J'attends
Arracher à l’ombre
un pouce de silence,
Le ciseler
Jusqu’à sa larme d’extase.
....
Tendre au silence,
comme l'on tend l'arbalète
mais, empêcher le trait,
ne pas lâcher prise.
....
Silence,
de mes chairs,
la plus intime.
Voile
de mes blessures.
Le Pissatel
xxx
"A toi la solitude, à moi la mangeoire."
Cette vérité te plaît?
Prends-la!
Sache qu'elle n'est pas d'aujourd'hui.
....
Ne jamais congédier une erreur
sans parlementer une heure avec elle!
....
La seule singularité que l'on put
lui reconnaître, c'était de
puiser sans trembler
dans le pot commun.
Cela lui assura un bout
de postérité.
....
Avec quelle autorité et quelle grâce,
la mouette libre
se pose et se tient
sur la crête candide
et éphémère
des vagues.
...
Il leur dit
que tous les mauvais livres
devraient
redevenir
des arbres,
et retrouver leur fierté,
et leur élégance
de tendrons.
....
Vous pensez, sans rire,
que les fées ne sont goutte
responsables,
de la pollution de
nos cours d'eau?
Les fées, non je ne le crois pas.
Mais les conteurs,
les maladroits dompteurs
de merveilleux,
je ne dis pas.Il remit son feutre,
et rejoignit
ceux de l'autre rive.
Et des fées que pouvez-vous
m'en dire...
....
J'attends
que tu me dises
le mot,
et je m'inscris
aussitôt.
sur ton sillage.
....
Il fendit la pierre
et dans un éclat,
le coup avait été
prompt et brutal,
il se vit grimaçant,
tel un tyran
qui voit sa statue
se briser.
...
Ce fragment de vers m'assaille
"les rouges festins de la férocité",
il bourdonne, ne me lâche pas,
collé à moi tel un reproche
et je me mets en quête de l'auteur,
quête pénible,
à travers tant de Syrie (s),
d'avant-hier et de demain,
mais ce dernier me revient
à la mémoire et claque
comme une douceur de paix:
Milosz.
....
Que sais-tu de l'éternel féminin?
De bien brèves bribes, et datées! répondit le soleil.
....
Lorsqu'il se perd
au bord
d'un conseil moral,
il pense à son moine,
à sa tête penchée
sur le côté gauche,
à ses yeux silencieux,
à sa soutane démodée,
et à l'oie
qui pend, étranglée,
de sa main droite.
Non! Pas d'autre conseil
pour le marbre.
....
Tout était fête en elle,
pour elle,
autour d'elle,
fallait-il
lever une tempête
contre elle?
....
L'extra-lucide,
voleur de doute,
condamne-le au pain sec
et à trois grosses tranches d'obscurité,
et tu le verras
te réclamer son salut
dans un clair obscur bienvenu.
....
Tu te courbes, le vent t'emporte.
Tu te tiens droit. Il te respecte, et passe.
....
La femme la plus aimée par Picasso,
l'aveu est du maître et non d'un faiseur de biographie,
s'appelait Eva.
par Maigriot et Palôt
xxx
A quel âge,
mes amis,
devient-on
vieil enfant?
A quel âge,
de nouveau,
peut-on,
partout,
jouer aux billes
et aux osselets?
A quel âge
même si nos yeux
ont perdu leur bleu,
même si, quelquefois,
le soleil ne vient pas
dans la rue?
A quel âge,
mes amis,
dites-moi,
clairement,
au creux de l'oreille?
par Maigriot et Palôt
xxx
Je vous mets dans la confidence mais je ne vous interdis pas de me dénoncer. J'aime lire sous la plume de Frédérick Tristan écrit: "Mes personnages s'échappent toujours. Ils profitent de la nuit et se sauvent à légers pas de renard. (...)". Le livre que l'on venait de m'offrir, "Brèves de rêves", s'était ouvert page 110 (Est-ce parce que je suis gaucher, mon oeil s'est porté -comme happé- sur cette page 110, à gauche et non pas sur la page 111, à l'attraction généralement plus naturelle?). Un bref récit, poème en prose aurait-on dit naguère, commençait par ces deux phrases. Peut-être faut-il avoir connu, hors de la fiction, ds renards pour se laisser ainsi embarquer. Belle entrée de lecture, portant le N° d'ordre 93. Et, croyez-moi, le voyage en compagnie de ce Tristan vaut la peine d'être fait (des nuées colorées de surprises, bonheurs, et émotions) que vous le parcouriez à reculons du n° 93 au n°1 ou en avançant du n°93 au n° 200, ou en batifolant d'un numéro à l'autre, c'est du trésor à toutes les lignes. Style de grand rêveur, magie d'un magnifique trousseur de culture, nomade onirique, ludion critique. Un récit, une page, rarement plus. Le récit le plus court est condensé en deux lignes et un quart, et le plus long -ne l'appelez pas digression!- ne dépasse pas trentre lignes. Un collier de récits faussement naïfs et vrais, ou chimériques On a parlé de "bijou" à propos de ce livre. C'est vrai, mais on aurait pu aussi bien en parler comme d'un grand cru millésimé. (Pierre-Guillaume de Roux, 2012)
signé Le Pissatel
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