Ogre que l'on nomme l'Oubli)

xxx

 

 

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