Il lui dit

Le marteau rebondit sur l'enclume. L'araignée se montra...

Il lui dit que diamants et mendiants serait une rime suprêmement vulgaire.

Il lui dit que seul le comédien qui a lu le scénario connaîtra la trouille.

Et il lui dit....Le marteau qui, par petits coups, écrasait le fer rouge sur l'enclume empêchait d'entendre.

Il lui dit qu'une mer sans tempête n'était pas une bonne mer.

Il lui dit que les oiseaux endémiques ne doivent pas disparaître.

Il lui dit qu'il y a des murs qui protègent et d'autres murs qui séparent.

Il lui dit que les musiciens et les poètes ne descendent pas d'un grand D. mais d'un petit pâtre.

Il lui dit que nous ne pouvons pas être tous les héros de nos fictions.

Il lui dit qu'un tailleur de vigne ne fait pas automatiquement un régicide.

Il lui dit que L'érotisme reste un très bon livre de Georges Bataille.

Il lui dit qu'ils font la guerre pour une nouvelle relève d'anciens-combattants.

Il lui dit que le pain d'aujourd'hui a perdu la saveur des blés d'or.

L'araignée s'affairait insensible aux sonorités. Même un Wagner n'aurait pu la perturber dans sa détermination.

Il lui dit que la position assise n'était pas la plus confortable.

Il lui dit que les montagnes aimeraient comme lui se dégourdir les pieds.

Il lui dit que tous les hommes devraient s'appeler Irène.

Il lui dit que rêver, explorer ce qui sépare l'utopie de l'eutopie, ça donne beauoup de vitamines.

Il lui dit qu'avec ou sans papiers, il faut se tenir prêt à être expulsé.

Il lui dit qu'il n'y a pas que des pêcheurs qui meurent en mer.

Il lui dit que l'inouï est ce qui sied le mieux à nos oreilles.

Il lui dit que L'origine de Thomas Bernhard ne peut le laisser indifférent.

Il lui dit qu'il y a un art qui mène l'émotion par le bout du nez et un autre qui la mouche.

Il lui dit que le silence souffre quand on le déchire.

Il lui dit que le vent sera toujours plus indépendant que lui même s'il épouse sa chatte.

Il lui dit que ce n'est pas en remplaçant l'i grec par l'i latin que l'on lèvera le mystère de la vie.

Il lui dit que de fraîches balivernes valent mieux que des théories pourries.

Il lui dit que les salles d'attente existent pour l'attente.

Il lui dit que les litanies ne sont pas les plus beaux des cantiques.

Et il lui dit

...tandis que l'araignée continuait à tisser...

Il lui dit que les comètes se contrefichent des plans que l'on fait sur elles.

Il lui dit que...

mais l'araignée venait de terminer son chef d'oeuvre, et avalait la petite bête, innocente, qui la regardait faire

_Qui a parlé à qui? demanda l'enfant. -Moi à Je, lui répondit- Il.

Sur l'enclume, tout prêt du marteau, était posé un objet forgé qui ressemblait à une clef. Fin de la saynète! Applaudissements non indispensables!

L'aumônier des Nuits blanches.

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