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Met Barran
25 février 2014

Deux Maghrébins

L'humour. Il faut le balancer avec pertinence et parcimonie. Lorsqu'il claque trop, il peut vous rapporter des avanies. A Perpignan, j'ai vu un de mes amis, nous attendions ensemble le départ du TGV, se faire insulter et prendre au collet... mais si...cela peut aller jusque là, j'y étais,  quand le mot d'humour n'est pas à son juste pesant d'or. Alors... vous allez nous le dire de quoi il est a été question. Oh! Il s'est agi...de propos en l'air, inspirés par les vents d'une campagne pré-municipale. Mais, allez-y donc, racontez, besognez, ne tournez pas autour du pot, ne vous faites pas prier...Mettez-nous au diapason, nous aussi on veut rire, si c'est risible. Risible, je ne sais, plaisant à peine, surprenant sans doute. Je me tâte encore, j'hésite, oui, car je sais qu'en ces temps se préparent des volées de bois vert. Je vous pardonne et absous d'avance. L'original s'est fait prendre au collet, pensez-vous que la copie qu'elle peut y couper? Faut-il croire que vous nous disputez notre accès à l'humour? Non..., rien de tout cela, mais je n'ose répéter ce qui, bien écouté, n'est certes pas un dérapage volontaire, mais une glissade un tantinet sémantiquement malveillante. On croirait un universitaire qui parle mais, rassurez-vous, ce n'est que le bruit de la pluie. Alors...tu te magnes, tu accouches? Accoucher, comment le pourrais-je puisque  ce n'est pas moi qui... enfante? Voyant qu'ils en venaient au main, une partie de la foule qui s'était attroupé s'est éloignée. A la saison du battage mieux vaut se tenir à l'écart de l'aire, vous connaissez la chanson. Tu vas parler, oui! Tu dégoises, ou l'on te fait ta teuf! Je me suis senti menacé, j'ai reculé de deux pas et j'ai, d'un geste aussi déterminé que sec, brandi le bébé. Je leur ai montré le bébé. Je ne vous le décris pas. Vous le voyez. A vous d'en déterminer le poids, la taille...et la clef de sol de ses premiers vagissements. On voit rien, pignouf, raconte, dis-nous comment ça s'est passé. J'y arrive, poussez pas...Ah! Bon...Il était temps. A l'heure de la vitesse des TGV, il est interdit de trop lanterner. Ou alors on gâte le bon mot, on gâche la chute. L'humour c'est de la crème renversée, mais il y faut du talent si l'on ne veut pas qu'elle finisse en tarte sur notre tête. Voilà, voilà...attendez cependant que je m'essuie les joues. Nous n'avons pas vu arriver le train. Avant, aucun train n'arrivait en gare sans ses émissaires fumeux en gare et sa cantate sifflée, aujourd'hui c'est bien différent....Tous les prétextes lui sont bons pour nous frustrer de notre pinte d'humour. Jaune, noir, ou rouge sang, on prend: le rire est le propre de l'homme, sinon de tous les animaux et de toutes plantes...Tiens, à présent, il déraille. Alors, ça vient? A force ça -et toi, plus que ça- devient chelou. Écoutez, écoutez-moi, cette fois je suis sur la voie, c'est la bonne. Mon ami, celui qui a subi le jet d'insultes et qui s'est fait prendre au collet, que j'ai arraché au lynchage - c'est mon exploit d'une journée à marquer d'une pierre blanche- venait de lâcher, convaincu d'avoir reçu un cadeau des Intelligences Célestes...il s'adressait à moi dans sa voix haute et sonore à condamner tous les larsens à l'oubli...il venait d'ouvrir son clapet à citations pour la postérité dont il se croyait le seul à détenir le secret et lâchait (pour m'amuser, j'étais habituellement son unique public) à ses risques et périls d'être entendu (et il le fut):  Dans notre ville, ces prochaines municipales, au moins deux candidats maghrébins vont se disputer l'écharpe tricolore d'un pays à la faixa sang et or. Ah! bon qu'est-ce qu'il veut me dire. Un peu obscur son message. Je lui demande d'être plus précis et de me donner -comme on le fait généralement dans ce genre d'affaire- des noms. Il me les donne. Mais n'ayant pas son aval, je ne vous donne pas... Tu veux parler de rapatriés, de pieds-noirs... Non, me répond-il, de maghrébins. Il insiste, se jetant furieux dans mes yeux, le maghreb, c'est bien... une région géographique, non...et celui qui qui naît dans une région est de cette région, et cette région lui donne son nom.  Les Lorrains -de Lorraine, le Poitevins -du Poitou, les Dauphinois -du Dauphiné, les Picards -de Picardie...et donc les Maghébins -du Maghreb. Tandis qu' avec sa voix de haut-parleur, il me mettait les points sur les "i" de nigaud ignorant tout ce qui est hors de l'hexagone, une foule s'est formée, s'est déplacée puis s'est attroupée autour de nous. Rapatriés, pieds-noirs, maghrébins....Et, à son tour, la foule a voulu savoir, et elle a voulu en savoir plus, s'attachant à ce que soit  rendu public ce qui n'était que privé. Que le Maghreb existait bien avant 1962! Mon ami, nullement décontenancé par son subit rayonnement, et plus débraillé qu'à notre arrivée en gare, en cette journée doucette de mi-février 2014, était tout à son bonheur de parole et à son ivresse de propagandiste (aucun humoriste, messieurs dames, ne fait de l'humour pour rire, il a toujours quelque arrière-pensée politique, apolitique, impolitique). Mon ami -il l'était et l'est resté- n'a pas vu qu'il ne faisait pas rire, qu'on s'armait et commençait à lui jeter des insultes, que l'on se rapprochait plus encore de lui, supportant les salves d'embruns de son discours afin de mieux pouvoir le saisir au collet. Je l'ai arraché sans mal (c'est vrai que ma toute neuve ceinture noire de judo m'a prêté main forte dans mon acte héroïque) à son délire et à la plèbe menaçante des sans-humour. Le TGV était à quai. En route vers les 23 et 30 mars. L'humour: Il faut le balancer avec pertience et... parcimonie. Mais...on n'est pas seul juge!

Louiset Marche-Pied

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