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Met Barran
30 mai 2013

Pixel Jaune

Arrivée et entrée, départ et sortie, allez on peut vous le dire à présent, quelques semaines avant le passage du bac, ne s'alimentent pas à la même source du pareil au même.

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On croit toujours que l'on pourra y échapper, qu'en passant entre deux gouttes on ne se mouillera pas un cheveu, mais les faits sont là, plus implacables qu'une statistique de l'INSEE, on se retrouve dans le coin des éclopés par la faute de ce caillou pointu qui a percé notre chaussure dont la semelle n'est plus tannée comme les bons cuirs d'autrefois qui sentaient bon la sauvagerie. Et, immobilisé dans ce coin des éclopés où l'on n'ose pas se regarder les yeux dans les yeux, il n'y a plus qu'une seule chose à espérer que le chirurgien en chef ne tarde pas trop.

xxx

Lancé pour TOUT dire, il n'en dit, gratuitement, que la moitié. L'autre moitié, que la première avait mise sur les braises du suspense, il l'a négocia en espèces sonnantes et trébuchantes...Et il nous tendit la main (où l'on vit bien qu'il y avait un gousset qui s'entrouvrait), le geste de la main était soutenu par un regard détrousseur qu'il braquait sur nous sans répondre aux sommations d'usage. Foin de diplomatie? Vous payez, je parle! Vous ne payez pas, je me tais! Nous grattâmes nos fonds de poches et nous nous exécutâmes. Il referma sa main, son regard s'allégea de toute sa poudre menaçante. Il parla. Nous étions, fascinés, au garde-à-vous. Enfin, nous allions savoir. Enfin, le suspense allait être balayé? L'espoir nous maintenait dans une fixité que le moindre poteau de bois ou de béton nous envierait. Il parlait. La seconde moitié était entamée...Nous comprîmes aussitôt qu'il parlait sans avoir rien à nous dire d'intéressant. Non, non, il ne bafouillait pas, il s'exprimait très intelligiblement. Ce n'était pas un politicien, mais un conteur, un bateleur. Il lui fallait tenir le crachoir (comme adorait dire belle-maman) jusqu'au bout de ce "second acte". Il le tint. Nous protestâmes alors de vive et collective voix. Il y était allé vraiment un peu fort; il ne nous avait pas amusés du tout. Sa confession (la moitié gratuite) comme son aveu (la moitié monnayée) auraient été déclarés, jadis, en Sorbone, pitoyables. Nous protestâmes durant au moins un quart d'heure, et imaginez l'impression que peut donner une tribu de de poteaux en colère. D'autres que lui auraient fui, moi-même je me serais enfui devant un tel démenti, une telle bronca, un tel rejet. Lui, pas. Comme si de rien n'était. Imperturbable, goguenard même, souriant, et oui avec franc sourire. Il y avait en lui la tranquillité de celui qui sait qu'il a tenu son personnage jusqu'au bout du rôle, de celui qui a obtenu gain de cause (et récolté les espèces sonnantes et trébuchantes dont il a rêve dès qu'il nous avait vus). Ainsi, satisfait, les poches pleines et clinquantes, comblé, il nous tendit la main. Comme l'on fait entre familiers, en prenant congé. Tous déclinèrent l'offre, excepté moi, tous refusèrent de la lui serrer (je veux dire que pas un ne condescendit, scrutant par parade un lointain, de dessouder sa main droite de sa tempe droite). Quant à moi, je l'ai prise et serrée en tant qu'auteur du récit ci-présent. Je l'ai fait avec amitié et reconnaissance. Ne m'avait-il pas fourni le prétexe de ce billet -vaille que vaille- et ne m'avait-il pas accompagné dans sa rédaction -e la nave va. Nous sommes ensuite partis, lui et moi, d'abord ensemble, dans une même direction, puis, au sortir du pont de la Bonne Farce, chacun a choisi de vaquer à ses propres affaires. Des siennes, je ne ne saurais rien dire. Les miennes se résumèrent à aller poster ce billet (souhaitons-lui bonne mer) au cybercafé du "Pixel Jaune".

Peter von Kroki

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